
gene ami de Plotin , & peuc-être un troifiéme Ton dif.
ciple. Lacurioficé de connoîtrela philofophie desPerfes
& des Indiens engagea Plotin à fuivre l’empereur Gordien
le jeune en Orient : mais cet empereur aïant été
tué, il vint à Rome âgé de quarante ans , & y demeura
vingt-fix ans. Il faifoit profelfion de fuivre principalement
la doéfrine de Platon, y joignant celle de Pytha-
gore , & prenant quelque chofe des Stoïciens & des Pe-
ripateticiens. Il paifoit pour ne rien ignorer dans les mathématiques
; c’eft-à-dire dans la geometrie, l’arithme-
tique , la méchanique , l’optique, la muiîque. Il étoit
iî modefte,qu’il n’alloit point aux bains ; 8i fi attaché à
fon abftinence Pythagorique, qu’il refufa d’ufer de the-
riaque , à caufe de la chair de vipere qui y entre. flfem-
bloit avoir honte d’être dans un corps, en forte qu’il ne
vouloit point permettre que l’on fit Ton portrait, ni parler
de fa naiffance , de fes parens & de fon païs, Auiîï
toute fon application étoit à confiderer la nature des ef-
prits & des1 idées univerfelles-, comme nous voïons par
Tes écrits, remplis de fpeculations metaphyfiques de peu
d’ufage,
Il prétendoit avoir un genie, ou démon familier,
comme Socrate ; mais celui de Plotin , étoit difoit-on ,
au-deifus des fimples démons & du rang des dieux ; en
forte que les ençhantêmens n’avoient aucun pouvoir fur
lui. Un magicien nommé Olympius en avoit fait l’ex-
perience, & un prêtre Egyptien aïant invoqué le démon
de Plotin dans le temple d’Ifis, car cetoit le feul
lieu qu’il avoic trouvé pur à Rome ; avoit vû un dieu au
lieu d’un démon. De-là vient, que comme Amelius un
des difciples de Plotin, alloit facrifier dans les temples
aux nouvelles lunes & aux autres fêtes, & prioit Plotin
d’y venir avec lui ; il répondit : C’eft à eux de venir à
J moi, non pas à moi d’aller à eux : montrant le peu
de cas qu’il faifoit des dieux vulgaires. Ses.difciples n’o-
ferent lui demander le fens de cette parole. Ils préten-
doient que par la lumière de fon genie, il s’étoit élevé
V jufques au fouverain Dieu qui n’a ni forme, ni idée, &
I- qui eft au-deifus de tout efprit & de toute intelligence.
[ Car cesphilofophes re-connoiffoient,fuivant la doétrine
I de Platon, un Etre fouverain , mais fans préjudice des
I dieux &c des démons, qu’ils mettoient au-deffous endi-
■ vers ordres : ainfi ils fuivoient & autorifoient toutes les
I fuperftitions de l’idolâtrie, & même de la magie.
Plotin eut un grand nombre d'admirateurs, d’amis & B de difciples, même des fenateurs Romains & des fem-
I mes de qualité. L’empereur Gallicn & fa femme Saloni-
I ne l’honoroient particulièrement ; & pour profiter de
I cette faveur, Plotin demanda le rétabliiTement d’une
I ville de la Campanie, qui étoit ruinée ; pour s’y éta-
I blir avec tous fes amis, & y vivre en philofophe,fuivant B les loix de Platon ; au-ffi la ville devoit-elles’appeller Pla-
I tonopolis. Il eût facilement obtenu ce qu’il demandoit, B fi quelques-uns des confidens de l’empereur ne l’en euf-
I fent détourné. Tant la philofophie étoit foible, même I avec la faveur des princes ; tandis que la religion chré-
I tienne triomphoit par tout malgré eux.
Le plus fameux difciple de Plotin fut Porphyre. Il
I etoit de Tyr , & fon nom Syriaque étoit Malco, qui fi-
I gnifie roi,d’ou vient qu’on lenommoit auffi en Grec Ba-
I file. Il vint à Rome la derniere année de Gallien iéa.
| de J. C. & commença â être difciple de Plotin étant I âgé de trente ans. Ce fut lui qui eut le foin de corriger&
I mettre par ordre les écrits de Plotin, & qui écrivit fa
I vie. Comme la peite duroit long-temps à Rome, Por-
I phyre difoit : Il ne faut pas s’en étonner, puifqueni Ef