
4 i£ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
cetce religion les officiers du palais 8c les gens de guerre,
Galerius ne fe rendit point à ces raifons. Diocletien
voulut donc prendre confeil ; car il avoir cette malice
de ne point confulter quand il vouloir faire du bien
afin d’en avoir feul l ’honneur ; mais de confulter quand
il vouloir faire du m a l , afin d’en rejetter le blâme fur
d’autres. On fit entrer quelque peu d’officiers de juftice
8c de guerre , & on leur demanda leur avis fuivant leur
dignité. Quelques-uns pouffiez par leur haine pa r t iculière
, difoient qu'il falloit ôter les ennemis des dieux
& de la religion publique ; 8c ceux qui étoient d’un autre
avis firent femblant d’être de celui-ci, voïant où pen-
choit Galerius. Diocletien ne fe rendit pas pour cela :
il dit qu’il falloit principalement confulter les dieux, 8c
envoïa un arufpiceà Apollon deMi le t . Apollon répondi
t , non par la prêtreffie, mais du fond d’un antre ob-
aÎ ' ^eur : ^es iuftes> Ornent fur la ter re,Tempêchoient
de dire la vérité ; & que c’étoit la raifon pourquoi
les oracles qu’il rendoit du trépied , étoient faux.
L a prêtreffie difoit la même chofe , aïant les cheveux
ep a r s , & fe lamentant du malheur du genre humain,
Diocletien demanda à fes officiers, qui étoient cesjuftes
fur la terre. Un de ceux qui fervoient aux facrifices, dit:
C e font des chrétiens fans doute. L ’empereur l ’écouta
avec plaifir, 8c refolut la perfécution ; ne pouvant réfii,
ter a fes ami s , au cefar & a Apollon. Il voulait toutefois
garder la mod éra t ion, de ne point répandre de
fang : au lieu que Galerius vouloir que l ’on brûlât vifs
ceux qui refuferoient de facrifier,
zu/.yu. hi/i. c. Le jour qui fut marqué pour l ’execut ion, comme un
a. Pqgt. an, l o i . • A t l . * i * * ~ y
fa ji ' Jour convenable & heureux , fut la fête des Termina,
les, le dernier jour de 1 ancienne année Romaine , qui
çtoit le vingt-troifiéme de Février : comme pour ter?
initier
L i v r e h u i t i e ’m e . 4 17
miner en ce jour la religion chrétienne. Ce jour étant
donc venu l’an 303. de J . C . qui étoit le vingtième du
regne de Diocletien , fon huitième con fu la t , 8c le fep-
tiéme de Maximien Herculius : dès la pointe du jo u r ,
un préfet avec des capitaines , des tribuns & des tréfo-
riers, vint à l’églife de Nicomedie. Aïant rompu les
portes, on cherchoit l’idole du dieu. On brûle les écritures
que l’on trouve , on abandonne tout au pillage :
on prend , on court de tous cotez. L ’églife étoit en un
lieu élevé que l’on voïoit du palais. Diocletien 8c Gale-
nus la regardoient, 8c confulterent long-temps s’il ne
valoir pas mieux la brûler. Diocletien fut d’avis que non,
& l’emporta , de peur qu’allumant un fi grand feu on ne
brûlât une grande partie de la ville car l’églife etoit environnée
de toutes parts de plufieurs grandes maifons.
On envoïa des foldats prétoriens qui marchoicnt en bataille
avec des cognées 8c d’autres ferremens ; ils environnèrent
le bâtiment ; 8c quoiqu’il fut for t e le v e , en
peu d’heures ils le raferent.
Le lendemain on afficha u n é d i t , portant que toutes
les égides feroient rafées & les écritures brûlées :
que tous ceux de cette religion feroient privez de tout
honneur 8c de toute dignité : qu'ils feroient fujets aux
tourmens , de quelque ordre 8c de quelque rang qu ils
fuffent : que l’on auroit adtion contre eux, & qu’ils n en
auroient contre perfonne , non pas même pour redemander
ce qu’on leur auroit en le v é , pour fe plaindre
d’une injure ou d’un adultéré : que les affranchis per-
droient la liberré. Il y eut un chrétien dun e qualité
diffinguée, qui pouffé d’un zele exceffifeut la haidieffe
d’arracher publiquement cet edit 8c de le déchirer ; (e
mocquant des viétoires contre les Goths 8c les Sarmates
dont il faifoit mention. Ce chrétien fut pris auffi-tot,
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