
i 9e H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
des foldats trouvèrent Ta rfic acolyte , qui portoit la
fainte euchariftie. ils voulurent favoir dequoi il etoit
chargé. Lui plûrôt que de découvrir aux profanes les
Mann. ü. faints myfteres, fouffrit d’être battu julques à la mort,
An. Damaf. s qe pierres & de bâtons ; mais quelque foin qu’ils
<cdrtïu i i • r * ^ . , 1 t r *1 prifient de le foiiiller & de retourner ion corps , iis ne
purent rien trouver. f < ■■■>
x x xiv . La perfecution étant commencée , Emilien preret
ïxii de s. Denis ¿ ’E gypte, fit venir devant lui faint Denis eveque d Alexandrie,
fuivi du prêtre Maxime & de trois diacres,
Tila “ Faufte, Eufebe &Cheremon. Il y avoit auifi avec eux
un chrétien venu de Rome nomme Marcel, Qaand ils
f u r e n t entrez,Emilien d it: J ’ai voulu vous parlerauffi
de viv e voix de l’humilité dont nos princes ont uié envers
vous. Car ils font dépendre de vous votre falut ; fi
vous voulez adorer les d ieux, qui confet vent leui emp
ire , & oublier ce qui répugné à la nature. Que dites-
vous donc à cela > je m'attends que vous ne ferez pas
méconnoiflans deleurbonté.S Denis répondit:Tous n a-
dorent pas tous les d ieu x, mais chacun adore ceux qu il
croit. Pour nous c’eft le feul D ie u , le créateur de toutes
chofes; qui même a mis l’empire entre les mains des
auguftes Valerien & Gallien qui lui font trè s -ch e rs :
c’eft celui-là que nous honorons & que nous adorons;
& nous lui faifons continuellement des pneres pour
leur regne , afin qu'il foit toujours tranquille. Le prefet
Emilien leur dit : Et qui vous empêche d’adorer Ci Dieu
s’il eft Dieu, avec ceux qui le font naturellement; car on
vous ordonne d’honorerles dieux , & les dieux que tout
le monde connoît. Saint Denis répondit : Nous n'en
adorons aucun autre. Emilien dit: Je v o i que vous et es
ingrats & infenfibles à la bonté des empereurs ; c elt
pourquoi vous n e demeurerez pas en cecte v ille , mais je
a vous
L i v r e s n t u ’ m e . 29 7
vous envoyerai du côté de la Lybie, en un lieu nommé
Kefro, que j’ai choifipar leur ordre ; & il ne vous
fera permis ni à v o u s , ni a aucun autre de faire des
aiTemblées, ni d’entrer dans ce que vous nommez cimetières.
Si quelqu’un ne iè rend pas au lieu que j’ordonne
, ous’il fe trouve en quelque aiTemblée, il fè mettra
lui-même en péril, & le châtiment convenable ne
j lui manquera pas. Allez donc où il vous eft ordonné.
Quoique S. Denis fût malade, on le prefla de partir
, fans lui donner un jour de délai. Il ne fçavoit où
étoit ce lieu de K e f r o ,o ù o n l ’en voyoit,&àpeine l’a-
voit-iloüi nommer auparavant 5 il y alla de bon coeur-
Quand il y fut, il ne laiiïâ pas d’y aifembler uneéglife
( nombreufe 5 'plufieurs chrétiens le fuivirent d’Alexan-:
J drie , plufieurs s'y raiTerablerent de l’Egypte. Cepen-
I dant il excitoit avec foin les fideles d’Alexandrie à s’afi
I fembler comme s’il eut été preiènt. L ’évangile n’avoit
I point encore été annoncé à K efro, d’abord les habitans
I perfecutoient S. Denis & fes difciples, jufquesàleur jet-
I ter des pierres ; enfuite il y en eut qui quittèrent les ido-
I les pour iè convertir à Dieu, & ils. ne furent pas en petit
I nombre.il fèmbloit que Dieu y eut envoyé les faints con-
feifeurs exprès pour lui rendre ce fervice ; car incontinent
après on les transféra à Coulouthion dans la
Mareote.
. Le deffein d’Emilien étoit de les mettre dans les lieux
les plus rudes & les plus proches de la Lybie ; c’eft pourquoi
il les fit tous venir dans la Mareote , marquant à
chacun fon b o u rg , afin de les avoir plus en main ,
quand il voudroit les prendre tous enfemble. Il mit S.
Denis & fà fuite fur le chemin, pour les avoir les premiers.
Quand S. Denis apprit qu’ils dévoient être tranf-
ferez de Kefro à Coullouthion , il en fut chagrin | car |
Tome 11, P p