
<52 H i s t o 'ï R e E c c l e s i a s t i q u e .
. 1 4 . 1 . gj J e j pje£js< Labomé de Dieu eft avant la feverité que
le péché a attirée ; le crime eft le premier m a l, dont la
peine n’eft qu’une fuite : elle eft donc mal d’une autre
fo rte ; mal pour celui qui fouffre, en tant qu’elle l’afflig
e , bien en tant qu’elle le corrige; 8c bien abfolument
pour celui qui l’ordonne juftement.
m. a ,. . Pour montrer l’origine du mal, Tertullien établit le
c.9- libre arbitre de l ’homme ; c’eft par-là qu’il eft principa-
lement l’image de D ieu, mais comme l’image eft toujours
au deffous de l’o rig ina l, l’homme eft defeéfcueux
eiT ntiellement. D ieu l’avo itm isen état de v i e ; il s’eft
mis lui’ même en état de mort, il en eft de même de l ’an-
I8' g e ; Dieu l’a fait ange, 8c c’eft lui qui s’eft fait démon.
A in fi s’évanoiiit l’objeition que l’on tiroit du péché de
l’homme, pour accufer le créateur d’ignorance s’iln e
l’avoit pas p re vû , ou de malice, de ne l’avoir pasempê-
(t 7_ ché , l’ayant prevû. Dieu eft ferme dans fes deifeins j
il conferve fon ouvrage tel qu’i l l ’a fa it ; il a créé l’homme
libre : le pouvoir de pecher eft une fuite de la liberté
créée : il la laiife avec toutes fes fuites, lescrimes, les fup-
plices qui retournent à fa gloire,
nt. irt.f.j. Quant à l’incarnation 8c la miffion du M e lïie , il die
que ce n’étoitpas affez qu’il fit des miracles, s’il n’eût
été promis par les prophéties qui l ’avoient précédé ;
parce que nous fommes avertis que les faux prophètes
feront au Aidesmiracles. Il rend raifon pourquoi les pro-
.. j-, pheties comptent fouvent le future pour le prefent, c’eit
*■8- que Dieu tient pour fait ce qu’il a une fois refolu. Pour
montrer que J .C . étoit homme réellement, non feulement
en apparence, il dit que s’il avoit pû tromper les
hommes, quant à fon humanité ; ilauroit pû encoreplus<
M. iY.c.8,41. aifement les tromper quant à la d iv in ité , & paroître
Dieu fans l’être. Il avo it un vrai corp s, puifqu’il tou-
L i v r e c i n q j j i e ’ me. j 3
choit 8c étoit touché : puifqu’il dit qu’ il touchoit le^ malades
pourles guérir : qu’il reçût l’onétion de la peche-
refte qui répandit le parfum fur fes pieds : enfin puifqu’il
mourut &c rendit l’efprit : qu’il apparut après fa refurrec-
sion, Si fe fit toucher, pour preuve qu’il avoit de la chair
8c des os. S’il n’avoit eu un vrai corps, il ne feroit ni mort
n iré fufe ité , 8c toute notre foi feroit vaine. ¡c'My
Les Maicionites difoient quela chair étoit indigne
de J . C. 8c reveloient avec exagération tout ce qu’il y a
de.fale 8c de honteux dans lanaiftance des hommes.Mais
Tertullien nomme tout cela les faints 8c venerables ouvrages
de la nature ; 8c dit que la mort 8c la croix feroient
plus indignes d’un Dieu , que la naiffance 8c l’enfa nce :
mais que rien n’eft fi indignedeluiquelemenfonge,pour
paroître ce qu’ il n’eft pas. A u r e f te , il étoit prédit qu’ il
feroit chargé d’opprobre 8c de confufion, jufques à pa-
roîtreuïi ver plûtôt qu’un homme: 8c il falloir qu’il y
eût de honte à le confeffer ; afin que l’homme qui n’avoit
pas rougi d’adorer lebois 8c la pierre, fatisfît à Dieu
pour l’impudence de l’idolâtrie, par lafàinte impudence
de la foi. Il dit qu’ il étoit notoire que J .C . étoic fils de
D a v id :p a rc e quela diftinèfion des familles Sc des tr ibus
fubfiftoit encore alors chez les Ju ifs : 8c que la naiffance
de J .C . étoit marquée dans le cens, fait fous Au-
gufte, 8c gardé dans les archives Romaines, il s’eft nommé
fils de l’homme, en montrant qu’il pouvoir remettre luc.v.
les pechez : pour prouver qu’il étoit Dieu 8c homme
tout enfemble : 8c c’eft ce fils de l’homme marqué dans
D an ie l, à qui a été donnée la puiffance d éju ger. Au d m,
refte , en parlant du royaume de J. C. Tertullien mon-
tre clairement qu’il étoit Millénaire : ce qui n’eft pas
merveilleux,puifqu’il avoit même donné dans les vifions
des Montaniftes.
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19. tîb.
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c.7. I*.
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