
3 îo H i s t o i r e E c c l e s i a s t î q u e ,'
tion , pour faire mourir ceux qui leur étoienc prefen-
tez ôc confifquer leurs biens. Il en donna avis à (on clergé
, non pas au (II-toc, mais quand il put ; parce que tous
les clercs qui étoient auprès de lu i , n'attendant que
l’heuredu*combat, ne pouvoient s’écarter. Il pria que
l’on fît part de ces nouvelles aux autres é v çq u e s , afin
que par tout ils puffent préparer les fideles au martyre-.
En forte , d it-il, que chacun de nous penfe plus à l'immortalité,
qu’à la mort.
Le proconful Galere Maxime avoit fuccedé à Afpafe
Paterne, 5c on n’actendoitque le jour où il envoyeroit
prendre faintCyprien. Grand nombre de fenateurs ôc
d’autres perfonnes confiderables par leurs charges 8c
par leur naiifance,le venoient trouver; 5c pouffez par
l’amitié qu’ils lui portoient depuis long-tems, lui con-
feilloient de fe retirer ailleurs, 5c luioffroient des lieux
de retraite. Lui qui netenoitplus au mpnde, n’y voulut
point confentir ; mais il ne perdoit aucune occafion
d’affifter les fideles, 5c de les exhorter au mépris des
fouffrances temporelles ; ôc il fouhaitoit que quand il
fouffriroit le martyre, ce fût en parlant de Dieu. Toutefois
ayant appris que le proconful, qui è toitàUtique ,
avoit envoyé des foldats pour l’y amener ; il, céda au
confeil de les meilleurs amis, 5c le retira de fon jardin,
dans un lieu où il écoit plus caché. De là il écrivit fa der-
niere lettre adreffée aux prêtres, aux diacres ôc à tout le
peuple de fon églife. Il leur rendit cette raifon de fa retraite
; qu’il convient à un évêque de confefler le Seigneur
dans la v i lle , où il gouvernoit l’églUe. C a r , dit-
i l , ceq u e l’évêque ditaumomencdefaconfeflion. tout
fon troupeau fe femble dire avec lui. Ce feroit flétrir
l’honneur d’une églife auifi glorieufeque la notre, fi je
reçevois à Utiquemafentence; ôc fi j ’en partois pour
aller recevoirl'acouronne dumartyre, auifi ne cédai-je
point de defirer ardemment 8c de demander dans toutes
¡nés prières, que jeconfeffechez vous le Seigneur, pour
vous ôc pour moi, 8c que j ’en parte pour aller à lui. Et
enfuite : Quant à vous, mes freres, obfervez la difcipli-
ne; ôc fuivant les préceptes du Seigneur 5c les inftruc-
tions que je vous en ai fi fouvent données dans mes fermons,
gardez le repos 5c la tranquillité. Qu’aucun de
vousnefaffe de bruitàcaufe de nos fré té s , ou nefe pre-
fente de lui-même aux payens ; il fuific qu’ilyparle lo rs qu'il
fera-priê, puifqu’alors c’eft le Seigneur qui parle en
nous. Ainfi parloit S. Cyprien dans (a derniere lettre.
Le proconful étant revenu àC arthag e, faint Cy prien
auifi retourna à fon jardin. Comme il y étoit le treizième
de Septembre , tout d’un coup vinrent deux officiers
du proconful, le prince ou cnefde fa compagnie,
ôc le maréchal des logis avec des foldats. Ils penfoient
le furprendre, mais il s’attendoit à être pris, ils le firent
monter dans un chariot au milieu d’e u x , 5c le menèrent
à un lieu nommé Sexte; à fix milles de Carthage fur la
mer, ôc dans le diocefe où le proconful s’étoit retiré ,
pour recouvrer fa fanté. S, Cyprien y alla avec un v ifage
gay Sc un courage ferme , fe tenant affuré de fon martyre
; mais le proconful le remit au. lendemain. On le
ramena du prétoire au logis du prince des officiers ,
dans la rue de Saturne, entre celle de Venus ScdeSalus.
Cependant le bruit fe répandit par toute la ville de
Carthage , que Thafcius Cyprien avoit eré mene au
proconful. Comme il étoit connu de tout le monde „
principalement par fes bienfaits, un grand peuple accourut
au fpeéïacle ; les fideles pour fortifier leur foi ,
les infidèles par compaffion. La multitude étoit grande
à- proportion de la grandeur de Carthage : qui ne cex
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Martyré de Sw
Cyprien.
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