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Quand Emeritus fut attaché , le proconful lui dit ;
L ’on a donc celebré la collette danstamaifon contre les
ordres des empereurs ? Oiii, dit Emeritus, nous avons
celebré les mylleres du Seigneur dans ma maifon. Pourquoi,
dit le prôçonful, leur permettois-tu d’y entrer 3
Parce , dit-il, qu’ils font mes freres, & que je ne pou-
vois pas les en empêcher. Le proconful dit : Tu de vois
les empêcher. Je n’ai p û , lui répondit i l , car nous ne
pouvons pas nous paiTcr du faint myftere. Le procon-
ful commanda qu’on l’étendît fur le chevalet, & qu’on
le tourmentât. Pendant qu’un bourreau tout frais le frap-
poitviolemment,il difoit : J . C. fecourez-moi, je vous
prie : Vous faites contre le commandement de D ieu ,
malheureux que vous êtes. Le proconful dit : Tu ne
devois pas les recevoir. Il lui répondit : Je ne pouvois
me difpenfer de recevoir mes freres. Il valoir mieux, dit
le proconful, obéir aux ordres des empereurs & des ce-
fars. Emeritus dit : Dieu eft plus grand que les empereurs.
Je vous prie J .C . à vous la louange. Seigneur J .C .
donnez-moi la patience. Pendant qu’il prioit ainiï, le
proconful dit : As-tu quelques écritures en ta maifon ?
Il répondit. J ’en a i , mais c’eft dans mon ,coeut. Le proconful
ajouta : En as-tu dans ta maifon,ou non 3 Emeritus
dit : Je les ai dans mon coeur. Je vous prie , J . C .
avouslalotiange. J .C . délivrez-moirje fouffre en votre
nom, je fouffre peu de temps, je fouffre volontiers. J .C .
que je ne fois pas confondu. C ’eft eft affez , dit le proconful
;enfuite il mit fon interrogatoire au greffe avec
les autres , &. dit : Vous ferez tous châtiez, comme vos-
reponfes le méritent.
■ Félix fe prefenta pour le combat. Le proconful fatigue,
leur dit â tous d’une voix plus foible : J ’efperequc
vous prendrez le parti de conferver votre vienen obéif-
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fant aux ordonnances. Ils répondirent tout d’une voix.
Nous fommes chrétiens, nous ne pouvons fane autre
chofe, que de garder la loi fainte du Seigneur, jufques-
‘à répandre notre fang. Le proconful dit à Félix : Je ne
te demande pas il tu es chrétien ; mais fi tu as affilé à la
collette , ou fi tu as quelques écritures. Félix dit ; Les
chrétiens ne peuvent fe paffer du myftere du Seigneur,
ni le myftere fe celebrer fans les chrétiens. Nous avons
célébré la collette avec grande religon ; nous nous af-
iemblons toujours pour lire les écritures divines. Le
proconful lé fit frapper à coups de bâton, jufques â ce
qu’il rendît l’ame. ÙnautreFelix fit lamêmeconfeffon
& fut traité de même ; on lui donna tant de coups de
bâton, qu’il mourut dans la prifon. Après eux, fouffrit
Ampelius gardien fidele de la loi 81 des écritures divines.
L e proconful lui demanda s’il avoir a f f ilé à la collette.
Il répondit gayement 8i d’une voix ferme : J ’ai
a f f i lé à la collette avec mes freres ; j’ai célébré le myftere
du Seigneur, je porte avec moi les écritures divines
-, mais c’eft dans mon coeur qu’elles font écrites. Je
vous rends grâces, J . C . exaucez-moi J . C . Après qu’il
eut ainfi parlé , on le frappa fur le c ou, & on le mit en
prifon avec les autres, Rogatien confeffa le nom du Seigneur
, & fut joint à eux , fans qu’on le f it fouffrir.
Quintus étant appliqué â la queftion confeffa hautement
le nom du Seigneur ; on le frappa à coups de bâton 8c
on le mit dans la prifon, pour être refervé au martyre.
Maximien qui le fuivoit fit la même confeffon & foû-
tintle même combat. Après lui le jeune Félix dit tout
haut, que le myftere du Seigneur étoit i’efperance & le
falut des chrétiens. Pendant qu’on le frappoit â coups
de bâton , il d i t .- J ’ai célébré le myfte re de tout mort
coeur y j ’ai af f ilé à la collette avec mes frer e s , parce
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