
1 3 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
m'écoic pas permis de facrifier, ni d’aller auxautels du
démon, que je donnois de l’argent pour ne le pas faire.
Maintenant, continue S, Cyprien , ce même homme
ayant appris de nous, qu’il ne devoit pas même prendre
de billet, pleure,fe lamente iprotefte qu’ila-peché
par erreur, plutôt que par malice, & qu’à l’avenir il fera
plus ferme. Si nous rejettons ces pénitens , auffi-tôc
le démon les jettera dans l’hérefie , ou dans le fchifme
avec leurs femmes 8c leurs enfans , qu’ils avoient con-
fervez. Les Stoïciens ont d’autres maximes, eux qui
difent que tous lespechez font égaux, 8c qu’un homme
grave ne doit pas aifément fe lailfer fléchir; mais les
Chrétiens font fort éloignez des pbilofophes , ce qu’il
dit à caufe de Novatien, qui d’abord avoit fait profef-
fion de la philofophie Stoïcienne ; 8c il conclut : Il a
donc été réfolu , après avoir examiné les cas particuliers
, que les libellatiques feroient admis dès-à-pré-
fent, 8c que ceux qui ont facrifié, feroient fecourus à
la mort.
Au relie , il ne faut pas craindre que cette indulgence
diminue- le nombre des martyrs ; il ne laiffe pas
d’y avoir des vierges & des continens, quoique l’on
accorde la pénitence aux adultérés : il eft vrai qu’autrefois
quelques évêques de cette province leur ont entièrement
fermé l’entrée de la pénitence ; mais ils ne
fe font pas féparez pour cela des autres évêques. Sans
rompre le lien de la concorde, chaque évêque réglé fa
conduite, dont il doit rendre compte à Dieu. Quanti
ceux qui ne montrent point la douleur de leurs pechez
par des témoignages manifeftes -, nous avons été d’avis
de leur ôter toute efperancede communion, s’ils commencent
à la demander dans la maladie ; car ce n’eft
pas le regret du péché qui les preife, mais la crainte
de la mort; Si celui - là ne;mérite pas d’être confolé
,à la mort, qui n’a pas fongé qu’il devoit mourir.
Telle étoic alors cette difcipïine , que les Novatiens
accufoient de relâchement. Saint Cyprien continue
il Wjfjf " ‘ '•
Quant a ce que vous me demandez quelle hérefie
Novatien a introduite : Sçachez premièrement, que
nous ne devons pas être curieux de ce qu’il enfeigne,
puifqu’il enfeigne dehors. Il n’y a qu’une feule églife
que J. C. a divifée en plufieurs membres par tout le
monde, 8c un épifeopat qui s’étend par la multitude
des évêques que la concorde réiinit, 8c celui-ci après
l’inftitution de Dieu, s'efforce de faire une églife humaine
, & envoyé fes nouveaux Apôtres en plufieurs
villes, pour mettre de nouveaux fondemens. Et quoiqu’il
y ait depuis long-tems en chaque province des
évêques ordonnez, vénérables par leur âge , par l’in-
tegrité de leur foi, 8c leur confiance dans la perfecu-
tion ; il ofe créer encore d’autres faux évêques. Quand
il auroit écé évêque auparavant, il en perdroit le pouvoir,
abandonnant le corps des évêques & l’unité de
l’églife. C’cft ce que S. Cy prien écrivoit à Antonin.
Fabien évêque d’A mioche fembloit incliner au fchif-
me Scà la doèlrine de Novatien. Surquoi faint Denis vieillard scra-
d’Alexandrie lui écrivit une lettre, où il lui difoit beau- P °n’
i i r coup de choies di e li a pe> n•u ence, ô„ edi eceuxqui. avoi. ent Hc.^R.fh
fouffert depuis peu le martyre à Alexandrie,puis il ajoûtoit:
Je veux vous propofer un exemple qui efl arrivé
parmi nousï II y avoit ici' un vieillard fidele nommé
Serapion , qui, après avoir paffé fans reproche la plus
grande partie de fa vie, étoit enfin tombé dans lape rfeçution.
Il avoit fouvent demandé grâce, ôfonnel'avoit
point écouté , parce qu-’il a-voit facrifié. Etant tombé
G g |