
XI.
Martyre de Ste
Perpetue & Ste
Félicité.
A&a Martyr•
Sele&a p. 8 6.
Tertnll. de an.
c. 5 J.
Aug.Serm.iÎQ*
& f c<l" de his
marty, in Pf- 47*
i S H t STOIR.E E C C L E S I ASTIQ^Ü«;
de tous fes pechez : Delà vient que nous vous rendons
grâces de vos jugemens; car lorfque vous nous condamnez
, Dieu nous abfout, tant la conduite eft contraire à
celle des hommes. Ainfi finit l'apologétique de T e r -
tullien ; mais nous ne voyons point qu’il ait eu d’effet,
A Carthage même on prit quatre jeunes cathecu-
m en e s , Revocat 8c Félicité eiclaves du même maître
, Saturnin 8c Secondulus, 8t avec eux V iv ia Perpétua
noble 8c bien élevée. Elle avoitffon pere & famere , 8c
deux freres, dont l’un ctoit aufii cathecumene. Elle étoit
mariée, 8c avoitun fils à la mamelle,qu’elle nourifloit
defon la it;fo n âgeétoit d’environ vingt-deux ans: Félicité
étoit enceinte. A ces cinq on joignit Satur, qui fe
livra volontairement, pour n’ être point féparé de fes frères.
On les garda quelques jours^avant que de les mettre
en prifon. Perpetuë écrivit elle-même l’hiftoire de fon
martyre.ences termes -..Comme nous étions encore avec
les perfecut urs, mon pere vouloit me faire tomber, par
l’affe&ion qu’il meportoit. Commeil continuoit, je lui
dis: Mon p e re , voyez-vous ce vafe qui eft par terre ï
O u i , dit-il. J ’ajoutai : Peut-on lui donner un autre nom
que le fien ? Non , répondit-il : Je ne puis non plus me
dire au treque je fu is , e’eff à d ir e , Chrétienne, Mon
pere touché de ce m o t, fe jetta fur moi , pour m’arracher
les yeux ; mais il ne fit que me maltraiter, & s’en
alla vaincu avec les inventions du démon. Ayant été
quelques jours fans voir mon pere, j ’en rendis grâces
au S eigneur, 8c fon abfence me foulagea.
Ce fut dansce peu de jours que nous fumes baptiièz *
ôc je fus infpiréede ne demanderau fortir de l’eau, que
lia patience dans les peines corporelles. Peu de jours
après on nous mit en prifon ; j ’en fus effrayée; car je n’a-
yois jamais v& de telles tenebres. La rude journée i.un
L i v r e c i n q^u i e ’ m e ; a.7
grand chaud à caufe delà foule, les foldats nous peuf-
foienc ¡Enfin je fechois d’inquietudepour mon enfant.
Alors les bienheureux diacres Tertius 8cPompone, qui
nous aififtoient, obtinrent pour de l’a rg en t, que nous
puifions fortir, 8c palier quelques heures en un lieu plus
commode dans la prifon,pour nous rafraîchir. Nous fortunes;
chacun penfoit à io j: jedonnoisàteteràmon enfant
quimouroitde faim:jelerecommandois foigneu-
fement à ma m e re , je fortifiois mon frere. J e lechois de
douleur de voir celle que je leurcaulbis, 8t jepaffaiplu-
fieurs jours dans de telles inquiétudes. M’étant accoutumée
à garder mon enfant dans la p rifo n , je me trouvai
auffi-tôt fo r tifié e , 8c la prifon medevint un palais : en
forte que j ’aimois mieux y être qu’ailleurs. Alors mon
frere me dit : Ma fc eur,je fçai que vous avez grand crédit
auprès de Dieu ; demandez-lui qu’il vous faffe con-
noître par quelque v ifio n , fi ceci finira par le martyre.
Comme j e favois que je m’entretenois avec le Seigneur,
qui m’avoit fait tant de faveurs; je répondis hardiment
à mon frere, que le lendemain je lui en dirois des nouvelles.
Je demandai, 8c voici ce qui me fut montré.
Je vis une échelle d’or merveilleufement haute, qui
s’élevoit de terre jufqu’au Ciel; mais fi étroite, qu’ il n’y
pouvoit monter qu’une perfonne à la fois. Aux deux
cotez étoient attachez toutes fortes de ferremens, des
épées, des lances, des crocs , des coûteaux -, enforte que
qui eût monté négligemment ou fans regarder en haut,
auroit été déchiré, 8cauroit laiffé fa chair àces ferremens.
Au bas de l’échelle étoit couché un dragon d’une grandeur
énorme, qui guêtoit ceux qui vouloient monter; 8c
pour les en détourner leur faifant peur. Le premier qui
monta fut Satur, qui n’étoit point avec nous quand
nous fumes arrêtez, 8c fe livra depuis volontairement à
D i j
X I I .
Premiere vifîca
¿e fainte Perpetue,