
i j 4 H i s t o i r e E g c l b s i a î t i q j j e .
le traité de la vanité des idoles, qu’il compofa appâ^
remmentpour fe confirmer dans la foi.
rom. p_a vertu ¿ e Cyprien fit qu’étant encore neophyte ,
il fut élevé à la prêtrife par une difpenfe de la réglé marquée
par S. Paul. Peu de tems après Donat évêque de
Carthage étant m o r t , tout le peuple fidele s’empreflaà
le demander. Il fe retira humblement, cédant aux plus
anciens cet honneur, dont il fe jugeoit indigne ; mais un
grand nombre de freres affiegeoitfa maifon, 8c en ob-
fervoit toutes les ifluës ; les autres l’attendoient avec inquiétude,
8c eurent une grande joye quand ils le virent
cypr. efift. jj. venir. Il fut donc élu évêque de Carthage par l’ordre
de D ieu , par le jugement des évêques tout d’une v o ix ,
8c avec le confentemenc du peuple, l’an de J . C. 248. Il
y eut feulement quelque oppofition de la part de cinq
prêtres, fuivis de peu d’autres pérfonnes. Cyprien leur
pardonna, avec une bonté qui fut admirée de tout le
monde, 8c les traita comme fes meilleurs amis. Dans fon
épifcopat il montra beaucoup de pieté , de charité , de
juitice 8c de vigueur. Une relie fainteté éclatoit fur fon
v ifa g e , que l’on ne pouvoit regarder fans refpeèt ; fa
gravité étoit mêlée de gaïeté ;c e n ’étoit ni une feverité
t r ille , ni unecomplailance exceiïive ; on ne favoit ce
qu’on lui devoir déplus, de l’amour ou de la vénération.
Son extérieur étoit modéré comme fon vifage , on n’y
vo yo it ni fafte feculier, ni pauvreté affeètée. Il avoit un
très grand foin des pauvres.Tel fut Cyprien dès le commencement
de fon ép ifcop a t, 8c dcflors il prit la refo-
lution de ne rien faire fans le confeil de fon clergé , 8:
la participation de fon peuple. On croit que ce fût en
ce premier tems qu’il écrivit le traité de la conduite
¿es vie rg e s , 8c l’on pourroit y rapporter les lettres à
Pompone, 8c à l’églife de Furnes, dont nous parleaa,
L,orn»
Cypr. epifl, 4?»
ad p leb»
A n , 248.
Hont.
€ypr, tpifl, 6.
1 1 . 28.
L i v r e s i x i e ’ m e . i j j
ionsen fuite; car on n’en fçait pas le tems.
L ’églife étoit alors en paix par tout l’empire fous le
regue de Philippe Chrétien, ou du moins favorable aux
Chrétiens; toutefois à Alexandrie il y eut cette même
année 2.48. une perfecution particu!iere. Celui qui en
fut l’auteur, quel qu’il fû t , iembloit deviner la perfecution
générale, qui fuivit un an après. Le peuple infidèle
excité par cet homme, dont on ne fçait pas le nom,
croyoit ne pouvoir faire un plus grand aèfce de religion,
que de tuer des Chrétiens. Ils prirent d’abord un v ie illard
nommé Metras, ou Matran, à qui ils voulurent
faire dire des paroles impies ; 8c n’ayant pû l’y obliger ,
ils, le frappèrent à coups de bâton par tout le corps , lui
picquerent le vifage 8c les yeux avec des rofeaux pointu
s , 8c l ayant tiré au fauxbourg, le lapidèrent.
Enfuite ils menèrent une femme nommée Cointa ,
ou Quinta, à un temple d’idoles, la voulant contraindre
à les adorer ; 8c comme elle le refufa avec horreur , ils la
lièrent par les pieds, la traînèrent par toute la v ille fur
Je pavé très rude, la froifferent contre de grandes pierres,
8c enfin la menèrent au mêmelieuquele premier,
ou ils la lapidèrent. Après cela ils fe jetterent tout à la
fois drns les maifons desfideles; chacun menoit en diligence
celui que le voifinage lui faifoit connoître, ils
pilloient 6c enlevoient cout, détournant les meubles
précieux, 8c jettant ce qui valoitmoin s, commecequi
n’étoir que debois pour le brûlerdans les ruës.Oncroïoit
voir une ville prife par des ennemis , les fideles fe ca-
choient 8cfe retiroient,fouifrantave cjoye la perte de
leurs biens •, à peiney en eut-il un qui reniât fa foi.
Les payens prirent entre les autres , Ap ollonia, ou
Ap olline, vierge d’un grand âge8c d une vertu admirable.
Ils lui donnèrent cant de coups fur les mâchoires
V ij
cp, r . inf. n* i
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Martyrs à Al
xandrie. Sain
Apolline, &c*
Euf, y i . c.