
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
dronic dit : Je t’en prie , fais-moi couper les lèvres &
la langue , ou tu crois que j ’ai reçu tes abominations.
Maxime dit : Quoi donc infenfé , jufques à quand te
laifferas-tu tourmenter, voi que tu en as goûté,'comme
K p Andronic dit: Malheur à toi, infame tyran, &
a ceux qui t ont donné cette puiffance , je ne goûterai
jamais de tes facrifices impies. Tu Verras ce que tu as
fait contre un ferviteur de DicU; Le gouverneur dit
Méchant , tu maudit nos princes, qui nous ont pro»
cure une,fi longue paix ? Andronic dit .'Jai maudit, &
je maudis ces peñes & ces fangfuës, qui renvetfent le
rhonde. Que le Seigneur avec fon bras puiifmt les confonde
&¿ ks perde. Legouverneur dit : Mettez un fer
dans fa bouche, détachez-lui les dents, & coupez fa
langue blafpheme,afin qu’il apprenne à ne pas injurier
les empereurs. Emportez fes dents & fa langue ; brûlez-
les ce les reduifez en cendres, que vous femerez par tout;
de peur que quelqu’un de cette religion impie, ou quelque
femme ne les recueille pour les emporter & lesgar-
der comme quelque chofe de pretieux , de faint ; pour
lui remenez le Se le gardez dans la prifon, pour être
expofe aux betes avec fes compagnons au premier
combat.
DcmJrrombat Apres que les martyrs eurent été ainfi interrogez
des martyrs. pour la troifieme fois ; Maxime appella Terentien pontife
de Cilicie , & lai ordonna de donner le lendemain
un fpeétacle de betes a tout le peuple de'la ville. Auf-
iî toc Tercnrien donna ordre à ceux qui gouvernoient
lés betes de fe tenir prêts. Dès le grand matin toute la
ville jufques aux femmes & aux enbns,forrit pour aller à
1 amphithéâtre, qui étoitenviron à un mille. Quand il
fut rempli de peuple, Maxime y vint & aififta aux fpec-
tacles. Après que les jeux eurent duré une partie du
jour, comriie il y avoit déjà plufieurs hommes par terre,
tuez ou par.les gladiateurs ou par les bêtes: Maxime en-
voïa tout d’un coup des foldats pour amener les martyrs.
Lefeu & les autres tourmens les avoient mis hors
d’état de marcher; ainfi les foldats furent contraints de
les apporter. Qielques chrétiens qui les obfer voient fe-
cretement pour être les témoins de leur combat, fe mirent
alors fur une montagne voifine, & s’étant affis entre
des rochers, ils priojent avec des larmes & des fou-
pirs. Quand les martyrs furent apportez au milieu de
l’amphitheatre, il s’éleva un grand murmure parmi le
peuple. Plufieurs étoient indignez de leur condamnation
injufte ; plufieurs pour ne point voir ce fpeéfacle ,
fe ietirerent difant des injures à Maxime. H donna ordre
de marquer ceux qui s’en alloient, & de les citer
devant lui le lendemain , pour les condamner.
On lâcha plufieurs bêtes, qui ne toucherentpoint
aux martyrs. Maxime s’en mit fort en colere. Il fit venir
le gouverneur ; lefit foüeter, & lui dit aveedegran-
des menaces : Si tu as quelque bête bien furieufe, lâche
la promptement contre ces criminels. Celui ci tout
tremblant lâcha une ourfe, qui aVoit déjà tué trois hommes
ce même jour. Quand elle fut proche ; elle paffa
pardeffus les autres & courut à Andronic, puis elle s’af-
fic auprès de lui & léchoit fes plaies. Andronic mettoit
fa tête fur elle & s’efrorçoir de l’irriter, pour fortir plutôt
de la vie ; mais l’ourfc demeura couchée auprès de
lui. Maxime en colere la fit tuer, & elle fut égorgeeaux
p eds d’Andronic. Terentien lç pontife craignant que
Maxime ne s’en prit à lui-même , commanda de lâcher
un lione,qu’Herode pontife d’Antioche lui avoit
envoïée. Quand elle parut elle fit trembler les fpeéta-
tcurs par fon rugiffement & le grincement de fes dents;
T t t n j