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de voir de Ton vivant fes images abattues : auffi Dioclc-
ticn en conçut un tel chagrin , qu’il réfolut de mourir.
Maximin avoit de la jaloufie contre Licinius , que
Gàlerius lui- avoit préféré. Ainfi nonobftant le traité
qu’ils venoient de faire, quand il fçut que Conftantin
avoit promis fa foeur à Licinius, la liaifon de ces deux
empereurs lui parut une conjuration contre lui. Il en-
voïa donc fecretement à Rome, pour demander à
Maxence fon alliance & fon amitié. Ce, fecours parut
à Maxence comme venu du ciel : il reçut bien les am-
baifadeurs, on fit le traité, on mit enfemble les images
des deux empereurs Maximin & Maxence. Maxence
fe tenoit enfermé dans Rome à eaufe d’un oracle
qui le menaçoit de mort, fi il fortoit hors des portes.
Il ne laiifoit pas de faire la guerre par de bons capitaines
; & il étoit le plus fort. Outre l’armée de fon-
pere , dont il avoir dépouillé Severe, il en avoir une’
autre de Maures & d’italiens , qui lui étoit particulière.
Il y eut quelques combats où les troupes de Maxence
eurent l’ayantage ; enfin Conftantin fe fervane de tout
fon courage & réfolu à tout événement, approcha de
Rome avec toutes fes troupes, & campa vis-à-vis dtf
pont Milvius.
xtrii. Comme fes forces étoient moindres que celles de Croix miraculeu- % r . i , * p , •,
î c . Max ence, i l crut avoir beloin d un lecçmrs luperieur y
Hufeb.vita Confi. & penfa à quelle divinité il s’adreiferoit. il confiderà
lib. I . c. zq. z i. i ’ l F - • / / i &c. que les empereurs qui de ion temps avoient ete zelez
pour l’idolâtrie & la multitude des dieux avoient péri
miferablement -, <k que ion pere Confiance, qui avoir
honoré toute fa vie le feul Dieu fouverain, en avoir
reçu des marques fenfibles de protection. Il réfolut
donc de^attacher à ce grand Dieu ; & fe mit à le prier
inftamment, de fe faire connoître à lui, & d’étendre
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L i v r e n e u v i e ’m e . Cw
fur lui fa main favorable. L’empereur Conftantin prioit
ainfi de toute fon affeétion ; quand vers le midi , le
foleil commençant à bailler , comme il marchoit par
la campagne avec des troupes, il vit dans le ciel au-
deffus du foleil une croix de lumière & une infeription
qui difoit : Ceci te fera vaincre. Il fut étrangement
furpris de cette vifion, & les troupes qui l’accompa-
gnoient & qui virent la même chofe , ne furent pas
moins étonnées. L’empereur long-temps après racon-
toit cette merveille, Scaffuroitavec ferment l’avoir vue
de fes yeux, en prefence d’Eufebe évêque deCefarée,
qui en a écrit l’hiftoire.
Conftantin fut occupé le refte du jour de cette merveille,
penfant à ce qu’elle pouvoir fignifier. La nuit
comme il dormoit J. G. lui apparut avec le même ligne
qu’il avoit vû dans le ciel -, & lui ordonna d’en
faire une image & de s’en fervir contre fes ennemis
dans les combats. L’empereur fe leva avec le jour, &
déclara le fecret à fes mis : puis il fit venir des orfèvres
& des joüailliers ; & s’étant affis au milieu d’eux,
leur expliqua la figure de l’enfeigne qu’il vouloit faire ; ’
& leur commanda de l’executer avec de l’or & des pierres
précieufes : en voici la forme. Un long bois comme
d’une pique revêtu d’or avoit une traverfe en forme
de croix : au bout d’enhaut étoit attachée une couronne
d’or & de pierreries qui enfermoit le fymbole
.du nom de Chrift , c’eft-à-dire , les deux premières
lettres Chi & Ro , le Ro pofé au milieu du
Chi en cette forte. A la traverfe de la croix
. .x pendoit un petit drapeau quarré d’une étoffe
très-précieufe : de pourpre tiffuë d’or & chargée de pierreries.
Au-deffus de ce drapeau & au-deffous de la petite
croix, c’eft-à-dire du monogramme , étoit en or
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