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Tu crois donc, méchant, que je me trompe, quand je
t’avertis & quand je fers les dieux ? Probus d i t ; Pendent
les dieux qui n’ont point fait le ciel & la terre, & tous
ceux qui les fervent. Maxjme dit.-Laifle tes fantaifies,fa-
crifie aux dieux, Probus, & te fauve. Probus d i t ; Je ne
fers point les dieux , mais je fers & j’adore le Dieu que
je connois véritable. Maxime d i t ; Et bien approche de
l ’autel de Jupiter & facriiie, afin de ne pas fervir plu-
fieurs dieux , comme tu dis.. Probus dit ; J'ai un Dieu
dans le ciel, c’eft celui là que je crains ; mais je ne fers
point ceux que vous appeliez dieux. Maxime d it; Je te
l ’ai déjà d i t , & je le répété ; facrifie à Jupiter le grand,
l ’invincible, qui voit tout. Probus dit ; Au mari de fa
propre foeur à cet adultéré, à cet impudique, à ce profane,
comme tous les poetes le témoignent, pour ne
pas dire le relie de fes infamies ; vous êtes allez injufte
pour m’obliger à lui facrifier ? Maxime dit ; Frappez-
le fur la bouche & lui dites ; Ne blafphêmes pas. Probus
dit ; Pourquoi me maltraitez-vous ? Je vous ai dit
ce que difent d’eux ceux qui les adorent ; je ne mens
donc pas, je dis la vérité , vous le fçavez bien.
Maxime dit ; J ’entretiens ta folie en ne te punifl’ant
pas. Faites rougir des fers & le mettez delfus. Probus
dit ; Votre feu efl froid & ne me touche pas. Maxime
dit:RougiiTez-les plus fort,& le mettez deifusje tenant
des deux cotez. Probus dit; Votre feu eft devenu plus
froid, vos miniftres fe mocquentde vous. Maxime dit;
Liez-le,étendez4 e & lui déchirez le dos avec des nerfs
crus, en lui difant ; Sacrifie & fois fage. Prôbus dit ; Je
n’ai pas craint votre feu , & je ne me foucie pas de vos
tourmens. Si vous avez inventé quelqu’autre fupplice,
montrez-le,afin que je montre la puiifance de Dieu, qui
f f t en moi. Maxime dit ; Rafez-luilatête, & y mettez
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des charbons ardens. Probus dit ; Vous m’avez brûlé les
pieds & la tête, & vous voïez que je fuis ferviteur de
Dieu, & que je fouffre vos menaces. Maxime dit: Si tu
étois ferviteur des dieux, tu leur facrifierois & ferois
pieux. Probus dit : Je fuis ferviteur de Dieu & non des
dieux qui font perdus & perdent avec eux ceux qui les
honorent. Maxime dit : Tous ceux donc qui les honorent,
maudit que tu es,ne font-ils pas autour démon tribunal
, honorez des dieux & des empereurs ; ils vous regardent
avec mépris vous autres, que l’on punit pour
votre impieté. Probus dit : Croïez-moi, ils font perdus
s’ils ne fç repentent, & s’ils ne fervent le Dieu vivant.
Maxime dit : Déchirez-lui le vifage, afin qu’il ne dife
pas le Dieu, mais les dieux. Probus dit : Vous me faites
frapper, parce que je dis la vérité. Maxime dit : Qu’on
le remette auffi en prifon, & faites venir celui qui fuit.
Demetrius centurion dit ; Voici Andronic. Maxime
dit : Ceux qui ont été examinez devant toi ont foufferc
inutilement plufieurs tourmens ; mais après mille fup-
plicesilsont été contraints d'honorer les dieux, &: font
prêts à recevoir des empereurs des honneurs extraordinaires.
Epargne-toi donc lestourmens,facrifie aux dieux,
& tu recevras les honneurs convenables -, finon je te jure
par les dieux & par les empereurs invincibles, que je
punirai extraordinairement ta défobéiffance. Andronic
dit ; N ’accufe pas d’une telle foibleffe ceux qui
t ont répondu devant m o i , $c ne crois pas me tromper
par tes artifices, ni faire que je t’obéiffe, je ne ferai pas
fi lâche. Je demeure ferme, armé de la foi que j’a i en
mon Seigneur; & je ne crains ni toi ni ton tribunal.
Peploi'e donc toutes tes menaces & tous tes tourmens.
Maxime dit ; Etendez-le aux pieux & le fouettez de nerfs
çrjiS. Andronic dit : tu ne me fais pas grande chofe ,