
Cph. iy.
J ÎO H IS TO I R E Ecc L E S I A S T i QUE .
avec cette armure divine, je puis éteindre tous les traits
enflammez de tonpere le démon. Maxime dit; Jefouf-
fre ta folie. Tes réponiès ne m’aigriront pas jufques à
te faire mourir promptement. Tharaquedit ; Quel mal
ai-je fait, de dire que tune peux voir mes armes,
n’aïant point le coeur pur, mais étant impie & ennemi
des ferviteurs de Dieu. Maxime dit ; Je te foupçon-
ne d’avoir mal vécu dès auparavant-, & d’avoir été,
comme on dit, un enchanteur , avant que de venir à
mon tribunal. Tharaque dit ; Je n’ai point été tel, ni
ne le fuis , car je ne fers point les démons comme vous
autres , mais je fers Dieu, qui me donne la patience &
me fuggere les paroles que je dois dire. Maxime dit;
Ces raifonnemens ne te ferviront de rien ; facrifie pour
te délivrer deces fouffrances. Tharaque dit ; Tu me crois
bien infenfé de quitter mon Dieu , qui me fera vivre
éternellement ; & m’attacher à toi, qui peux foulager
mon corps pour un moment ; en tuant mon ame pour
l’éternité.
Le gouverneur dit ; Faites rougir des 'broches, & les
mettez fur fes mammelles. Tharaque dit ; Quand tu
ferois encore pis, tu n’obligeas point un fer viteur de
Dieuàadorer les démons, Legouverneur dit ; Apportez
un rafoir , cpupez-lui les oreilles & lui rafez la tête ;
puis avec le rafoir ôtez - lui tout autour la peau de la
tête, Tharaque dit ; Quand tu m'écorçherois tout le
corps, je ne m’éloigne point de mon Dieu. Le gouverneur
dit ; prenez les broches toutes rouges & lui mettez
dans les cotez. Tharaque dit pendant qu’il fouifroit ; Que
Dieu voie du ciel & qu’il juge. Le gouverneur dit ; Quel
Dieu invoques-tu,maudit. Tharaque dit ; Celui que tu
ne connois pas,qui rendra à un chacun félon fes oeuvres.
Le gouverneur dit ; Je l’ai déjà dit ; je nç fouffrirai pas
Probus.
L i v r e n e u v i e ’ m é , ' fit
que ces Femmes enveloppent tes reliques dans du linge
& les embaument avec des parfums , mais je te ferai
brûler, malheureux, & jetter tes cendres au vent.Thara-
que dit : Je te l’ai déjà dit & je te le dis encore,fais ce que
tu voudras ; mon corps eft en ta puiflance. Le gouverneur
dit : Qu’on le remette en prifon, & qu’on le garde
pour l’expofer demain aux bêtes. Amenez-en un
autre. *
Demetrius centurion dit ; Seigneur, voilà Probus.- Le ïv.
gouverneur die : Penfe à coi, Probus, de peur de re- ro^tôtc^crimi
tomber dans les mêmes maux. Je fuis perfuadé que
es devenu fage, & que tu veux facrifier, afirî d’être honoré
de nous comme pieux envers les dieux. Probus
dit ; Nous fommes dansde même fenciment ; nous fer-
vonsau Seigneur notre Dieu. N’efperez pas nous entendre
parler autrement ; ni vos flatteries ni vos menaces
ne ferviront de rien, vous n’amollirez pas mon courage,,
je me prefente hardiment devant vous , mépnfant votre
dureté. Qu’attendez-vous donc, que ne déploï'ez-
voüs votre fureur ? Legouverneur dit; Vous avez tous
concerté de renoncer aux dieux avec la même malice..
Et après quelques iéponfes de Probus , Maxime dit ;
Liez- le , mettez lui la ceinture &c le pendez par le bout
des pieds. Rrobus dit ; Tu ne ceifes point d’être impie,,
tyran , & de combattre pour les démons tes femblables.
Le gouverneur dit ; Crois-moi, épargne ton corps,.
avant que d’être tourmenté , tu vois les maux qu’on te
prépare. Probus dit ;Tout ce que tu me feras fera urile
a mon ame. Ainfi faiseeque tu voudras. Legouverneur
d it ; Rougiffez les broches & mettez lui fur les côtez,afin
qu'il foit fige. Probus die ; Plus je te parois fou, plus je
fuis Fage devant mon Dieu. Le gouverneur ajouta ; Rou-
giflez davantage les broches & lui brûlez le dos. Probus