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fhie,
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i 4 H l STO ÏRE ECCL E S IAST i q u e ;
tjeo. L’innocence eft pournous une neceffité ; nous la
connoiffons parfaitement j l’ayant appriiè de D ieu , qui
eft un maître parfait, Se nous la gardons fidèlement ,
comme ordonnée par ce ju g e , que l’on ne peut mé-
prifer,
Quelques uns ne pouvant nier la vertu des chrér
tiens, difoient qu’elle n’avoit rien de divin , fie que
c ’étoic une efpeçe de pfeilofophie. 'J ’m u llien fait donc
vo ir la différence dçs philofophes fit des chrétiens , premièrement
pour la fcience, en ce que chez les chrétiens
le moindre artifan connoîtDieu,8i le fait connoître
aux autres, au lieu que Platon d ifo it , qu’il eft difficile
de trouver l’auteur de l’univers, 6c encore plus difficile
d’en parler devant le peuple. Enfuite pour les mqeurs,
il fait voir p arles exemples des philolophes les pi us fameux
, l’avantage des chrétiens fur eux, en toutes les
vertus, la chafteté, la mode ftie,l’hnmilité, patience,
la fidélité, la fimpliçité , la douceur. Toute la fageffe
eft venue des Prophètes fic des faintes écritures, que les
philofophes ont corrompues, comme ont fait depuis
les heretiques fortis d’entre eu x , fit ce que les poètes fie
les philofophes avoient emprunté des dogmes de la
yraye religion , comme le jugement, le paradis, l’enfer,
ne fervoic qu’à en diminuer la créance.
Ces dogmes ne font traitez de préjugez que chez nous ;
chez les philofophes fic les poctes, c’eft une fcience rare,
ce font d’habiles gen s , nous des id iots, on les honore,
on fe moque de nous, fie qui pis eft , on nous punit.
Quand nos opinions feroiept fauffes fie impertinentes ,
du moins elles font utiles, puifqu’elles nous rendent
m e illeu r s ,& dès-là elles ne font plus impertinentes.
Mais quand elles le feroient, du moins elles ne nuifent
à perfonne -, s’ilfa llo it les punir, ce feroit parla moque-
L i v r e c i nqjçj i e ’ m ê : ay
ï i e , non par le fe r , le feu , les croix fie les bêtes. C e n ’eft
pas feulement la populace qui fe réjoüit de cette injuf-
ticejquelques-uns de vous s’en fervent pour flater le peup
le , fie en tirent de la gloire , comme fi cette puiflance
que vous avez fur nous, ne dépendoit pas de nous ; affu-
rément je fuisChrétien; parce que je veux l’être.De quoi c. }0.
donc vous plaignez-vous, dira-t-on, puiique vous voulez
fouffririNous aimons les fouffrances comme on aime
la guerre; on ne s’y engage pas volontiers, àcaufe des
allarmes fie des périls ; mais on combat de toute fa force,
fic on fe réjouit de la vi&oire. Vous avez beau nous reprocher
les fagots de farment fit les pieux où l’on nous
attache, ce font des ornemens de notre triomphe.
Vous nous traitez de d efefperez, à caufe du mépris de
la mort , qui a couvert de gloire S c e vo la ,R e gu lu s , Em-
pedocle, Anaxarque fie tant d’autres, parce qu’ils font
morts pour leur patrie, pour l’empire, pour l’amitié ; il
n’y a que de mourir pour Dieu qui vous paroît une folie.
Mais tourmentez-nous tant qu’il vous plaira, votre in-
juftice eft la preuve de notre innocence, Dernièrement
condamnant une chrétienne à être expoiée dans un lieu
infâme , vous avez reconnu que nous craignons l’impureté
plus que tous les tourmens, fic que la mort même.
Et toutefois votre cruauté la plus rafinée ne gagne
rien ; nous multiplions à meiure que vous nous moiflon-
nez ; le fangdes Chrétienseft une femenceféconde. Plu-
fieurs de vos philofophes ont écrit des exhortations à
fouffrir les tourmens fie la mort ; mais les aéiions des
Chrétiens font plus d’effet que leurs difeours. Cette obf-
ti nation même que vous nous reprochez eft une inftruc-
tion ; en la voyant on eft ébranlé, on veut en penetrer
la cau fe , on s’approche , on defire de fouffrir pour fe réconcilier
à Dieu , pour racheter piar foo frng le pardon
Tome 11. D