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ne de chaque efpecedejeux , & comme ils étoient tous-
fondez fur l’idolatrie ; & parlant de ceux du Cirque en-
particulier, il fait entendre qu’il n’étoit pas à R om e ,
& peut-être qu’il n’y avoit jamais été. Qpoique le
Cirque fût rempli d’idoles & de marques de fuperili-
tion , il demeure d’accord , que hors le tems des ipec-
tacles, les Chrétiens pouyoient y entrer fans fcrupule j:
puifqu’ils entroient dans les temples mêmes, s’ils ayoient
quelque raifon innocente d’y aller. Aurefle, ajoûte-t’il,
les rues, la place, les bains, les hôtelleries, nos propres
maiibns ne font pas fans idoles. Du Cirque il pafle au
théâtre, confàcré particulièrement à Yenus & à Bachus,
puis aux combats d’athletes confierez chacun à leur divinité
, & enfin aux gladiateurs, dont l’origine étoit les
pompes funebres. Ces derniers fpectacles étoient de-
l ’âmphitheâtre.
Outre la principale raifon, qui eil l’idolâtrie, il montre
les autres périls des fpeétacles. Dieu, d it-il, a commandé.
de coiiferyer par la tranquilité, la douceur & la;
paix, le faint-Efprit tendre & délicat delà nature , & ne
le pas inquiéter , par la bile , la colere & la douleur.
Comment donc peut-il s’accorder ayec les ipectaclcs,
qui ne font point fans agitation d’efprit ? Il n’y a point
de plaifir fans la paffion, qui lui donne du goût ; la pafi-
fion entraîne l’émulation, la colere, la fureur, & toutes
ces fuites ne conviennent point à nôtre difcipline..
Si quelqu’un vient aux fpeétacles, fans paffion & y demeure
fans en être touché, il n’ÿ a point de plaifir , &
il efl: coupable au moins de l’inutilité, qui ne nous
convient point. Un autre motif e fll’impudicité du théâtre,
où l’on produifoit en public toutes les infamies,,
qu’ailleurs on cachoit avec le plus de foin. Il releyel’ab-
furdité de rechercher aycç.empreffement dans les fpecs-
L i v r e c i n q u i e ’me . 4 ;
tacles, ce qui dans tout le relie de la v ie, donneroit de
la honte ou de l’horreur.
On ne doit point aimer les images de ce que l’on ne doit: *
point faire : or le théâtre ne reprefente que des actions c i*,
criminelles ; de fureur dans la tragédie, de débauche dans
lacomedie. On ne doit point être cruel, ni par confè- |g§
quent fe plaire à voir tuer des hommes dans l’amphi-
theâtre, quand ce ne feroit que des criminels.- Il efl: ab-
furde d’eftimer un a r t, quand onméprifè ceux qui l’e- 1 ilt
xercent, jufques à les noter d’infamie. Il parle contre les
mafques,& n’oublie pas la malediétion portée par la lo i, c lJ.
contre les hommes qui prennent des habits de femmes ; Dtut,^ilu
parce que c’étoit des hommes qui joüoient fous le manque
les perfonnages des femmes. Il marque le péril de
ces affemblées, où les hommes & les femmes ne vont que
pour voir 8t être v û s , & avec une parure extraordinaire
; la difficulté d’y méditer l’écriture fàinte, & les pré- c. 15,
ceptesde Jefus-Chriil. Il rapporte un exemple, dont il Rb*«L
prendDieu à témoin d’une femme qui ayant été au théâtre
en revint pofTedée du démon.
Comme dans l’exorcifme on reprochoit à l’eforit immonde
d’avoir oie attaquer unefidelle ; il répondit hardiment
: J ’ai eu raifon , je l’ai trouvée chez moi. Une
autre ayant affilié à une tragédie , la nuit fùivante on
lui montra un linge, lui reprochant le nom de l’aéteur,
elle ne vécut pas plus de cinq jours.
Pour montrer quels doivent être les plaifirs d’un **
chrétien, il dit : Quel plaifir plus'grand que le mépris
du monde , la vrâye liberté , la pureté de confcience ;
fe contenter de peu & ne point craindre la mort ? Vous
foulez aux pieds les dieux des Gentils, vous chaffez les
démons vous gueriflez les maladies, vous demandez
des révélations, vous vivez à Dieu ; voilà les plaifirs,
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