
cru
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
voir une colombe blanche comme la neige, qui
étant entrée dans la chambre , s’eft arrêtée fur ma tête ;
& defcendant fur mon eftomac, m’a prefenté une viande
fort agréable. J ’ai connu que le Seigneur m’appelloit
t u | i I y. a . n - & me vouloir honorer du martyre. En effet cette viande
délicieufe femble marquer l’euchariffie , que les martyrs
reçevoient avant le combat,
Quand ils furent arrivez au lieu du fupplice, les bourreaux,
fuivant la-coutume, couvrirent de terre les pieds
de Philippe jufquçs aux geno ux , & lui aïant lié les
mains derrière le dos, les clouèrent au poteau. Ils firent
aufli defeendre Hermes dans une foife, & comme
il fe foutenoit d’un bâton, parce que fes pieds trem-
bloïent, il dit en riant. Ah ! démon, tu ne peux même
me fouffrir ici. Auffi-tôt on lui couvrit les pieds de
terre, mais avant que l’on allumât le feu , il appella un
chrétien nommé Veloge, & lui dit : Je yous eônjure
par N. S. J . C. de dire de ma part à mon fils Philippe ,
qu’il rende tous les dépôts que j ’ai reçus, de peur
qu’il ne m’en refte quelque Scrupule -, les loix même de
ce monde l’ordonnent. Dites-lui encore qu’il effe jeune,
& qu’il doit gagner fa vie de Son t ravail, comme il m’a
vû faire , & me bien conduire avec tout le monde. Il
étoit alfez naturel que les chrétiens confiaffent leurs
dépôts à undiacre j choifi , â caufe de fa fidélité, pour
garder les tréfors de l'églife. Hermes aïant ainfi parlé
fut auffi attaché les mains derrière le dos. On mit le
feu au bûcher , & les martyrs rendoient grâces a Dieu
tant qu’ils purent parler. Leurs corps furent trouvez
entiers: Philippe aïant les mains étendues comme dans
la priere, Hermes aïant le teint frais, les oreilles feulement
un peu livides. Juftin commanda de jetter leurs
corps dans l’Hebre; mais quelques citoïens d’Andri--
POplç
AÜa fine. p.
A n . 304.
L i v r e h ü i t i e ’m e .’ 489
n o p le montèrent dans des barques avec des filets, les
péchèrent encore entiers, & les cachèrent pendant f t f i s
jours en un lieu nommé Og e f t i ron, à douze milles de
la ville. -
A ThefPalonique lamême année 304. le gouverneur mi.
Dulcetius étant fur fon tribunal ,- Artemenfis greffier faimèchilniL'&
dit : Je lirai,fi vous l’ordonnez,l’information faite touchant
les perfonnes qui font prefentes, envoïée par le
ftationaire. Dulcetius dit : Je t’ordonne d’en fairelec-
ture. Le greffier dit : Je vous lirai par ordre, Seigneur,
tout ce qui'eft écrit .: Voici ce que demande le bénéficier
Caffander. Ces beneficiers étoientdes foldats qui
fervoient fous les gouverneurs , ainfi nommez à caufe
des bienfaits qu’ils avoient reçus du prince. Caffander
difoit donc-. Sçachez, feigneur, qu’Agathon, Agape,
C h io n ie , Irene, Caf f ia, Philippa & Eutychia ne veulent
pas manger de ce qui a été immolé aux dieux ; c’efl:
pourquoi je les ai fait conduire devant vous. Alors
Dulcetius leur dit : Quelle folie eft la vot re , de ne vouloir
pas obéir aux ordres pieux des empereurs & des
cefars ? & parlant à A ga thon: T o i qui ailois aux facri-
f ice s , félon la coutume de ceux qui font confacrcz aux
dieux ; pourquoi n’as-tu pas mangé de ces facrifices i
Agathon répondit : Parce que je fuis chrétien. Dulcetius
lui dit : Es-tu encore aujourd’hui dans cette réio-
lution ? Affurément,dit Agathon. Dulcetius dit: Et toi
Agape que dis-tu ? Elle répondit : J e c r o i a uD i e u vivant,&
je ne veux pas perdre la fatisfaéVion d’avoir bien
fait. Legouverneur dit : Et toi Chionia î Parce,dit-elle,
que je croi au Dieu vivant, je n’ai point voulu faire ce
que vous dites. Le gouverneur fe tourna, vers Irene, &
lui dit : Que réponds-tu ? Pourquoi n’as-tu pas obéi
aux ordres très-pieux des empereurs Si des cefars ? P&r
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