
XLII.
Saint Cyprien
fufpenJ la re-
conciliarion des
apoftacs.
Epift. 14./..Î.
1 9 6 H i s t o i r e E c c l é s i a s T i q u t .
on trouva leurs corps long-cems après , on les appelle
les fept Dormans.
S. Cyprien étoit toujours dans fa retraite-, 8c quoiqu’il
femblât neceifaire d’en fortir, pour remedier avec
le confeil de fon clergé aux défordïes, particulièrement
de ceux qui étoient tombez, il jugea toutefois plus
à propos de demeurer encore caché : 8c cela par le confeil
de Tertullus, à qui il les renvoyé pour apprendre le
détail de fes raifons. Il les exhorte d avoir foin des pauvres
qui étoient demeurez fermes , particulièrement
des confeffeurs qui étoient fortis de prifon. Sur tout il
recommande quon lesinftruifedeladifcipline,8cquoa
les exhorte à êcre humbles, modeftes 8c paiiîbles. Car
j ’apprends, dit-il, avec douleur,que quelques-uns fe promènent
infolemment, s’occupent de ehofes vaines, 8c
fement des divifions : qu’ils profanent par des conjonctions
illicites les membres de j . C. même après l’avoir
confeifé : que les diacres 8c les prêtres ne peuvent plus
les gouverner : 8c que ce peu de mauvais confeffeurs
femblent par leur conduite déréglée, travailler à ternir
la gloire d un grand nombre de bons. Il ajoute à la fin :
Q ja n t à ce que m ont écrit nos freres les prêtres Donat
8c Fortunat, Nov at 8c G c rd iu s , je n’ai pû y répondre
fe u l, parce que dès le commencement de mon épifeo-
pat, j ’ai réfolu de ne rien faire de mon ch e f, fans votre
avis 8c le confentemenc du peuple. Mais quand Dieu
m'aura fait la grâce de retourner avec vous, nous traiterons
enfemble des choies faites ou à faire; comme le
refpeèt que nous nous devons réciproquement nous y
oblige. Te lle étoit la déference des faints évêques pour
leur c le rg é , 8c même pour tout le peuple fidele.
Cette affaire, dont Les quatre prêtres avoient écrit à
S. C y p r ien , 8c dont il différé la réfolution, étoit peuc-
L i VRe s i Ici e* i i e.' 197
êtré le rétabliffemenc de ceux qui étoient tombez. Ils
étoient en grand nombre en cette églife: c’étoitla plus
grande partie du peuple, 8c une partie même du clergé.
Saint Cyprien a'pprit qu ils follicitoient les martyrs 8c les 2i - l0-
confeffeurs, pour obtenir des lettres de recommanda-
tion;enforte qu’il s’en donnoit tous les jours des milliers,
contre la réglé. Car c’étoit un ufage reçu dans l’é g life , T<t'
que les pécheurs avoient recours aux martyrs 8c aux
confeffeurs, ôc qu’à leur recommandation on abregeoit,
ou on adouciffoit leur penitence .; & leur réconciliation,
à l’églife étoit plus facile. O n ap p e llo it, à proprement
p a rle r, martyrs, ceux quiavoient foufferc des tourmens;
Ôc confeffeurs , ceux qui avoient feulement confefié la
foi publiquement ; mais dans Fufage on confondoic
quelquefois ces noms. Saint Cyprien ayant donc appris
ce defordre , écrivit trois lettres : la première aux martyrs
8c aux confeffeurs : la fécondé aux prêtres 8c aux
diacres :1a troifiéme aux laïques qui étoient demeurez
fermes; SC marqua que chacune devoit être lûë à ceux
à qui s’adreffoienr les deux autres. La lettre aux martyrs
8c aux Confeffeurs portoit :'
Le devoir de notre charge nous oblige à vous avertir
que vous, qui avez gardé la foi au Seigneur avec tant
de courage, devez auifi être les plus zelez à garder fa
loi 8c fa difeipline. J ’avois cru que les prêtres 8c les
diacres qui font préfens, vous inftruiroient pleinement
des réglés de l’E v an g ile , comme il a toûjours été pratique
fous nos prédeceffeurs ; que les diacres alloient à
la prifon , 8c réglaient les defirs*des martyrs. Mais j ’ai
fenti une grande douleur, d’apprendre qu’au lieu que
Vous m’avez écrit avec précaution, avec refpeèt, d’examiner
vos demandes , 8c d’accorder la paix à quelques
uns de ceux quifont tombez,quand laperiecution
Bb iij.