
Euf. de martyr,
fale ft. c. 8.
fin. 308.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
mines de cuivre , après les avoir fait tailler & rendus
ennuques, quoique ce fuiTent des hommes faits. Il
en tenoit d’autres en prifon, après de cruels tourmens
entre lefquels étoit l’illultrc Pamphile prêtre delegli»
fe de Cefarée. Mais Urbain qui traitoit ainfi les chrétiens
, & qui s’étudioit à inventer tous les jours contre
eux de nouvelles cruautez , tomba dans la diigrace du
cefar Maximin, dont la faveur le rendoit extrêmement
fier. Il fut accufé, amené devant le tribunal, condamné
à avoir lá tete tranchée & exécu té avec les autres
criminels.
L ’année fuivante 308. fixiéme de la perfécution, entre
une multitude inombrable de confeifeurs releguez
depuis long-temps en un lieu de la Thebaïde nommé
Porphyrite, à caufe des carrières de porphyre; on en
prit quatre-vingt-dix-fept, hommes, femmes & petits
enfans, & on les envoïa en Paleftine , au gouverneur
Firmilien fuccefteur d’Urbain. Après qu’ils eurent con-
fefte Dieu le créateur & J . Ç- il leur fit, par ordre de
l’empereur, brûler avec un fer chaud, les nerfs de la
jointure du pied gauche. Puis avec des ftilets on leur
,creya à chacun l’oeil d ro it , & on le brûla avec des fers
chauds, jufques au fonds de l ’orbite & à la racine. En
cet état on les envoïa travailler aux mines-, qui étoient
dans la province. Le cefar Maximin voulut aufti voir
combattre devant lui les copfefleurs de Paleftine, qui
avoient été condamnez au combat à coups de poing ;
quoiqu’ils n’euflent point été nourris à lès dépens, ni
exercez comme les athletes avoient accoutumé de l’être,
Ils déclarèrent leur fermeté dans la foi & devant les
procurateurs de cefar & devant Maximin lui-même ,
& fouffrirent plufieurs tourmens.
Incontinent après on en amena d’autres, que l ’on
|fÉ
avoit pris à Gaza ; parce qu’ils avoient fait une aflem-
blée pour lire les faintes écritures. Les uns eurent aufti
les pieds brûlez & les yeux crevez ; les autreseurent les
cotez déchirez & fouftrirent des tourmens plus cruels.
Entre les chrétiens de Gaza étoit une vierge , qui menacée
de perdre l’honneur dit : Que le cefar donnoit le
gouvernement à des juges bien cruels. Pour la punir de
parler ainfi contre le prince , on lui donna plufieurs
coups ; puis l’aïant fulpendue en haut, on lui déchira
les cotez. Alors une' vierge de Cefarée même nommée
Valentine, mal faite de corps & demauvaife mine; mais
d’un grand courage, cria au juge du milieu de la foule :
Tourmenteras-tu long-temps ainfi ma ioeur ? On la
prend ; elle confefle hardiment le nom du Sauveur ;
& comme elle refufoit de facrifier ,on la traîne de fo rce
à l’autel. Elle fe jette deiTus & renverfe à coups de
pied les bois & tout ce qui y étoit. Lejugeen furie lui fit
déchirer.les côtez plus cruellement qu’à aucune autre;
puis il la fit attacher avec celle qu’elle nommoit fa foeur,
& les fit brûler toutes deux enfemble.
En même temps un martyr nommé Paul fut condamné
à perdre la tête. Il demanda à l’executeur un peu
de temps, &c Tarant obtenu, il pria Dieu à haute voix
de fe rendre favorable aux chrétiens & de leur accorder
au plûtot la liberté : puis il pria pour la converfion
des Ju ifs : puis pour les Samaritains ; enfuite pour les
Gentils, afin qu’ils vinflent à la connoiffance du vrai
D ie u ,& particulièrement pour la multitude qui Tenvi-
ronnoit. Enfin, il pria pour les empereurs, pour le juge
qui l’avoit condamné & pour le bourreau qui l’alloic
executer, afin que ce péché ne leur fût pas imputé. Tous
les aftiftansl’oiiirent ainfi prier, & la plupart en furent
touchez jufques aux larmes. Il fe prépara lui-même, pre