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fon intérêt & non pas le nôtre. Que fi chez vous l’é-
gliiè ne peut iiiffire au beibin de lès pauvres, il pourra
recevoir ici ce qui lui fera neeeiïàire.
Un autre évêque nommé Pompone écrivit à S. Cy-
prien touchant certaines vierges, qui après une ferme
réfolution de garder la continence, avoiênt été convaincues
enluite de dormir en même lit avec des hommes
& même avec Un diacre. Elles confeflbient, & foû-
tenoient néanmoins qu’elles avoient gardé leur intégrité.
Pompone avoit excommunié le diacre &lesautres,
qui avoient été trouvez avec ces vierges. Sa lettre fut
lue devant iàint Cyprien avec quatre autres évêques,
Cecilius, V ié to r, Sedatus, Tertullus 8c quelques prêtres
qui fe trouvoient prefens,, 8c S. Cyprien fit la ré-
• ponle en leur nom. Elle porte que les évêques doivent
faire obièrver la dilcipline, & ne permettre pas que les
Chrétiens vivent à leur fantaifie,que les vierges en particulier
ne doivent pas même loger avec les hommes.
Si c’eft de bonne fo i , d it-il, qu’ elles iè font conlàcrées
à J . C . qu’elles perièverent dans la pureté, iàns donner
iujet de parler d’elles. Si elles ne veulent, ou ne peuvent
perfêverer, il vaut mieux qu’elles le marient que
de tomber dans le feu par leurs crimes ; du moins qu’elles
ne falfent point de icandale. Il ne paroît point que
ces vierges eulfent fait voeu irrevocable. S. Cyprien
ajoute : Les prêtres & les diacres doivent être les plus
attachez à la difcipliné. Car comment peuvent-ils faire
obièrver la continence, s’ils font les premiers à y man-
quer?Il approuve donc l’excommunication de ceux avec
qui les vierges avoient été trouvées ; & quant à elles,
il décide ainfi: Si elles iè repentent & font encore vierges
, qu’elles rentrent dans la communion ; à la charge
que fi elles retournent avec le* mêmes hommes, ou
L î v r S s h î t i e ’ mk. 27 9
habitent fous un même to it; elles foient chalTéesde l’é-
glife, avec une cenfure plus rigoureufe, & n’y rentrent
pas facilement.Que fi quelqu’une fe trouve corrompue,
qu’elle faflè la penitence pleine, comme ayant commis
un adultéré contre J . C. & qu’on lui prelcrive un certain
tems, après lequel elle revienne à l’églife. S’ils demeurent
obftinez à ne fe point féparer , qu’ils fçaehent que
nous ne les recevrons jamais.
En ce tems fous le pontificat du papeiàint Eftienne,
s’émût une grande queftion entre les évêques catholiques,
touchant la validité du baptême des heretiques.
Ce fut premièrement en Afrique qu’elle fut agitée ; &
faint Cyprien fut le premier de ce tems-là,qui foâtint
que le baptême des heretiques étoit n u l, & qu’il falloif
les baptifer quand ils revenoient à l’églife. Car tout
le monde convenoit qu’il n’y a qu’un baptême , 8c
qu’on ne peut rebaptiièr celui qui a été une fois baptiie
légitimement. S. Cyprien tenoit cette doctrine dès au-
paravant, comme il paroît dans fon traité de l’unité de
l’églilè ; & il la tenoit de fon predeceflèur Agrippin évê-
qUe de Carthage,iqui avoit été le premier à changer
l’ancienne coutume. S. Cyprien frappé des raifons très-
fortes en apparence, que l’on apportoit contre le baptême
donné par les heretiques, 8c ne voyant pour le défendre
que l’autorité d’une coutume déjà attaquée dans
fa province, crût devoir foûtenir ce qui lui paroiifoit le
plus véritable.
S. Denis évêque d’Alexandrie étoit dans les mêmes
fentimens que S. Cyprien, & il écrivit plufieurs lettres
fur ce fujet. L a première au pape S. Eftienne, où après
plufieurs diieours fur cette queftion, illuidonnoitavis
à la fin, que la perfecution de Gallus étant appaifée, toutes
les églifes avoient rejetté les nouyeautez de N o y â t,
. X X V I .
Queftionsda
baptême des
heretiques.
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bapt. contr.D#-
fiat, c. $,
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