
* 3 8 H i s t o i r e E c c t l e s i a s t i q.u e.’
Second concile Cyprien reçue une lettre deFortunat ôc de cinq autres*
de s.Cyprie,. évêques d’Afrique , qui étant affemblez à Capie pour
Ep.yc. p.jj. 1 ordination d’un évêque, furent An. i c i . r . , a , . , coniultez rp ar l’>é-v*êc - que luperieur, touchant trois Chrétiens tombez dans la
perfecution, nommez Ninus, Clementien & Floius.
D abord ayant été pris, ilsavoient confelTé le nom du
Seigneur, ôc vaincu la violence des magiftrats muni*
cipaux , ôc l'emportement du peuplé ; enfuite étant
cruellement tourmentez devant le proconful, ilscede-
rent à la rigueur des tourmens. Mais quoique leur chute
eut été fi peu volontaire, ils ne cefferent point dé
faire pénitence pendant trois-ans. Fortunat & les au-'
très eveques confultoient S, Cyprien, pour favoir s’il
etoit permis d admettre alors ces pénitens à la com»
munion. S. Cyprien répondit: Il me femble que c’eft
affez qu ils ayent perdu la gloire de la confeifion, fans
que nous devions encore leur fermer la porte de l'indulgence.
Toutefois , parce que vous m’avez écrit de
traiter cette affaire avec plufieursde nos confrères ; ôc
qu’à prefent ils font prefque tous arrêtez chez euxavec
les freres, dans les premières folemnitez de la pâque;
quand la fete fera paffee, 6c qu’ils s’aifembleront avec
moi, j’examinerai plus à fond, afin de vous écrire
une réfolution certaine par le confeil de plufieurs évêques..
An Cypr* a?h La pâque etoit cette année - là l’onziéme d’Avril.
»if- »• Apresqu’elle fut padee, les évêques fe rendirent à Car-
thage , ou le concile fut célébré le jour des ides de Mai,
e efi-a dire , le quinzième. Ce fut le fécond concile où
S. Cyprien préfida, & ify eut quarante-deux évêques.
On y examina les caufes de tous ceux qui étoient tombez
pendant la perfecution. On fit grande différence
entre ceux qui étoient demeiarez dans l’églife ôc ceux
Li vre sept te’ me. 139
qui avoient apoftafié ; foit qu’ils fuffent retournez au
fiecle, ôc menafTentunevie payenne, foitqu’ils fe fuffent
joints aux hérétiques ou fchifmatiques, pour faire
la guerre à l’églife. Ceux qui étoient demeurez dans
l’églife, pleurant continuellement leur péché, ôc implorant
la mifericorde divine, furent traitez avec indulgence
3 ôc au lieu que dans le concile précèdent il
avoit été réfolu de ne leur donner la paix , que quand
ils feroient en péril de mort, on ordonna dans celui-ci
de la leur donner inccffamment. La raifon de ce changement
de conduite, fut l’approche delà perfecution ;
car les évêques connurent par des vifions 5c par des révélations
fréquentes ôc certaines,qu’elle alloit recommencer
plus cruelle que devant.
On difoit contre cette indulgence, que ceux qui
après leur cfaùte fùuffriroient le martyre, feroient a fiiez
purifiez par leur fang, fans avoir befoin de rece-
I voir la paix de Févêque ; qu’il étoit à craindre que plufieurs
ne la demandaffent avec diffimulation , Se qu’après
l’avoir reçue ils ne rcfufaifent de combattre. Mais
on répondoit premièrement ; que pour être propre au
|| martyre, il falloir recevoir de l’églife des armes fpiri-
tuelles , ôc être foûtenu par l’euchariftte ; que ceux qui , 9 s’enfuiroient dans les déferts, quittant tout pour fui-
vre le Seigneur, ne devoient pas mourir fans la paix de
I’églife , comme il arriveroit s’ils devenoienc malades,
ou tomboient entre les mains des voleurs. Quanc aux
! hypocrites »difoit-on, ils fe trompent eux-mêmes ; les
evêques jugent par l’exterieur , il n’y a que Dieu qui
fonde les coeurs, il n’eft pas jufte que les mauvais nui-
fent aux bons, mais plutôt que les bons fervent aux
I mauvais. Enfin l’on conclut de recevoir fans délai à
la paix tous ceux que l’on jugeoit véritablement péni