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moignoit point iennr de la douleur. Firmilien voïant
qu’il y perdoit fon temps,le fît enfin brûler .à petit feu.
Porphyre marcha au fupplice avec jo ïe , aïant le corps
défiguré, mais le vifage beau ; il étoit vêtu d’un manteau
de philofophe qu’il avoit accoutumé de porter, &
marquoit à les amis tranquillement ce qu'il défiroit
qu ils fiiîent pour lui. Il conferva la gaieté de fon v ifage
étant attaché au poteau ; & comme le feu étoit é-
loigné tout autour, il ouvrit la bouche poùr recevoir la
flamme plus aiféme-nt. D ’abord que le feu le toucha, il
dit tout haut : Jefiis fils de Dieu fecourez-moi ; puis il
garda le filence, fouffrant conftamment jufques au der*
nier foupir. Telle fut la fin du jeune Porphyre.
Un confeffeur nommé Seleucus, vint en porter la
nouvelle a Pamphile,St falua un des martyrs par le faint
baifer : des foldats le prirent & le menèrent à Firmilien
qui le condamna auifi - tôt à perdre la tête. Seleucus
étoit né en Cappadoce & avoit porté les armes dans
les troupes Romaines. C ’étoit un jeune homme fi bien
f a i t , fi grand, ir fo r t , de fi bonne minets que tout le
monde en parloit, & il étoit déjà avancé dans le fervi-
ce. Il fut caiïe comme chrétien ; & embraffa la vie af-
cetique, c’eft-à-dire la méditation continuelle des fain-
tes écritures & les autres exercices de pieté. Cependant
il s’appliquoità fecourir.les veuves,les orphelins,les malades,
les pauvres & lesperfonnes abandonnées, Scieur
tenoit lieu de pere. Tel étoit le martyr Seleucus, qui
fut exécuté le dixième en ce même jour. Firmilien fit
mourir enfuite T h eodu le, un de fes propres domefti-
ques & celui qu’il confideroit le plus, tant à caufe de
fa fidélité inviolable, qu’à caufe de fon grand âge ; car
il etoit bifiùeul, & voïoit la troifiéme génération de
fes enfans. Son crime étoit le même que celui de Se^
leucus , d’a vo ir témoigné de l’amitié aux mar tyrs ; mais
Firmilien en fut plus ir rité,parce qu’il étoit de fa famil le,
& il le fit mettre en croix.
Un chrétien de Cappadoce nommé Julien arriva
alors à Cefarce dé Paleltine pour la première fois. Il
étoit d’une vie tiès-fainte , & recevoir des infpirations
du S. Efpnt. Ayant appris dans les r ues la mort des martyrs,
il alla droit à la place où ils étoient , & voïant
leurs corps étendus par terre , rempli d’une grande
joïe , il fe mit à les embraffer l’un après l’autre. L qs
exe.cuteurs de juftice. le prirent & le menèrent à Firmilien
, qui le condamna à être'brûlé à petit feu. Julien
étoit tranfporté de joïe tk rendoit tout haut grâces à
Dieu de l’honneur qu’il recevoir. Ce fut le douzième de
ceux qui fouffrirent avec Pamphile. Leurscorps demeurèrent
à l’air quatre jours & quatre nuits; gardez par
l'ordre de Firmilien ; mais ni oifeau, ni chien , ni autre
bête n’y toucha ; ils furent enlevez entiers <Se enfevelis
honorablement.
- Tout le monde parloit encore de leur martyre,
quand deux chrétiens du païs nommé Mangance, R a voir
A irn n & Eubule, vinrent à Cefarée voir les autres
confeilhurs. A la porte de la ville on leur demanda
où ils alloient. Ils avouèrent ingenuement la vérité
& furent menez à Firmilien , qui leur fit déchirer lcs;
côtes , & enfuite les condamna aux bêtes; Deux jours«
apiès ,. c’efl: à-dire le cinquième de Mars de cette année
30p. cù le peuple de Cefarée çelebroit la fête de
la fortune de la ville , Adrien fut expofé à un l io n ,
puis égorgé. Eubule fut traité de-même , deux autres«
autres jours après , le feptiéme de Mars à midi. Le juge
lui offroit la liberté s’il vouloit immoler aux idoles;mais>
h préfera la mort. Il fut déchiré par les bêtes & tué ea