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qui fut
E c c l e s i a s t i qj j E.
la ville.
XL.
Fam ine & pefte.
£ uf. hift. c. .8,
grande utilité
malgré la proteélion des dieux , dont
les beaux difcours des
H i s t o i r e
d’une
Cependant,
les païens s’étoient flattez, Si
édits de Maximin, fon empire fut affligé de toutes fortes
de maux. Les pluies d’hyver caufes de la fécondité
dans les païs chauds, furent beaucoup moindres qu’à
l’ordinaire, delà vint une famine imprévue ; Si enfuite
la pefte , avec une autre maladie confiftant principalement
en un ulcere enflammé, que l’on nommoit charbon.
Ce mal s’étendoit par tout le corps 5.mais il atta-
quoit principalement les yeux , & fit quantité d’aveug
le s , hommes, femmes &enfans. En même temps Ma»
xirnin s’attira la guerre avec les Arméniens, anciens
amis Si alliez des Romains. Ils étoient chrétiens Si affectionnez
à la religion: Si il fe les-rendit ennemis en
les voulant obliger à facrifier a*ux idoles. Il fouffroit
beaucoup en cette guerre d’Arménie lui Si fes troupes s
& cependant les villes de fon obéiflfance étoient ravagées
par la pefte & par la famine. Une medimne de
froment fe ver.doit deux mille cinq cens dragmès atti-
ques. La medimne étoit d’environ deùx boifleaux &uri
q u a r t, & les deux mille cinq cens dragmes fâifoient
plus de neuf cens foixante livres de notre monnoïe. Il
mouroit un grand nombre de perfonnesdans les villes,
Si plus encore dans la campagne. Enforte que les re-
giftres de cens, qui contenoient les noms des païfans,
étoient prefque tous effacez. Quelques-uns vendoient
pour un peu de nourriture ce qu’ils avoient de plus cher:
d’autres après avoir vendu leurs fonds petit à petit
étoient réduits à la mifere. Il y en avoit qui mâchoient
quelques poignées de foin Si de mauvaifes herbes ; qui
ruinoient leur fanté. Des femmes les plus nobles étaient
réduites à mandier dans les places des villes : la honte
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qui paroiffoit fur leurs vifages Si la propreté de leurs
habits fâifoient voir leur qualité. Les uns defféchez &
femblables à des fantômes, alloient en bronchant de
côté Si d’autre, Si tomboient enfin de foibleffe dans les
rues : puis couchez fur le v en tre , ils demandoient un
petit morceau de pain ; Si prêts à rendre le dernier fou-
pir , ils criaient qu’ils mouroient de faim n’aïant plus
de force que pour cette parole. Les plus accommodez
étonnezde la multitudedeceux qui demandoient,après
avoir beaucoup donné,devenoient durs Si infenfibles:
craignant de tomber dans le mêmébefoin. Enforte que
l’on voïoit au milieu des placés Si des rues des corps-
morts tout nuds , qui demeuroient plufieurs jours fans
fépulture. Quelques-uns furent mangez des chiens: ce
qui fit que les vivans fe mirent à tuer les chiens, de peur
qu’ils ne devinffent enragez Si ne les attaquaffent eux-
mêmes.
La pefte ne faifoit pas moins de ravage', principalement
fur ceux qui étoient à couvert de la famine. Il y
eut un grand nombre de pcrfonnes conftituées en dignité
, de magiftrats Si de gouverneurs de provinces 5 que
la violence du mal emporta en peu de temps ; comme fi
la famine les eut exprès gardez à la pefte. Tout étoit
plein de gemiffemenS dans les places Si dans les rues.-
On ne vo ïo it que des enterremens avec les flûtes Si les
tambours : fouvent on portoit enfemble deux ou trois
corps, & les famdles entières périffoient. Il n’y eut que
-les chrétiens, qui montrèrent de l’humanité en cette
occafion Si s’appliquèrent à fecourir les miferables. On
les voïoit occupez tout le jour : les uns à enfevelir les
morts,dont perfonne ne prenoit foin Si qui tomboient à
milliers : les autres à raffembler les pauvres affamez Si
leur diftribuer du pain. Enforte que tout le monde en
il