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teur prendront foin que ces trois freres foient crucifiez 1
comme ils méritent, hors de la v ille , afin que les oi.
féaux déchirent leurs corps. Eulalius concierge dit : Suivant
vos ordres , Seigneur, voici Domnine. Lyfias lui
dit : T u v o is , femme, quels feux ôc quels tourmens on
te prépare. Si tu veux les éviter, approche ôc facrifie,,
Domnine répondit : Je ne le ferai pas , de peur de tomber
dans le feu éternel ôc les tourmens perpétuels. J ’adore
Dieu & fon C h r ift , qui a fait le ciel ôc la terre,
&C tout ce qu’ils1 contiennent. Vos dieux font de pierre
& de bois, faits par les mains des hommes.' Lyfias dit I
Oitez - lui fes habits ; étendez - la ôc déchirez tous fes
membres à coups de verges. Arehelaüs fpiculateur dit a
L y fia s : Par votre grandeur Domnine eft déjà morte. Lyfias
dit : Qu’on jette fon corps au fond delà ri viere.
Eulalius dit : Voilà Theonilie. Lyfias die : Tu as vâ
femme de quels fupplices ôc de quelles flammes l’on a
puni ceux qui n’ont point obéi. C ’eft pourquoi rends
honneur aux dieux & facrifie. Theonilie répondit : Je
crains le feu éternel qui peut faire périr l ame ôc le
corps, 5c principalement de ceux qui abandonnent
Dieu 5c adorent les idoles ôc les démons. Lyfias dit::
Donnez lui des foufflets, jettez - la par terre , liez lui
les pieds, tourmentez-la vigomreufement. Theonilie
d it: Eft-il raifonnable de faire fouffrir de telles peines à
une femme étrangère, de condition libre ? Vous le fça-
v e z , ôc. Dieu voit ce que- vous*faites. Lyfias dit : Pendez
lapar les cheveux, ôc frappez la liir le vifige. Tbeo-
nille dit : Nefuffit-il pas de m’avoir lait mettre toute
n uë, ce n’eft pas moi feule , c’eft votre mere & vorre
femme que vous avez couvertes dé confufion en ma perfonne
, nous fommes toutes de même nature ? Lyfias
dit : As tu un m ari, es-tu veuve 1 Theonilie dit: Je fuis-
L i v r e h u i t i e ’m e . 39;
veuve depuis vingt-trois ans. Je fuis demeurée dans cec
état pour l’amour de mon Dieu ; m’appliquant aux jeû -
nés, aux veilles ôc aux prières, depuis que j’ai quitté
les idoles impures. Lyfias dit : Rafez-lui la tête, afin
qu’elle ait plus de confufion. Faites-lui une ceinture
depines, étendez-la à quatre pieux, ôc la frappez de
courroyes, non feulement fur le dos, mais par tout le
corps : mettez lui auifi des charbons fur le ventre , ôc
quelle meure ainfi. Eulalius geôlier ôc Arehelaüs fpi-
eulateur dirent ; Seigneur, elle a déjà rendu lame. L y fias
leur dit : Coufez fon corps dans un fac ; liez-le bien
& le jettez à l’eau. Eulalius Ôc Arehelaüs dirent : Nous
avons exécuté les ordres de votre grandeur touchant les
corps des chrétiens. Ces faints martyrs fouffrirent à
Egée le dixième des calendes de Septembre, fous le con-
fulat de Diôcletien Ôc d’Ariftobule, c’eft-à-dire, le
vingt-troifiémed’Août,l’an a8j.de J .C . Lesilluftres mar- Martyr. B E r .
tyrs S. Corne & S. Damien, freres ôc médecins fouffrirent
dans la même ville d’Egée, fous le même Lyfias, ôc
on lui attribue un grand nombre d’autres martyrs.
L ’empereur Maximien pnffa en Gaule dès le coin- „ XVII[- 1 1 r « 1 Hiencement de Ion regne , contre Amand ôc TE-lii- en ôc icSg'i oMo.a urice 8: fa
la faélion des Bagaudes qu’il défit. Il fit venir d’Orient »■ O 1 r Diocl,
une/ léOg ion nommée ^ la Thebéenne toute\ com/• pofée 1d e -A„ct amart-Ji,nc.
chrétiens. Comme il voulut s’en fervir à perfccuter les t w .
chrétiens ainfi que des autres foldats, ils refuferent d’obéir;
L’empereur pour fe repofer de la fatigue du voïa-
ge , s’écoit arrêté dans les Alpes en un lieu nommé Oc-
todure, aujourd’hui Martinaeh en Valais : la légion
Thebéenne étoic proche à Agaune, au pied de la montagne
, que l’on nomme à prefent le grand faint Bernard.
Maximien irrité de cette défobé'iffance , ordonna
ffue la légion fût décimée , ôc réitéra fes ordres, pour
D d d ij