
Ville d’ Antinoüs en Egypte. Pluiieurs païens venoient
lui infulter & lui dire des injures ; entr’autres un nommé
Phïlemon joiieur de flûte, fameux & chéri de tout
le peuple. Il traitoit Apollonius d’impie &c deféduéteur,
digne de la haine publique. Apollonius lui répondit :
Mon f i l s , Dieu veuille avoir pitié de t o i , & ne te pas
imputer ces difcours. Philemon fut touché de ces paroles
, & en fentit un effet fi merveilleux en fon coeur,
que tout à coup ilfe confeffa ¡chrétien. Il court au tribunal
du juge nommé Arien , &c s’écrie devant tout le
peuple : Vous êtes injuftes de punir les amis de Dieu :
les chrétiens ne fo n t , ni n’enfeignent rien de mauvais,
Le juge qui connoiffoic le perfonnage, crut d’abord que
e’étoit un jeu ; mais quand il vit qu’il continuoit ferieu-
. fement & conftamment, il dit : T u es fou,Philemon, tu
as perdu l’efprit tout d’un coup. Ce n’eft pas m o i, dit
Philemon, qui fuis fou ; c’eft toi-même, tu es un juge
ïrès-injufte & très-infenfé , de faire périr tant d’hommes
juftes. pour moi je fuis chrétien ; & il n’y a point
de meilleurs gens que les chrétiens. Le juge après avoir
eiTaïé de le ramener par la douceur, lui fit fouffrir toute
forte de tourmens.
Mais fçaehant que ce changement de Philemon ve-'
noit des difcours d’Apollonius, il le fit aufli tourmenter
cruellement, l’accufant d’être un féduéteur. Apollonius
dit : Plût à Dieu que vous mon juge & tous les
afliftans qui m’entendent,pufliez tous fui vre cette erreur
dont vous m'accufez. Le juge aïant oüi ces paroles, le
condamna à être brûlé avec Philemon devant tout le
peuple. Mais après qu’ils furent entrez dans le feu, faine
ff- Apollonius dit à haute voix : Seigneur,ne livrez pas aux
bêtes ceux qui vous confeffent ; mais montrez-nous évidemment
votre puiffance, Aufli-tôt un nuage plein de
rofée
f! i I.
L i v r e n e u v i e ’m e ; <joi
roféc les environna & éteignit le feu. Le juge & le peuple
étonnez, fe mirent à crier tout d’une voix : Le Dieu
des chrétiens eft grand & unique, c’eft le feul immortel.
Le prefet d’Alexandriel’aïant appris en fut extraordinairement
irrité : il choifit le plus cruel de fes officiers
, & fit mener à Alexandrie chargez de chaînes le
juge Arien qui setoit converti, & ceux qui avoient attiré
le miracle. Pendant le voïageS. Apollonius commença
à inftruire dans la foi ceux qui les conduifoient; &c il
les perfuada tellement, qu’ils s’offrirent au juge avec
leurs prifonniers, & fe confefferent auffi chrétiens. Le
prefet d’Egypte les voïant immobiles dans la foi, les fit
jetter au fonds de la mer, Sc les-baptifa fans y penfer.
Leurs corps fe trouvèrent enfuite tout entiers fur le r ivage,
on les mit dans un même fepulchre , & il s’y fit
depuis des miracles en grand nombre.
Plufieurs autres fournirent le martyre à Alexandrie,
(Fauftus, Didius &c A monius prêtres ; Hefychius, Théodore
&Pacome évêques de diverfeséglifes , & un grand
nombre d’autres en. divers lieux , où leur mémoire fut
depuis célébré. C ’eft le temps du martyre de S. Pierre
évêque d’Alexandrie. Il avoit tenu le fiege douze ans ;
crois ans avantlaperfécution,neuf ans depuis qu’elle eut
commencé. Il paffa ces neuf années dans des exercices
de pieté plus rigoureux, ne laiffant pas de prendre grand
foin de fon églife, Çar il n’étoit pas moins recomman-
dable par la fcience de la religion', que par la vertu. Il
fut arrêté fans aucun fujet, &ç lorfqu’on s’y attendoit
le moins , par ordre de Maximin qui lui fit promptement
couper la tête, le vingt-cinquième de Novembre
cette année 3 11, ne’uviéme de la perfecution. Outre
les canons de penitence que j’ai rapportez, il avoit écrit
un livre de la divinité, où il parloit très-corredLement
X X X V I I .
Autres martyr«
d’Alexandrie.
Euf. 7. hifi.c, tilt,
& 9. c. 6,
an. ju .
Conc. Epb.
Cala. act. \.to
p. zU.
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