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délivroit cous les prifonniers ; on le laiffa feul en prifon,
& on l’y étrangla , fans le tirer de fes entraves. Cela fe
paifa la première année , lorfque la perfécution n’atta-
quoit que les miniftres de l’églife,
A T y r plufieurs martyrs après avoir fouffert des coups
de foüet innombrables | avec un confiance merveilleu-
fe ,. furent expofezÀ des léopards, des ours Si des £an-
gliers que l’on excitoit avec le fer Si le feu. Ces betes
venoient avec des cris terribles ; Si les martyrs les atten-
doienc depied-ferme, mais elles n’ofoient en approcher;
Si fe retournoient contre les païens qui les excitoient-
Il n’y avoit que les martyrs qu’elles épargnoient, quoiqu’ils
fuifent nuds Si qu’ils remuaient les mains pour
les attirer y car on leur commandoit de le faire. Quelquefois
les bêtes s’élancaient contr’eux ; mais il fem-
bloit qu’une force divine les repoufsât en arriéré. Une
première bête n’aïanr rien f a i t , on en faifoit venir une
fécondé Si une troifiéme contre le même martyr : un
d’eux qui n’avoit pas vingt ans, fe tenoit debout, les
mains étendues en forme de croix, Si prioit tranquillement
, fans faire aucun mouvement ; au milieu de ces«
bêtes, qui fembloient l’aller devorer, Si qui par urte
vertu fecrete retournoient en arriéré. Cinq autres, qui
étoient Egyptiens, furent expofez à un taureau furieux,
il jettoit en l’air de fes cornes les païens, qui s’appro-
ehoient de lu i , Si les laiifoit demi-morts -, mais venant
en furie contre les martyrs, il ne pouvoir s’approcher
d’eux retournoit en arriéré ,, trépignant des pied, &
donnant des cornes de côté Si d’autre. On leur prefen-
ta encore d’autres bêtes, Si enfin on leur coupa la tête
à tous, & on les jetta dans la mer.. Eufebe depuis évêque
de Cefarée raconte ces faits, pour les avoir vus de
fes yeux.
L i v r e h u i t i e ’m e . 41-7
En Egypte une infinité d’hommes, de femmes Si
d'enfans moururent en diverfes maniérés ; Si toutefois t£
les païens mêmes en fauverent plufieurs, cachant ceux a
qui avoient recours à eu x , Si s'exposant à la perte de fE
leurs biens & à la prifon plutôt que de les trahir. Saint
Athanafe difoit depuis l’avoir appris de fes peres. Quant
aux martyrs les uns après avoir fouffert les dents de fer,
les fouets & les tortures, furent brûlez : les autres noïez
dans la mer : d’autres eurent la tête tranchée , d’autres
moururent dans les tourmens : d’autres moururent de
faim : d’autres furent èrucifiez , les uns à l’ordinaire ,
comme les ma l fa i teur s , les autres clouez la tête en
bas ; & on les gardoit jufques à ce qu’ils mouruffent de
faim fur leurs poteaux. En Thebaïde on exerça des
cruautez incroïables. Au lieu d’ongles de fer , on fe fer-
voit de refis de pot-s caffez pour déchirer les martyrs
par tout le corps, jufques à ce qu’ils expiraffent. On at-
tachoit des femmes par un pied, & on les élevoitainfî en
l’air avec des machines ; enforte qu’elles demeuroient
pendues la tête en bas entièrement nues, donnant un
fpeétacle également honteux Si cruel. I ly avoit des hommes
, que l’on lioit par les jambes à de groffes branches
de deux arbres, que l’on avoit approchées avec des machines,
puis on les lâchoit pour reprendre leur ficuation
naturelle, Si en fe redreffant elles démembroient les
martyrs.
Ces cruautez ne durèrent pas peu de temps. Mais
pendant les années entières, on en faifoit mourir par
jour tantôt d i x , tantôt v in g t , tantôt trente , tantôt
foixante , tantôt cent, avec leursfemmes Si leurs enfans
tous petits. Eufebe dit avoir appris étant fur les lieux ,
qu’en un jour on avoit coupé tant de têtes , que le fer
CS étoit émouffé , ôi fe caffoit même quelquefois : Si