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très la liberté de fuivre telle religion que chacun vou-
droit ; afin d’attirer la faveur du ciel fur nous & fur
tous nos fujets. Nous avons donc réfolu par un con-
feil falutaire , de ne dénier à qui que ce foit la liberté
d’attacher fon coeur à l’obfervance des chrétiens,
ou à telle religion qu’il croiroit lui être la plus
convenable : afin que la fouveraine Divinité , dont
nous fuivons la religion d’un coeur lib re , puiffe nous
favorifer en toutes fes grâces ordinaires. C ’cft pourquoi
vous devez fçavoir( ils parlent aux officiers à qui
ledit eft adreffé : ) que nonobflant toutes les claufes
des lettres qui vous ont été adreffées touchant les chrétiens
-, il nous a plû maintenant d’ordonner purement
& Amplement, que chacun de ceux qui ont la volonté
d’pbferver la religion chrétienne, le faife fans
être inquiété ni molefté en façon quelconque. Ce
que nous avons crû devoir vous déclarer nettement ,
afin que vous fçaehiez, que nous avons donné aux
ch rétiens la faculté libre & abfoluë , d’obferver leur
religion. Bien entendu que les autres auront la même
' liberté , pour maintenir Ja tranquillité de notre
regne.
Nous avons de plus ordonné, à l’égard des chré-'
tiens ; que fi les lieux où ils avoient coutume de s’af-
fembler c i-d e v an t, & touchant lefquels vous aviez re-
çu certains ordres par des lettres à vous adreffées, ont
été achetez par quelqu’un, foit de notre fife , foit de
quelque perfonne que ce foit ; ils foieni: reftituez; aux
chrétiens , fans argent ni répétition de p r ix , & fans aucun
délai ni difficulté. Que ceux qui les auront reçus
en don, les rendent pareillement au plutôt : que tant
les acheteurs que les donataires, s’ils croient avoir quelque
chofe à efperer de notre bonté , s’adreffent au v icaire
g
L i v r e n e u v i e ’m e . 23 6 \ j
taire delà province, afin qu’il leur foit pouveu par
nous. Tous ces lieux feront incontinent délivrez à la
communauté des chrétiens, par vos foins. Et parce
qu’il eft notoire , qu’outre les lieux où ils s’affem-
bloient, ils avoient encore d’autres biens appartenans
a leur communauté , c’eft-à-dire, aux èglifes & non
aux particuliers : vous ferez rendre à leurs corps & com-
munautez toutes ces chofes aux conditions ci-deffus
exprimées, fans aucune difficulté ni conteftation : à
la charge que ceux qui les auront reftituées fans rem-
bourfement, pourront efperer de notre grâce leur
indemnité. En tout ceci vous emploierez très-efficacement
votre miniftere pour la communauté des
chrétiens, afin d’executer nos ordres au plûtôt, &
procurer la tranquillité publique. Ainfî la faveur divine,
que nous avons déjà éprouvée en de fi grands
çvenemens, continuera toujours à nous attirer d’heureux
fucces, avec le bonheur des peuples. Et afin que
cette ordonnance puiffe venir à la connoiffance de tous,
vous la ferez afficher par tout avec votre attache , en
forte qu’elle ne puiffe être ignorée de perfonne. T e l fut
1 edit de Conftantin & de Licinius pour la liberté de
la religion chrétienne.
Maximin apprenant qu’ils étoient occupez à celebrer X i v i i
des noces, partit de S y r ie , fit marcher fes troupes dans Guette de Mania
plus grande rigueur de l’hyver ; & doublant les ^
journées, fe rendit en Bithynie avec une armée fatiguée.
Il perdit par les pluies, les neiges, les boues, le
froid & le tra v a il, des chevaux & des bêtes de toutes
fortes : les chemins en etoient couverts & fembloient
naontrer une défaite. Il ne fe tint pas dans fes bornes ;
il paffa le Détroit & ¡vint en armes aux portes de B y zance,
où Licinius avoit laiffé une garnifon pour de
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