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quitté la religion.de leurs ancêtres, revinffent à réfî-
pifcence. Car ils étoient tellement préoccupez par un
certainraifonnement, qu’ils ne fuivoient plus ces maximes
que leurs peres avoient établies ; mais félon leur
fantaifie ils fe faifoient des loix pour les obferver,Si af-
fembloient le peuple en divers endroits. Enfin comme
nous avions fait une ordonnance pour les ranger aux
miximes des anciens ; plufieurs ont été mis en péril &
plufieurs ont péri effectivement. Et comme nous les
voïons la plûpart demeurer dans leurs fentimens, fans
rendre aux dieux le culte qui leur eft dû, ni fervir le
Dieu des chrétiens : aïant égard à notre clemence , &c
a la coutume que nous avons toujours obfervée , de
faire grâce à tous les hommes : nous avons cru devoir
auiïï étendre notre indulgence fur eux , en forre qu’ils
puiifent être chrétiens comme auparavant, & rétablir
les lieux de leurs aiTemblées, à la charge qu’ils ne faf-
fent rien contre les réglés. Au refte nous ferons fçiyo ir
aux juges par une autre lettre ce qu’ils devront obfer-
Ver. Donc fuivant cette grâce que nous leur faifons, ils
feront obligez de prier leur Dieu pour notre fanté,pour
l ’état Si pour eux-mêmes, afin que l’état profpere de
tous cotez, Si qu’ils puiiTent vivre en sûreté dans leurs
maifons.
Cet Edit fut dreifé en Latin à Sardique ou étoit l’em-
inf.ii.hift. e.i. pereur , Si enfuite publié Si affiché dans les principales
villes, Se traduit en Grec pour l’Orient. Il fuc publié par
toute l’Afie Se les provinces voifines, Se en particulier
à Nicomedie , le dernier jour d’Avril fous le huitième
confulat de Galerius Se le fécond de Maximin, l’an 3 11.
Alors lesprifons furent ouvertes aux chrétiens, Se entre
les autres confeffeurs Donat ami de Laitance fut délivré
, après y avoir demeuré fix ans. Mais dans les pro-
A». >
Stef. ïx.b 'tfi, e. I.
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vinces qui obéiffoient à Maximin,c’eft-à-dire la Syrie,
l ’Egypte Se leurs dépendances, cet édit ne fut pas publié
de même. Il déplaifoit à Maximin, ennemi capital
de la religon chrétienne ; toutefois n’ofant pas s’oppo-
fer Lia volonté de Galerius ; il fupprimal’édit Se fecon-
tenta d’ordonner de vive voix aux officiers qui dépen-
doient de lu i , de faire ceifer la perfecution ; Se ils s’en
donnèrent avis par écrit les uns aux autres. Sabin prefet
du prétoire d’Orient déclara la volonté de l’empereur
pat cette lettre, écrite en Latin Se depuis traduite en
Grec.
Il y a long-temps que les empereurs nos divins maîtres
ont ordonné avec une application Se une dévotion
particulière de ramener tous les efprits à la maniéré de
vie la plus fainte Se la plus droite : afin que ceux-même
que l’on voit fuivre des coutumes différentes de celles
des Romains, rendiffent aux dieux immortels le culte
qui leur eft dû. Mais l’opiniâtreté Se la dureté de quelques
uns a été fi exceflive ; que ni les juftes raifons du
commandement n’ont pû leur faire changer de fentimens,
ni les fupplices n’ont pû les épouvanter. C ’eft
pourquoi nos divins maîtres les très - puiffans empereurs,
pouffez par leur bonté Se leur pieté naturelle,
Se jugeant indigne de leurs maximes delaiflèr tant de
perfonnes fe mettre en péril, m’ont ordonné de vousé-
crire , que fi l’on trouve quelque chrétien obfervant la
religion particulière de fa nation, vous le délivrerez de
tout trouble Se de tout péril, Si ne le teniez puniffable
d’aucunepeinepourcefujet ; puifquel’on areconnu par
un fi long temps qii’il n’y a aucun moïen de les per-
fuader Se de lès guérir de cetteopiniâtrete. Vous devez
donc écrire aux tteforiers, aux gouverneurs Si aux curateurs
du territoirede chaque ville,afin qu’ils fçaehent
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