
tienne, & qui n’a pas voulu participer aux fa.ci.inc.es, foi«
brûlée vive. Auffi-tôt les exécuteurs l’enleycrent Ôc ]a
menèrent dans une îile du L e e , où ils la dépoiiillcrent
& la lièrent à un poteau. Elle leva les yeux au ciel &
pria avec larmes, difant ¡ Seigneur, Dieu tout puiffant
J . C. qui n êtes pas venu appellcr les juffes,mais les pe!
çhcurs à penitence ; qui avez promis par votre parole
inviolable , qu a quelque heure que le pécheur fe eon-
yertifle, vous oubliiez fes péchez ; rece vez à cette heure
la penitence de mes foufflances ; & par ce feu temporel
préparé à m.on corps, délivrez moi du feu éternel ,
qui brûle fame ôc le corps. Enfuite on l’environna de
farinent 6c on y mit le feu. On l’entendit qui difoit;
Je vous rends grâces, Seigneur J .C . de l’honneur que
vous me faites , de me recevoir en vi élmi e pour votre
nom, vous qui avez été offert en la croix , vi&ime uni-
que pour tout le monde ; juffe pour lesinjuffes, exempt
.de peche poui tous lç-s pechçuts. Je vous offre mon
facriffce , à vous mon Dieu, qui regn.ez avec le Pere 6c
le S. Efprit dans les fieelesdes iiecles. Amen. En difant
cqla elle rendit l ’efprit. Cependant Digna, Eumenia6é
Euprepia, qui avoient été fes efcla ves, peçhereiTes coin-
me elle, & baptifées avec elle par le faint évêque Nar-
ciffe , étoient fur le bord du fleuve. Elles, fe firent pafler
dans l’ifle , & trouvèrent le corps de fainte Afre tout
çntjer. Un garçon qui éroit avec elles repaffa à' la
nage , & en pòrta la nouvelle à Hilaria mère de la martyre.
Elle vinc la nuit avec les prêtres de Dieu enleva
fon corps , 5c le mit à deux milles de la ville , dans un
fépulchre qu’elle avoir bâti pour elle & pour les fiens.
Gaïus l’aïant appris y envoïa, avec ordre d« leur persuader
de facrifier, s’il ctoit poffible : finon,de les brûler
dans le fépulchre mgme. Les foldats après avoir cm-
L i v r e h u i t i h ’m e . •
pîoie en vain les promeffes &c les menaces -, les voïanc
fermes à refufer de facrifier , emplirent le fépulchre de
farinent 6c d’épines feches, le fermèrent fur elles, y
mirent le feu , & fe retirèrent. Ainfi le même jour que
fiinte Afre avoit été enfevelie,.fa mere & fes trois fer-
vantes fouffrirent au ili le martyre. Les fpulchres des
anciens étoient des bâtimens élevez , fouvent affez
grands pour contenir des logetnens.
A Sirmium ville celebre dans la Pannonie , le gou-
verneur Probus commença la perfécution par le "clergé,
Il prit Monran prêtre, de l’éghfe de Smgidum , 6c
le fit mourir.’ Enfuite Irenée évêque de Sirmium fut
auffi arrêté, & comme il refufoit eonftamment de facrifier
aux idoles, Probus le fit tourmenter cruellement.
Son pere & fa mere Je voï'ant dans les tour-
mens le prioienc de fe laiffer fléchir. Ses en fa ri s encore
petits le prenoicnc par les pieds en difant : Mon
pere, aiez pitie de vous & de nous ; des femmes éplorées
s’efforçoient auffi de le toucher ; tous fes parens, fes
domeftiques, fes voifins 6c fes amis l'exhortoient en
pleurant, à avoir pirié de fa ieuneffe. Le gouverneur
lui dit: Que dis-tu ? laiffe-tói fléchir à leurs larmes ¡conferve
ta jeuneife, 6c facrifie. Il répondit: Je me conferve
pour l’éternité, en ne fa enfiane point. Le gouverneur
le fit mettre.en prifon , où.il demeura long-temps,
fouffrnnt divers tourmens. Au fécond interrogatoire
après l’avoir encore preffé de facrifier , il lui deman-,
da s’il avoit une femme. Non , dit Irenée ; & des
enfans f Je n’en ai point ; 6c des parens : Je n’en ai
point. Et qui font donc , dit ProbtîS, ceux qui pleu-
roient au premier interrogatoire ? Irenée répondit :
Mon Seigneur Jçfus C h r f t a dit : Qui aime fon pere, ou
fa mere, eu fa femme, ou fes enfans, ou fes frères, ou