
éÀÉ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
qui avoienr été arrêtez peu auparavant par leurs pa-
rens , pour avoir renverfé un autel de Diane ; & qu’il
avoit délivrez avec beaucoup de peine & de dépenfe.
Ils lui rendoient grâce, comme au bienfaiteur commun
de tous lesTiffligez. Il les pria de manger avec lui, pour
continuer enfuice leur voïage ; & ils s’aflirent enfemble
fur l’herbe près d’une caverne, au bord du fleuve, à
deux ftades du bourg, en un lieu orné de toutes fortes
de fleurs, & environné de beaux arbres, d’où les oifeaux
fe faifoient entendre. Theodote envoïa quelques-uns
de fes compagnons au bourg inviter le prêcre de manger
avec eux , & leur faire lesprieresordinairesdes voïa-
geurs. Car autant qu’il pouvoir, il ne mangeoit point
fans la benediétion d’un prêtre. Ceux qui étoient envolez
trouvèrent le prêtre qui fortoit de l’églife après la
priere de l’heure de Texte. Il leur demanda s’ils étoient
chrétiens , & les pria d’entrer chez lui. Puis il ajouta ;
Voilà mon fonge. J ’ai vû deux hommes qui vous ref-
fembloient, & qui m’ont dit qu’ils apportoient un tré-
for à cepaïs. Il eft vrai, dirent-ils, nous avons un tréfor,
qui eit Theodote, homme d’une pieté finguliere ; mais
montrez-nous le prêtre de ce bourg. C ’eft moi-même,
dit Fronton, car il fe nommoitainfi. Mais il vaut$iieux
que vous ameniez chez moi Theodote. Il ne convient
pas de demeurer dans le bois , en un lieu où il y a des
chrétiens. Us fe joignirent & fe baiferent. Theodote
s’exeufoit det venir chez le prêtre Fronton, parce qu’il
etoit preffé de retourner à Ancyre , pour fecourir les
chrétiens. Après qu’ils eurent mangé, Theodote dit au
prêtre en fa^ÿianc : Ce lieu me pâroît bien propre à
mettre des reliques. Le prêtre dit : Il en faut avoir ,
avant que de fonger à bâtir. C ’eft mon affaire, dit Theodote
, ou plutôt celle d%Dieu, de vous fournir des re-
L i v r e h u i t i e ’m e . 4 3 7
liques : ayez foin feulement de bâtir l’églife, & n’y perdez
point de temps ; les reliques viendront bien-tôt. En
difant cela il tira fon anneau de fon doigt , & le donna
au prêcre , en prenant Dieu à témoin de fa promeffe.
Enfuite il vint à la ville, où tout étoit renverfé par la
perfecution, comme en un tremblement de terre.
Il y avoit fept vierges âgées & exercées à la vertu
depuis leur première jeuneffe, que le gouverneur voïant jfei
fermes dans les tourmens, avoit livrées à de jeunes in-
folens, pour les outrager au mépris de la religion. Elles
levoient les mains & les yeux au ciel, invoquant Jefus-
Chrift prote&eur de la pureté. Le plus impudent de la
troupe aïant tiré à part Tecufe la plus âgée de toutes ,
elle lui prit Tes pieds en pleurant, & lui dit : Mon fils*
que cherches-tu avec des perfonnes confirmées, comme
tu vois, de vieilleffe, de jeûnes, de maladies, de tourmens.
J ai plus de ioixante ôc dix an s , & les autres ne
font gueres plus jeunes, tu nous verras bien-tôt déchirer
par les betes & par les oifeaui&, Car le gouverneur a
défendu qu’on nous donne la fepulture. Elle ôtoit fon
voile en difant ces paroles, pour lui montrer fes cheveux
blancs, & ajoutoit : Tu a s peut-être une mere de
cet âge, laiffe-nous nos larmes, & prends pour toi l’efpe-
rancede la’ recompenfe que tu recevras de J . C. Les
jeunes hommes fe mirent à pleurer avec elles, & fe retirèrent.
Pour les tenter d une autre maniéré , le gouverneur
voulut les faire prêtreffes de Diane & de Minerve. On
avoit accoutume de laver ces idoles tous les ans dans
un étang voifin ; &c cette fête ferencontroit alors. Comme
011 les portoit en pompe dans des chariots, il fit
mettre auiïï dans des chariots les vierges debout & nuës
par dérifion. Après fuivoienc les idoles h une grande
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