
Lacrant.de mort,
n, iô.
X X X J.
Martyrs de Palestine.
Eiifeb. de martyr.
Taie ¡t. c. J.
jiiïa jîn c . p. 57î,
4 1 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
l ’empire vers Melicine en Arménie ; &c une autre en
Sy r ie, où un nommé Eugene fut reconnu empereur par
fes foldats. Ce fut l ’occafion d’un nouvel edit contre les
chrétiens, portant que tous ceux qui gouvernoient les
éghfes fuffent mis aux fers : en forte que c’étoit unfpec-
tacle pitoïable. On voïoit par tout les prifons remplies
non plus d’homicides & de fcelerats, mais d évêques,
de prêtres, de diacres, de lecteurs & d’exorciftes : il n’y
rcftoit plus de place pour les ma l fa i teur s . Enfuite il
vint d autres lettres, portant que les priionniers qui fa-
crifieroient, feroient mis en liberté; & que ceux qui per,
fe ve reroient , feroient tourmentez en toutes maniérés.
Ce qui produ.ifitune multitudeinnombrable de martyrs
en chaque province , principalement en Afr ique , en
Maur i tanie , en Thebaïde &c en E g yp te , dont plufieurs
paiferent d’une ville &c d’une province à l’ autre. Un entre
autres, nommé Donne, à qui Laitance adreife l’écrit
de la mort des perfecuteurs, fut tourmenté jufques
à neuf f o i s , par trois differens juges : par Flaccus préfet
de B i th yn ie , par Hierocles , un de ceux qui avoient
confeillé la perfecution , Ôc enfin par Pnfcillien fon
fucceiTeur.
En Paleftine le premier qui fouffrit le ma r ty re , fut
Procope , qui dès fa je un elfe avoit çonfervé lachafteté
& pratiqué toutes les vertus. Son corps abattu d’aufté-
ritez fembloit être mor t , & ne fe foutenir que par la vi?
gueur de l’ame ; fa nourriture n’étoit que du pain & de
l’eau, encore n’en prenoit-il que de deux ou trois jours
l ’un , & quelquefois au bouc de fept jours. Il méditoit
jour &c nuit les faintes écritures ; mais il ne s’étoitgueres
appliqué aux lettres humaines. Le lieu de fa naiffance
étoit E l ia , c’eft-à-dire Je rufa lem, mais fa réfidence étoit
a Scythopolis, op. il faifoit trois fonctions dans l’églifes
L i v r e h u i t i e ’m e . 4l3
de lefteur, d’interprete en langue Syriaque & d ’exorcifte.
Lesleètures publiques de 1 écriture fe faifoient en Grec,
ôc il l ’expliquoit aupeuple en Syriaque qui étoit la langue
vulgaire. 3
Etant envoie de Scythopolis à Cefarée avec quelques
autres, il fut arrêté à la porte de la ville & mené au
gouverneur nommé Flavicn. Ainf i line fut point mis en
pnfon , mais d abord q u i l fut prefenté au tribunal, ôc
qu on lui eut ordonné de ficrifier aux dieu x , il dit qu’il
lien connoifloit qu’un, à qui on doit facrifier,ainfi qu’il
le veut lui-même : ôc comme on lui ordonna d’offrir des
libations aux quatreempereurs, il dit un versd’Homere
qui porte , qu’il n’eft pas bon d’avoir plufieurs martres •
ôc aufli - tôt 011 lui coupa la tête , le feptiéme de Juillet
un mercredi, à Cefarée en Paleftine. Après lui dans la
meme ville plufieurs évêques du pais fouffnrent de
grands tourmens.
Quelque -uns cederent par lâcheté à la première attaque.
Il y en avoit un à qui on tenoit les mains en
1 approchant de l’autel des idoles, & on lui jettoit dedans
du lacnfice prophane, afin qu’il parut y participer ; &
quoiqu il n’y eut pas touché", il fe retiroit fans rien dire
, tandis que l ’on difoit qu’il avoit facrifié. Un autre
emporte demi-mort étoit je t te, comme s’il eût déjà rendu
1 ame : on le relâchoit ôc le comptoir entre ceux qui
avoient iacnfie. Un autre crioic & proteftoit qu’il f fo -
beiroitpas ; maison lefrappoit au vifige,plufieurs mains
iermo ient la bouche , &c on le repouffoit de forc-e
quoiqu’il n’eut pas facrifié Les païenscomptoient pour
beaucoup de paroîtreréuffirdans leurdeffein. Deuxfeuls
d entre tous ceux - là reçurent la couronne du martyre.
Alphee & Z a ch é e , dont le dernier étoit diacre de l ’é-
g 1 e de Gadare ou Gadda. Après avoir été fouettez