
'Dionyf. Alex.
p. BuJ. vu.
XXVIII.
Lettres de S.
Cyprien à Ju-
baïen & à Porn- péei
Bpifi, ad Jubaï, 73- x
Ü 73-
.¿£•7x11.14.
184 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
même touchantHelenus d eT a r fe , Firmilien de Cefa-’
rée , 8c tous les éyêques d eC ilic ie , de Cappadoce., de
Galatie 5c de tous les païs v o ifin s , fachant qu’ils te-
noient tous la même opinion 6c la même pratique ,d e
rebaptifer les Hérétiques; 8c déclara qu’il ne communi-:
queroit plus avec eux.
Cependant S. Cyprien écrivit un traité du bien de la
patience, pourappaifer les efprits qu’il voyoit s’aigrir
de jour en jour fur cette queftioh. Mais il eu tlad iic rc -
tion de n’y rien dire de particulier, qui pût choquer
perfonne, 8c de s’en tenir aux confiderationis générales.
On croit que ce fut aufli vers ce même tems qu’il com-
pofa le traité de la jalouiie 8c de l’envie. Il envoya le
traité de la patience à un évêque nommé Ju b a ïen , qui
l'avoit prié de lui demander fon avis fur cette queftion*
Il lui envoya les lettres qu’il en avoit déjà écrites, 8c
lui en écrivit à lui-même une grande, où il dit qu’il faut
regarder quelle eft la créance des Hé rétique s, 8c s’ils
croy ent le même Pere , le même F ils, le même S .E fp rit,
la mêmeégiife. Puis examinant en particulier les Mar-
cionites, il foûtient que leur baptême ne peut être bon,
puifqu’ilsnecroyent pas que le créateur foit le Pere de
J. C. ni que le Verbe fe foit fait chair. Il infifte fur la ne-
ceffité de l’impofition des mains que l’on faifoit aux hérétiques;
d'où il prétend inferer la neceffité du baptême
; 8c parlant de l’impofition des mains, que les Apôtres
donnèrent aux Samaritains baptifez, il dit : C ’ett ce
qui fefait encore à prefent parmi nous : ceux qui ont
été baptifez dans l’églife font prefentez aux prélats , 8c
par notre oraifon 8c l impofition de nos mains , ils reçoivent
le Saint-Efprit , 8cfont perfectionnez, c’eft à-
dire, confirmez par le figne du Seigneur. Il reconnoît
qu’ on lui oppofoit la tradition apoftolique, & répond ;
q u’il ne paroît poiqt que les Apôtres ayent reçu perfonne
avec le baptême des Hérétiques. Il dit qu’il ne
fuffit pas que le baptême ait été donné au nom de J . C.
s’il n’ a été donné avec la vraie foi d e J .C . Que lebap-
tême n’eft pas plus fort que le martyre ; qui toutefois ne
fert de rien à ceux qui font tuez hors de l’églife. Il eft
vrai que le martyre fauve les cathecumenes fans baptême;
mais ils tiepnent la foi entiere 8c l’unité de l’églife,
8c reçoivent le baptême de leur fan g , qui fuffit avec la
vraie f o i , commeon voit par l’exemple du bon larron.
Que deviendront donc ceux qui par le paifé venant de
l’herefie à l ’é g life , ont été reçus fans baptême ? Dieu
eft aiTez puiffant pour leur faire mifericorde; mais parce
que l’on s’eft quelquefois trompé , il ne s’enfuit pas
que l’on doive fe tromper toujours. C ’eft ainfi que C y prien
écrivit à Jubaïen.
Cependant il reçut la réponfe du pape S. Eftienne, 8c
les autres évêques en ayant eu la nouvelle , un d’eux
nommé Pompée pria S. Cyprien de lu i mander ce que
contenoit cette réponfe. S. Cyprien lui envoya copie de
la lettre du pape, avec une lettre par laquelle il préten-
doit larefuter.~Nous n’avons point la lettre de iaint E ftienne.
Comme il infiftoit fur la tradition, faintCy prien
s’efforce démontrer, que ce n’eft qu’une tradition humaine
qui doit ceder à l’écriture 8c aux préceptes d e J.C .
fuivant lefquels nous devons fuir l’hérefie 8c tout ce qui
en v ien t, 8c nous attacher à l’unité d e l’églife. La coutume,
dit-il, fans la v é r ité , n’eft qu’une vieille erreur.
S. Eftienne fe fervoit de l’exemple des heretiques, qui ne
ferebaptifoient point quand ceux d’une feû e paffoient
à l'autre; ce qu’il entendoit apparemment en ce fens : La
tradition de ne point rebaptiier a jetté de fi profondes
racines, que les heretiques même n’ofent la combat-
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