
i.o6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
difcipline eft ancienne. L’apôtre n’auroit pas dit que
l ’on parioit de notre foi par tout le monde, fi dès lors elle
n ’eût j etté de fortes racines ; 8c ce feroit un grand crime,
de dégenerer d’une telle gloire. Etenfuite : Dieu garde
l’églife Romaine de perdre fa vigueur par une facilité
profane, 8c de relâcher les nerfs delà iev erité, en ren-
verfant la majefté de la foi. Quand on voit nos freres,
non feulement ren v erfez, mais tombant encore tous les
jou rs; leur accorder le remede prématuré d’une réconciliation
, qui ne leur fervira de rien, c’eft par une fauffe
mifericorde ajouter de nouvelles play es à celle de l’apo-
ftafic; enôtant àces malheureuxleremede même delà
penitence , ce n’eft pas guérir , mais fi nous voulons
dire le v r a i, c’eft tuer» Et enfuite s
Nous avons une neceifité plus preflante de différerr
nous qui depuis la mort de Fabien , de glorieufe mémoire,
par la difficulté du tem s , n’avons pû encore
avoir d'évêque pourregler tout c e c i, 8c pour examiner
avec autorité 8c confeil ceux qui iont tombez. En cette
grande affaire, nous iommes de votre avis : qu’il faut
attendre la paix de l’ég life , 8c enfuite examiner lacaufe
des apoftats, en confultant avec les évêques, les prêtres,
les diacres, les confeffeurs , 8c les laïques qui font demeurez
fermes. Car il nous femble que ce feroit nous
charger d’une grande haine, fi un feul prononçoit fur
un crime commis par tant de perfonnes : un décret ne
peut être ferme,fans avoir le confentement de plufieurs.
Regardez le monde entier rav a g é , 8c plein de reftes de
ceux qui font tombez : un mal fi étendu demande de
grands confeils 8c degrands remedes ; 8c comme ceux
qui font tombez , font tombez par aveuglement, 8c
faute de précaution : ceux qui veulent reparer ce m a l,
doivent y employer toute laiageffedes meilleurs consieils
; de peur que ce qui ne feroit pas fait comme il faut,
ne foit jugé de tous comme nul. Ils ajoutent ; Cherchai!c
âo-arder ce temperamment, nous avonsconfulté long-
tems 8c en grand nombre , avec quelques évêques’ de
notre voifinage 8c avec ceux que la perfecution a chaffez
i c i , d e s autres provinces éloignées ; 8c nous avons crû
qu’ il ne falloit rien innover avant letabliffement d’un
év êq u e , mais tenir en fufpens ceux qui peuvent attendre.
Et à l’égard de ceux qui fe trouvent en péril de
mort, qu’après avoir fait penitence , 8c témoigne fou-
vent la déteftation de leurs pechez , s ils donnent des
fignes d’un vrai repentir, par leurs larmes 8c leurs ge-
miffemens; quand rf n’y aura plus humainement d’ef-
perance qu’ils puiffent v iv r e , qu’en ce cas , on les fe-
coure avec grande précaution. Dieu fait ce qu il en faic
8c comment il réglé fon jugement ; c’eft à nous a prendre
bien garde , que les meçhans ne loûent notre eX-
ceffive facilité,8 c que les vrais penitens ne nousaccu-
fent de dureté 8c de cruauté. Ce décret du clergé de
Rome fut écrit 8c recite par Novatien, premièrement,
8c foufcrit par les autres prêtres, entr’autres par le con-
feffeur Moïfe. Enfuite les lettres en furent envoyées
par tout le monde pour venir a la eonnoiffance de toutes
les é g life s , 8c à celle qui étoit pour Carthage , on
joignit la copie de celle qui etoit pour la Sicile. A ve c
cette lettre faint Cyprien reçut auffi celle des pretres
Moïfe 8c M a x im e , des diacres Nicoftrate 8c R u fin , 8c
des autres confeffeurs , qui etoient prifonnier's a R o me,
8c qui répondoient à la fiennc , avec de grandes
a ¿lions de grâces. Il en fit part à fon çlergé 8c leur en
envoyant des copies ^ il leur d it: Ayez foin autant qu il
cft poffible , que nos lettres 8c leurs réponfes
connues de nos freres. Merne fi quelquun des eYe