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bouche des apoftats ; ils n’ont point cefle de communiquer
avec eux, & de les détourner de la penitence.En
effet, les deux fehifmes, qui divifoient alors l’églife ,
étoient fondez fur des excès oppofèz.Novatien nevou-
loit point que l’on donnât l’abfolutiôn ni la paix à ceux
qui étoient une fois tombez dans l’idolâtrie , quelque
penitence qu’ils fiffent. Feliciffime vouloit qu’on les
reçût d’abord fans leurimpofer de penitence. Saint Cy-
' prien continue : Non contens d’avoir ôté- aux pecheurs
l’eiperance de la iatisfa&ion y leur fàifent perdre tout
fentiment & le fruit de là peni tence, ils ont encore établi
hors de l’églife & contre l’églife une affemblée de
leur faétion , compofee d’une troupe de gens, qui ne
veulent point fatisfaire à Dieu pour les crimes dont ils
iè tentent coupables.
Après cela ils otent encore palTer la mer, & porter
des lettres de la part des fchiimatiques à la chaire de
Pierre & à l’églife principale, qui eft la fource de l’unité
fàcerdotale ; lans penfer que ceux à qui ils s’adrelTent
Km. i. s. pont ces R omains ? dont l’apôtre a loüé fi hautement l'a
foi ; & auprès de qui l’infidélité ne peut trouver d’accès.
Mais quelles rations ont-ils d’y aller , & d’y porter
la nouvelle d’un faux évêque établi contre les évêques
véritables? car où ils font contens de ce qu?ils ont fait,
ou s’ils s’en repentent ; ils lavent où ils doivent revenir.
Il eft établi entre nous tous & avec juftice , que
chaque, coupable ibit examiné au lieu où le crime a été
commis ; une portion du troupeau eft attribuée à chaque
pafteur , pour la gouverner '& en rendre compte
au Seigneur. 11 ne faut donc pas que ceux qui nous
font ibumis courent çà &là, & mettent la defunion entre
les évêques ; mais qu’ils plaident leurcaute au lieu où
ilspeuyent avoir des accufateurs & des témoins de leur
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crime. Si ce n’eft que ce petit nombre de deteljjerez ne
trouve pas fuffifante l’autorité des évêques d’Afrique ,
qui les ont déjà jugez & condamnez. Leur caufe a été examinée,
leur Sentence prononcée ; & il eft indigne de la
gravité des évêques , qu’on leur pût reprocher d’être
légers 8c inconftans , puilque le Seigneur nous apprend
que nous ne devons dire que : Oüi, oüi : Non , non.
Si l’on compte ceux qui les jugèrent l’année derniere
avec les prêtres 8c les diacres, on en trouvera plus qu’il
n’en paroît maintenant avec Fortunat. C’eft ainfi que
Saint Cyprien écrivant au pape même, te plaint d’une
appellation à Rome, comme d’un procédé notoirement
irregulier.
Il ajoûte que la plûpart des tehifmatiques revenoient
à l’églife, mais qu’il ne les recevoit pas ians choix. Car,
dit-il, il y en a à qui plufieurs crimes, où l’oppofition
de nos freres, font un tel obftacle, qu’il n’eft pas poffi-
ble de les recevoir , au fcandale du plus grand nombre,
pour recëuillir de miferables fragmens, il ne fautpas bief-
fer ce qui eft iain & entier. Et enfuite : Je fouhaite que
tous retournent à l’églife ; je remets tout, je diffimule,
je n’examine pas en toute rigueur les fautes commîtes
contre Dieu ; je peche preique moi-même, par trop de
facilité ; j’embraiïè avec joy e & avec amour ceux qui reviennent
avec repentir, 8c qui confeifent humblement
leur péché. Mais fi quelques-uns croyent fe pouvoir
ouvrir la porte de l’églife, par les menaces & par la terreur,
plûtôt que par les prières &lesfoumiifions; qu’ils
lâchent que le camp invincible de Jefus-Chrift ne cede
point à des menaces. Un évêque tenant l’évangile & gardant
les préceptes de Jefiis Chrift peut être tué; mais il ne
peut être vaincu. Faut-il abandonner la dignité de l’églife
catholique, afin que celui qui y préfide foit jugé
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