
i i 6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
pte bouche leur erreur. Ils vinrent. Les prêtres leur demandèrent
compte de leur conduite, 8c particulièrement
des lettres remplies de calomnies qui venoient
d’être envoyées fous leur nom , 8c qui avoient trouble
la plupart des églifes. Ils aifurerent qu’ils avoient été
trompez, 8c qu’ils n’avoient point içu ce que conte-
ndienc ces lettres ; que véritablement ils étoient entrez
dans le fchifme 8c l’herefie, fouffrant que l’on impofât les
mains à Novatien pour le faire évêque, 8c commeon leur
en fit des reproches 8c de tout le refte de leurs fautes, ils
fupplierent que tout fut oblié.
Tout cela étant rapporté au pape, il aifemblafes prêtres
avec cinq évêques qui s’y trouvèrent. Ils délibérèrent
8c refoluren-t d’un commun a v is , ce qui devoit
être obfervé à l’égard de fes confefleurs fchiimatiques-,
8c la délibération fut rédigée par écrit. Cela fait , on fit
entrer dans l'affemblée Maxime, Urbain , Sidoine, Ma-
c a ir e , 8c la plupart des freres qui s’étoient joints à
eux, qui prièrent très-inftammenc, que le paifé fut oub
lié , 8c que tout fut remis comme s’il ne s’étoit rien
fait ni rien dit de part 8c d’autre. Enfuice comme il
étoit de l’ordre, le pape fit part au peuple de cette actio
n , afin qu’ il v it dans l’églife ceux dont l’égarement
l ’affligeoit. Le peuple fidele ayant appris leur bonne v o lonté
, accourut en grand nombre. On n’entendoit que
desaéfions de grâces rendues à Dieu tout d’une v o ix ; ils
exprimoient par leurs larmes la joye de leur coeur -, em-
braifant les confefleurs, comme s'ils n’étoient fortis de
prifon que ce jour-là. Les confefleurs firent leur decla-
tion publique en ces termes: Nous favons que Co rneille
eft évêque de la très-fainte églife catholique,
par le choix de Dieu tout - puiflant 8c de J . C. notre
Seigneur. Nous confeflbns notre erreur; on nousa im-
L i v r e s i x i e ’m b . 1.1.7
pofépardes difcours captieux ; encore qu’en apparence
nouseuflions quelque communication avec un homme
fchifmatique 8c heretique, notre coeur a toujours été
fincerement dans l’églife. Car nous n’ignorons pas qu’il
n’y a qu’un D ieu , un Seigneur J . C.que nous avons con-
feflé , un S. E fp r it , 8c qu’il ne doit avoir qu’un évêque
dans l’églife catholique.
Après cette déclaration des confefleurs, le pape ordonna
au prêtre Maxime de reprendre fa place, 8c reçût
tous les autres avec un grand applaudiflement du
peuple; remettant tout à D ieu , qui a tout en fa puif-
fance. Aumême moment, il dépêcha l’acolyte Nice-
phore, pour en porter lanouvelle àS. Cyp rien , qui l’a-
voit envoyé à R om e ; 8c il le fit partir du lieu même
où l’églife étoit affemblée, pour s’embarquer en d iligence.
Il avertit S. Cyprien d’envoyer fa lettre aux autres
églifes, afin que tout le monde fçût que le parti fchifmatique
s’évanoüifloit de jour en jour. A v e c cette lettre
S. Corneille envoyoit à S. Cyprien l’aéte de la délibération
qu’il avoitfaite avec les prêtres de l’églife R o maine,
8c les cinq évêques qui s’étoient trouvez pre-
fens. Il chargea aufli l’acolyte Nieephore d’une petite
lettre à S. C yp r ien , où il l’avertit pour la fécondé fois
du paflage de Novat 8c des autres quatre fchifmatiques
en Afriq ue , 8c l’inffruifit des crimes d’Evarifte 8c de Ni-
coftrate ; qui feuls de tous les confefleurs étoient demeurez
dans le fchifme. Evarifte avoit été dépofé de l’épif-
copat comme auteur de fchifme, 8c Zetus mis à fa place.
Nicoftrate avoit volé une femme dont il étoit ef-
clave , 8c dont il faifoit les affaires; 8c depuis étant diacre
, il' avoit emporté des dépôts confiderables de l’églife.
L’acolythe Nieephore arriva à Carthage le lendemain
de l’arrivée des fchifmatiques.
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