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ïerAmiit. 4. de SS.
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Sainte Afre.1
A c ta fin c .f. 501.
4 7 6 H i s t o i r e E c c l e s u s t i q u e .
découvrit les reliques. A Aquilée Cantius & Cantien
rreres, & Cantianille leur foeur qui étoienc de la famille
confulaire Anicia. Ils vouloienc fe retirer de la
ville & étoient montez fur un chariot attelé de mules,
dont l’une tomba tout d’un coup comme ils n’étoient
pas encore loin ; on les arrêta, & ils fouffrirent le martyre
avec Protus leur gouverneur.
Dans la Retie a Augufte, aujourd’hui Auibourg,on
P’”1C une f^mme nommée Af re , connue pour avoir été
abandonnée à la débauche publique. Le juge nommé
Gaiusl aijfit interrogée&fçachant qui elle étoit^.lui dit:
Sacrifie aux dieux ; il t’eft plus avantageux de vivre, que
de mourir dans les tourmens. Afre répondit : J ’ai aifez
commis de pechez avantque deconnoître Dieu; mais je
ne ferai jamais ce que vous me commandez. Gaïus dit :
Va faenfier au capitole. Afre répondit : Mon capitole
eft J . C. que j ai devant les yeux; je lui confcflc tous
les jours mes pechez ; & parce que je fuis indigne de
lui offiir un facrifice, je defire de me facrifier moi-même^
pour ion nom ; afin que le corps par lequel j’ai péché
foit purifié par les tourmens. Gaïus dit : A ce que
japrens tu es une femme publique jfacrifie, puis que tu
es ecrangere au dieu des chrétiens. Afre répondit:
Mon Seigneur J . C. a dit, qu’il étoit defeendu du ciel
pour les pécheurs. Ses évangiles témoignent, qu’une
femme perdue lui arrofa les pieds de fes larmes & reçut
le pardon & qu’il n’a jamais méprifé ni ces femmes
, ni les publicains ; à qui même il a permis de manger
avec lui.^ Le juge dit : Sacrifie , afin que tes amans
continuent a t’aimer &c à t’enrichir. Afre répondit : Je
ne recevrai jamais de cet argent détcftable j’ai jette
comme des ordures ce que j’en avois, en Tentant ma
conicicnce chargée. Mes freres les pauvres n’en vou-
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loient point; mais'je les ai obligez par mes prières à le
recevoir, afin qu’ils priaifent pour mes pechez. On Voit co»jHt.*p. m
ici l’ancienne difcipline, iuivant laquelle l’églife ne re- i-! *'
c e voit point, même pour les pauvres, les offrandes des
pécheurs publics, ni l’argent acquis par de mauvaifeâ
voies.
Gaïus dit : J . C. ne veut point de toi. C ’eft en vain
que tu veux le reconnoître pour ton Dieu , une femme
publique ne peut être nommée chrétienne. Afrerépom
dit : Il eft vrai que je ne mérité pas le nom de chrétienne
; mais la mifericorde de Dieu, qui ne regarde pas
le mérité , m’a bien voulu admettre à ce nom. Gaïus
dit: Comment le fçais-tui’ Afre répondit : J e cônnois
que Dieu ne m’a pas rejettée de devant fa face, en ce qu’il
me pemet de venir à la glorieufe confeffion de Ion faint
nom , par laquelle j’efpere recevoir le pardon de tous
mes crimes. Le juge dit .- Ce font des contes ; facrifie
plûtôt aux Dieux qui te fauveront. Afre répondit :
Mon Sauveur eft J C. qui étant à la croix promit les
biens du paradis au larron qui le éonfeiToit. Gaïus dit :
Sacrifie ; que je ne te faife fouetter en prefence de tes
amans. Afre répondit : Je n’ai de la confufion que de
mes pechez. Le jugedit : Sacrifie donc. Je fuis honteux
de difputer fi long temps avec t o i , finon tu mourras.
Afre répondit : C ’eft ce que je defire , fi je n’en fuis
pas' indigne ; de trouver le repos par cette confeiïidn.
Gaïus dit : Sacrifie, autrement je te ferai tourmenter
& en fuite brûler v-ive. Afre répondit.' Que ce corps
dans lequel j’ai péché , reçoive divers tourmens; pouf
mon ame je ne la foiiillerai point par les faerifices des
démons. *
Alors le juge diéla cette fentertcé : Nous ordonnons
qu’A f r e , femme publique , qui s’eft déclarée ehré--
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