
37^ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .’
Mais l'empereur Aurelien ne fut pas toujours fi favorable
aux chrétiens. Il étoit fort attaché aux fuperftitions
païennes ; 8c aïant appris que le fenat doutoit , s’il fifi_
loit confulter les livres des Sybilles : il leur témoigna
qu’il s’en étonnoit : comme fi vous parliez dans l’églife
des chrétiens, & non pas dans le temple de tous les
l l I f i Ï Ï Aun1, dieux. Ce font les termes de fa lettre. Et comme ces con-
fui tâtions produifoient toujours de grands facrifices, il
ajoute : Jenerefufeaucunedépenfe,ni les captifs de quel-
que nation que ce fo it, ni aucune efpece d’animaux ; car
onfacrifioit même des hommes dans ces Cérémonies profanes.
Il fonda des temples en Orient ;& à Rome un temple
du foleil très-magnifique. Tous les temples de Rome
étoient pleins de fes offrandes ; 8c il mit en un feul quinze
mille livres d’or.
hj f ' Su-r la fin de fon regne il fit des édits contre les chré-
m r t .n , 6, tiens: mais qui n’eurent pas l’effet qu’il prétendoit. Car
tous ces perfecuteurs penfoient abolir le chriftianifme ;
8c la mort l’empêcha de continuer; Il ne nous relie au.
çïins aétes certains des martyrs de çettç perfecucion :
mais les martyrologes y en rapportent un grand nombre,
^Manyrci. 5i. particulièrement dans les Gaules ; où nous voïonsfainte
I. Ju n . Martyr.R. Colombe vierge à Sens ; à Troïes l’évêque S. Savinien ;
Autun S. Reverien auifi évêque ; dans l’Auxerrois S.
Prifque , vulgairement S. Bry , avec une grande multitude
d’autres martyrs, dont les chrétiens mirent les
it.Auf. corps à la hâte dans unecifterne. A Preneile en Italie
on remarque S. A g ap ir , âgé feulement de quinze ans :
8c on dit que l’exemple de fa confiance dans les tournions
convertit un corniculaire ou greffier, nommé
ub.dontifa Anaftafe , qui fouffrit auffi le martyre. On compte plu-
fieurs martyrs à Rome dans cette perfecution ; 8c il y a
apparence que le pape fainc Fchx fut du nombre , car il
mourut
mourut le vingt-deuxième de Décembre fous le confu-
latde l’empereur Aurelien 6c de C apitolin,c’eft-à-dire,
l ’an 17 4 - après avoir tenu le faint fiege près de cinq ans.
Le cinquième de Janvier fuivant on élut à fa place Eu-
tychien , qui gouverna près de neuf ans.
L’empereur Aurelien s’attira la haine des fiens, en
fuivant fon humeur fevere , jufques à faire mourir fa
niece pour un fujet aifez leger. Il menaça fur quelque
foupçon un affranchi, qui étoit fon feeretaire ; 8c celui-
ci fçaehant, qu’il ne pardonnoit point, contrefit fon écriture
, dreffia un mémoire de plufieurs officiers des troupes,
à qui Aurelien vouloit du m a l, ôc il n’oublia pas
fon nom. Il montra ce mémoire à ceux qui y étoient
nommez. La crainte*8c le dépit d’être fi malrecompen-
fe z , ne manqua pas de les animer ; ils prirent leur temps
comme il marchoit dans la Thrace , entre Bizance 5c
Heraclée, en un lieu nommé Cenofrurium ; ils fe jet-
terent fur lu i , 8c le tuerent. C ’étoitenvironlemoisd’A-
vril l’an de J .C . 1 7 ; . Aurelien régna quatre ans 8c quatre
mois.
L’empire vaqua fix mois. Les foldats ne voulantélire
aucun de ceux qui avoient eu part à la mort de ce prince
, qu’ils cheriffoient, défererent l’éledion au fenat. Le
fenat la renvoïa aux fol dats,fçaehant qu’ils ne recevoient
pas volontiers les empereurs que le fenat avoit choifis ;
ils fe renvoïerent ainfi l’éleétion les uns aux autres jufques
à trois fois. Enfin, le fenat élut Tacite le vingt-
cinquième Septembre de la même année mais il ne
régna- que fix m ois, 8c mourut a Tyane au mois d A-
vril de l’année 2.76. Le fenat 8c le peuple Romain
avoient conçu de grandes efperances de çe prince :
auffi pour les çonfoler de fa mort, les arufpices prirent
occafion de la foudre qui avoit abattu fes ftatuës 8c celles
Tome I I . B b b
A h. 174.
IX .
Mort d’Aürcliet
Tacite empereur
puis Probus.
Vopifco in Aur. j
2 1 1, BZofim.
p. 66t.
A». 27J.
Voptfc. ïn Tac.