
Baron, an. 2,3 n. 18. &c.
lier edi an. I.
jnit.
2 32 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e / 1
tions il eft entré dans l’églife, il foaura qu’il doit fouffrir
dans le fiecle plus que les autres , ayant à foûtenir de
plus grands combats contre le démon. Mais quelqu’un
dira : Ce qui m’afflige eft que je m’étois préparé à la
confeflion de la fo i , & que je fuis privé du martyre qui
m’étoit fur. Premièrement le martyre n’eft pas en votre
pouvoir ; Dieu en favorife qui il lui plaît, & vous
ne pouvez dire , que vous ayez perdu ce que vous ne
içayiéz il vous méritez de recevoir.De plus Dieu qui fonde
les coeurs', voit votre bonne difpofition , & ne la
laiifera pas fans récompenfe. Et enfuite: Enfin pour nous
montrer plus clairement le jugement de la divine providence;
un des évêques nos confrères, abbatu par la maladie
& alarmé des reproches de la mort ; demandoit un
peu detems; alors il iè prelènta à lui un jeune homme
fi majeftueux , d’une taille fi avantageuiè, d’un regard
fi éclatant, qu’un mortel eût eu peine à le voir , s’il
n’eût été prêt à iortir du monde. Ce jeune homme,
témoignant quelque indignation par le ion de fa vo ix ,
lui dit: Vous craignez de fouffrir, vous ne voulez point
fortird’ici, que voulez-vous que je vous faife? Puis il
ajoûte : Moi-même qui fuis le dernier de tous, combien
de fois Dieu m’a-t’il commandé en révélation , de prêcher
fouvent, qu’il ne faut point pleurer nos freres
quand il les appelle, puifque nous fçavons qu’ils ne font
pas perdus, mais feulement partis les premiers comme
pour un voyage ; & que nous ne devons pas prendre
ici des habits noirs, puifque nous fçavons qu’ ils en portent
la haut de blancs; ni donner fujet aux infidèles de
nous reprocher , que nous pleurons comme perdus,
i : ceux que nous difons qui viventavec Dieu. Ce que faint
Cyprien dit ici des habits n oirs, marque que les Chrétiens
d’Afrique ne portoient pas d’ordinaire cette cou-
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leu r, comme plufieurs autres. Au refte chez les Ro- g É f f '
mains les hommes portoient le deüil avec du n o ir , les
femmes avec du blanc.
Outre la pefte l’empire étoit affligé de plufieurs guer- xnr.
res, les Scythes , les Goths & d’autres barbares rava-
geoient l’Europe; les Perfes vinrent jufqu’à Anrioche, | v°luf‘
la prirent & la pillèrent. On rejettoit à l’ordinaire fur
les Chrétiens la caufe detous ces maux. C ’eftle fujet du
livre de S. Cyprien contre le jùge Demetrien, où parlant
de la foibleife des faux dieux, il dit: O fi tu vou-
lois les écouter & -voir quand nous les conjurons pour
les chaffer des corps qu’ils poffedent, comme ils font
tourmentez par nos armes fpirituelles ; comme ils pleurent
& comme ils crient, fentant les coups de la puiffan-
ce divine ? Reconnois la vérité de ce que je dis ; crois-en
du moins ces dieux que tu adores. T u verras ceux que
tu pries nous prier eux - mêmes ; ceux que tu reipeéfes
comme tes maîtres, trembler fous nos mains comme
enchaînez. T u dois au moins avoir honte de ton er-,
reu r, en voyant tes dieux découvrir ce qu’ils fo n t , fi-
tôt que nous les interrogeons, & ne pouvoir cacher leur
illufion , même en votre prefènee.
Il dit que Dieu envoyé toutes ces playes pour venger
le fàng innocent des Chrétiens, quoique les Chrétiens
en foient frappez eux-mêmes. Car les adverfitez
du monde ne font des peines que pour celui qui met
toute fa joye & fà gloire dans le monde. Celui-là s’afflige
d’y être mal, qu’il ne peut être bien ailleurs , qui.
met ici tout fon bonheur ; à qui-, quand il fera forti de
cette vie courte & fragile , il ne refte que le fupplice &
la douleur. Pour nous ni les adverfitez ne nous abbat-
tent, ni les peftes ou les maladies ne nous font murmurer.
Nous vivons plus par l’eiprit que par la chair ; Sc