
An. 504.
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Sainte Anyfie , S.
Pemetrius.
A c la ap. Sur. 3 o.
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4 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
c’eft dans la pieté envers Dieu que je perfifte. Le gou»
verneur aïant demandédupapier , écri-vit cette fenten-
ce contre elle : Puifque Irene n’a pas voulu obéir aux
ordres des empereurs & immoler aux d ieu x , qu’au
contraire elle perfevere encore à prçfent daus la religion
des chrétiens : J ordonne qu’elle iera prefentement brûlée
yive , comme Tes deux foeurs l’ont été.
Le gouverneur Duke t ius aïant donné cette fentence;
les foldats Te faifirent d’ Irene, la menèrent en un lieu
élevé ou Tes deux foeurs avoient fouffert le mar tyre; &c
aïant allume un grand b ûche r , ils lui commandèrent
de monter deifus. Sainte Irene chantant des pfeaumes
& célébrant la gloire de Dieu fe jetta dans le bûcher,
& y fut confommée le vingt-cinquième de Mars l'an
304.
Dans la même ville de Theifa lonique, i f vint en pen-
fée à une vierge chrétienne nommée Any f ie d’aller à
l’aifembléedes fideles. Comme elle paifoit par la porte
de Caffandre , il s’excita un tumuke parmi le peuple.
U n des gardes de l ’empereur l ’aïant vue fut épris de fa
beauté. Il alla au-devant d’elle, & lui dit : Demeuredà,
où vas-tu ? Anyf ie voïant fon infolence, & penfant à
la tentat ion, fit fur fon front le ligne de la croix. Le
jfoldat fe trouvant oftenfé de fon lilence,la fa i f i t& lui
demanda rudement : Qui es-tu : où vas-tu f J e fuis,dit-
elle,fervante de J . C .& je vas à l’aifemblée du Seigneur.
J e t’empêcherai bien,dit-il,d’y aller, je t’emmenerai fa-
crifier aux dieux ; car nous adorons aujourd’hui le fo-
k i l : les païens nommoient le dimanche le jour du fi>
leil. En difant cela il lui arracha le voile pour découvir
fon vifage. An y f ie tâcha de l’en empêcher , & lui dit
en lui foufflantau vifage : Va ,mi fe rab le , J .C. tepunira.
Le foldat emporté de colere,tira ion épée, qu’il lui paifa
au travers du corps par le côté. Elle tomba auffi- tôt par
terre , tremblante & palpitante , baignée de fon fang.
On compté plufieurstautres martyrs à Theifalonique
pendant cette perfecution ; le plus, illuftre de tous eft
S. Demetrius. Il fut arrêté par ceux qui étoient députez
pour prendre les chrétiens. L ’empereur Maximien
Galer ius , qui étoit à Thei fa lonique , alloit à l’amphi-
theatre voir les g ladiateurs, comme il en étoit proche
on lui prefenta Demetrius ; aïant appris que c’étoit un
chrétien , il commanda qu’on le gardât là auprès.en
un bain public , & alla voir les combats. Il y avoir un
gladiateur nommé Lyéus que l’empereur aimoit f o r t ,
& qui paifoit pour invincible. L ’empereur promit une
grande recompenfe à celui qui oferoit le combattre.
Un jeune homme nommé Neftor fe leva des degrez
d’en haut & accepta le combat , quoique l’empereur
l ’en voulût détourner. Il donna à Lyéus un coup mor tel
, dont il tomba fur le champ, & l’empereur en eut
un tel dépit qu’il fe leva fur l’heure , & retourna tout
chagrin â fon palais, fans rien faire donner à Neftor .
On le fit fouvenir de Demetrius, & dans fa colere, il
commanda qu’on le perçât à coups de lance au même
lieu où on legardoit. Quelques hommes pieux vinrent
de nuit en cachette enlever le corps du ma r t y r , avec la
pouifiere & la terre où il é to i t , & le conferverent.