
4 J t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
faices ce qui vous elt commande. Culcien dit : Si tu
n’avois rien , je ne te pardonnerais'pas ; mais parce que
tu as beaucoup de bien , & que tu peux nourrir prefque
toute la province , je t’épargne , & je te conieille de
facrifier. On voit par-là quelles étoient les aumônes des
chrétiens riches. Culcien dit : Ta pauvre femme te regarde.
Phileas répondit: Jefus-Chrift eft le Sauveur de
tous nos efprits. Il m’a appelle à l'heritage de fa gloire,
c .s. il peut auili l’y appeller. Les avocats voulurent faire
croire qu’il demandoit un délai, & fe jetcerent à fes
pieds avec tous les officiers, le curateur, & tous fes pa-
rens, le priant d’avoir.égard à fa femme, & de prendre
foin de fes enfans. Il demeura ferme comme un rocher
battu par la tempête : difant qu’il devoit tenir pour fes
parens les faints martyrs & les apôtres,
Philorme , ce magiftrac d’Alexandrie dont j’ai parl
é , , fe trouva prefent ; & voïant la fermeté de Phileas
, il s’écria : Pourquoi faites-vous de vains efforts
contre la confiance de cet homme ; pourquoi le voulez
vous rendre infideleà Dieu. Ne voïez-vous pas
qu’il ne vous voit ni ne vous entend, & qu’il eft tout
occupé de la gloire celefte > Ces paroles tournèrent la
eolcre de tout le monde contre Philorame ; ils demandèrent
qu’il fut condamné comme Phileas , par le même
jugement. Le juge y confentit volontiers ,& ordonna
que tous deux euffent la tête coupée. Comme on les
menoit au lieu ordinaire de l’execution, lefrere de Phileas,
qui étoit un des avocats s’écria : Phileas demande
abolition. Culcien le rappelia & lui dit : As-tu appellé?
Phileas répondit: Je n’ai point appellé, Dieu m’en garde
: Ne prenez pas garde à ce malheureux; pour moi
je rends de grandes aiftions de grâces aux empereurs’,
§é a vous , dette devenu cohéritier de T. C, Quand ils
, fùré.hç
L I v r E H u IT i e’m E . : • 433
furent arrivez au lieu de ¡’éxecution-, Phileas étendit les
mains vers l’O rient , & dit à haute voix : Mes chers enfans
, vous qui cherchez Dieu, veillez fur vos coeurs ; car
l ’ennemi comme un lion rugi fiant, cherche à vous a-
battre : nous n’avons pas encore fouffert, nous commençons
à fouffrir, & à être difciples de J . C. Mes
chers enfans, attachez-vous à ces préceptes. Invoquons
celui qui eft fans tache, incomprehenfible, alfis fur les
chérubins, auteur de tout : le commencement & la fin :
a lui foit gloire dans les fiecles des fiecles amen. Quand
il eut ainfi parlé, les bourreaux leur coupèrent la tête à
tous deux.
Il y eut a Alexandrie plufieurs martyrs à qui on coupa
le nez , les oreilles & les mains ; puis on mettoit le &cart>,s
refte du corps en pièces. A Antioche on en grilla plu- ^ TI
iîeurs, pour les faire fouffrir long-temps : & d’autres
aimèrent mieux laifler brûler leur main droite , que de
toucher aux facrifices prophanes ; d’autres fuïant la tentation
j^avant que de tomber entre les mains des perfe-
cuteurs ,^fe précipitèrent de deffus des toits élevez. Ce
qui doit etre attribue à une infpiration particulière du Aug t
S. Efpr i t , fans etre tire a coniequèncé. Il y eut deux
foeurs vierges a Antioche , même d’une nobleffe, d’u- -
ne beaute , d une piete finguliere, que les perfecu-
teurs firent jetter dans la mer. Dans la même ville on Martyr.
compte encore pour martyrs Bafiliffe, Antoine prêtre ,
Anaftafe & plufieurs autres ecclefiaftiques : Marcionil-
e , un enfant nommé Gelfe, fept freres & plufieurs autres.
Dans la haute Syrie, nommée Augufta Euphrate-
ia, Sergius & Bacchus, depuis très-illuftres par leurs
miracles.
En Mésopotamie plufieurs furent pendus par les f c f c
pieds, étouffez d’un petit feu allumé au-deffous. En
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