
24S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
« r w S ! sS' ^ont 1 avoit le foin , & qui par affeélion le fuivoit en
grand nombre, le confulta quel étoit le meilleur parti.
Fuyez, d it-il, le malheureux Novat & revenez à l’é-
glifi catholique. Je voi maintenant les choies tout autrement
, 8c je me repens de ce que j ’ai enfeigné. Après
qu’il eut ainil détrompé fon peuple, il fut mené à Oftie,
où le prefet de Rome étoit allé ce jour-là pour étendre
la periecution hors la ville , qu’il avoit déjà remplie
de làng. Il étoit fur fon tribunal environné de bourreaux
& d’inftrumens de fupplices, 8c devant lui des
troupes fideles, dont la craiïe 8c lescheveux longs mon-
troient qu’ils avoient croupi long-temsen priibn. Mais
voyant que les tourmens étoient inutiles, & qu’il n’en
pouvoir ébranler aucun, il les condamna tous à la mort.
A l’un il fit couper la tête, il fit mettre l’autre en croix,
il en fit jetter plufieurs dans une barque pourrie , qui
coula promptement à fonds.
On lui préiènta le vieillard Hyppolite chargé de chaînes
: 8c une foule de jeunes gens crioient toutautounque
c’étoit le chef des Chrétiens, qui devoit périr par quelque
nouveau genre de fupplice. Comment s’appelle-t’il,
dit le prefet ? Ils répondirent qu’il fe nommoit Hyppolite.
Q u ’il ibit donc traité comme Ovia.iB.me- r r • a ’ / i HvJ prpro lit»e , dit le
4j. preret, & qu il ioit trame par des chevaux indomptez.
Il faifbit allufion à Hyppolite fils de Thefée , fameux
dans les poètes profanes ; qui fuyant la colere de ion
pere rencontra un monftre , dont fes chevaux furent
épouvantez 5 en forte qu’il tomba de fon cha rio t, fut
traîné & mis en pièces. Auifi-tôt on prend d’un haras
deux chevaux des plus farouches , on les attache ert-
fimblc à grande peine, 8c on paife entr’eux au lieu de
timon une longue corde , au bout de laquelle on attache
les pieds du martyr. Puis ils excitent les chevaux
par
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par de grands cris, des coups de foü e t& des aiguillons.
Les dernières paroles du Saint que l’on entendit, furent :
Seigneur, ils déchirent mon corp s, prenez mon ame.
Les chevaux commencèrent à l’emporter avec furie ,
dans les bois, fur des rochers 8c fur des épines. Ils abattent
les hayes 8c rompent tous les obftacles ; leur chemin
eft arrofé du iàng du martyr , 8c fon corps déchiré
en mille pièces, qui demeurent éparfes detouscôtez.
Les fideles fuivoient fondant en larmes , 8c conduits
par les traces de fon iàng , ramaifoient foigneufement
fes reliques, & juiques au iàng , dont la terre & les arbres
étoient imbibez, 8c qu’ils recueilloient avec des
éponges. Enfin ils l’enfevelirent à Rome dans les Catacombes
, auprès d’un autel. On célébré fa mémoire le
1 3 . d’Aouft.
Le pape S.Cprneille mourut dans fon exil cette même
année. 2 j 2. le 14 . de Septembre, après avoir tenu le iàint
fiege un an 8c environ cinq mois. Les quatre lettres qu’il
avoit écrites à Fabius évêque d’Antioche’ au lujet de
Novatien reftoient du tems de S. Jerôme. Au pape iaint
Corneille fucceda Lucius, l’un des prêtres confelfeurs,
qui avoient été exilez avec lui ; mais Lucius fut encore
relégué par les perfécuteurs, peuple temps après fon
éleétion. Si-tôt que iàint Cyprié# l’eut apprife , il lui
écrivit, pour iè réjoüir avec lui du double honneur qu’il
avoit reçû,de la confeffion & du iàcerdoce, L ’exil du
pape Lucius ne fut pas lon g, & i l lui fut permis de revenir
à Rome, & iàint Cyprien avec les évêques fis confrères
lui écrivirent une fécondé lettre, pour le congratuler
de fon retour. Nous comprenons,dit-il,mon
très - cher frere, lesiàlutairesconfeilsdeDieu, 8c pourquoi
cette perficudon fubire s’eft élevée. Le Seigneur
a voulu confondre les heretiques , 8c montrer quelle
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