
XXII.
Comirrence-
mcns de S. Cy*
prien.
C.ybr» epift. 55.
ad Gowel.
Cypr• *4 Donat,
init.
1 5 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Vers le même cems, ou un peu devant, il y eut auffi
en Afrique un concile de quatre-vingt-dix évêques,
dans la colonie de Lambefe , où Privât heretique fut
condamné 5 & il fut notre en termes très-feveres par les
lettres du pape Fabien & de Donat évêque de Cartha-
ge. A Donat fucceda Cyprien , homme d’un grand ef-
p r it , cultivé par la philoiophie & les belles lettres ; il
excelloit principalement dans l’éloquence , & l’avoit
long-tems enfeignée publiquement. Il étoit né payen,
& ne feconvertit à la foi qu’après avoir meurement délibéré.
Il me fembloit très-difficile , d it-il, de renaître
pour mener une vie nouvelle % & de devenir un autre
homme, gardant le même corps. Comment peut-on ,
difois-je , dépoüiller tout d’un coup des habitudes enracinées
& endurcies, qui viennent, ou de la nature même
de la matière, ou d’un long ufàge entretenu juiques
à la vieillefTe ? Comment apprendre la frugalité, quand
on eft accoûtumé à une table abondante & délicate ?
Comment celui qui a paru vêtu de riches étoffes , brillant
d’o r& de pourpre , s’abaiffera-t-il à un habir fim-
ple & vulgaire PiQuand on çft accoûtumé aux faiiceaux,
aux honneurs & à une grande foulé d’amis & de cliens,
ôn ne peut fe refoudre à la vie privée, on compte pour un
fijpplice d’être ièul. Je me parlois ainii ibuvent à moi-
même , & defèfperant de trouver mieux, j’âimois le mal
qui m’étoit comme naturel. Mais quand l’eau vivifiante
eut lavé les taches dema viepaiTée, & que mon coeur
purifié eut reçû la lumière' d’cnhaut & l’efprit celeftë ;
je fus étonné que mes doutes s’évanouirent, tout fut
ou v e r t, tout lumineux , je trouvai facile ce qui m’a-
voit paru impoffible ; enforte que l’on pouvoit recon-
noître que ce qui.étoit né félon la chair, & vivoit fujet
au crime, yenoit de terre, & que ce que le S. Efprit anb
- moit
Lit SI. lib• v. inft.
c. 1. in fi.
L i v r e s i x i e ’m e .’ i j j
moit, venoit de Dieu. Vous le favez affurément , &
vous reconnoiffez avec moi ce que nous a ôté cette
mort des crimes, qui eft la v ie des vertus. Ainfiparloit
Cyprien écrivant à un ami.
Les payens furent extrêmement choquez de fa con-
verfion; il y en eut qui le_nommerent par mépris Co-
prien, par une froide illufion de fon nom au mot de grec,
qui fignifie du fumier; & ils lui reprochoient quay ant
un bel efprit & propre à de grandes chofes , il s’étoit
abaifl’é à croire des contes de vieilles. Ce fut un prêtre
nommé CeciHus qui le convertit : Cyprien le regarda
depuis comme fon pere, & prit fon nom avec celui de
Thafcius qu’ii portoit dé jà , en forte qu’on le nommoit
Thafcius-Cecilius-Cyprianus. L ep rê treC e c ilien le re -
gardoit auffi comme ion meilleur am i, & en mourant il
lui recommanda fa femme & fesenfans.
Cyprien incontinent après fa converfion , diftribua
aux pauvres les richeffes qu’il avoit acquifes pendant
long-tems , & qui étoient grandes ; pour cet effet il
vendit fes terres, & même des jardins qu’il avoit près de
Carthage. Il embraffa la continence parfaite ; il prit un
habit de philofophe, & tout fon extérieur étoit grave &
rnodefte , quoique fans affeébation. Il lifoit l’écriture
pour la réduire en pratique, & difoit que quand Dieu
loue quelqu’un , il faut chercher en quoi il lui a été
agreable, & l’imiter en cela. Entre les auteurs ecclefiaf-
tiques il eftimoit particulierementTertullien,il ne paffa
jamais de jour fans en lire ; & quand il demandoit à
un jeune homme qui écrivoit fous lui,il difoit : Donnez-
moi le martre. Dans ces premiers terns de fa -converfion
, il écrivit à Donat fon ami qui avoit été baptifé
avec lu i, une grande lettre fur le mépris du monde ôc
ht grâce de Dieu; l’on peut rapporter au même terns
Tome 1 1 . y
Pont* Cjpr, etÀ
Donat. .
Hier. Scvip, ix.
Tertull,
§ ? !
1 1