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main des députations des villes ; qui demandoient qu’ii
fut défendu aux chrétiens de bâtir des lieux d’aífem-
blee dans leurs enceintes. Antioche fut la première à
demander en grâce qu’il ne fût permis à aucun chrétien
d’y demeurer. Le chef de cette pourfuite étoit le curateur
de la ville^iommé Theotecne, homme violent &
artificieux; qui avoit perfecutéleschrétiens de tout fon
pouvoir, s’appliquant à les tirer de leurs cachettes comme
des voleurs, & à inventer contre eux toutes fortes
de calomnies , 6c qui en avoir fait mourir un très grand
nombre. E nfin , il éleva une idole de Jupiter Philien-,
c’eft-à -dire , prefident à l'amitié ; & fit pour la confa-
crer des cérémonies, des facrifices 6c des purifications
prophanes. Entre autres il fit voir à l’empereur pour lui
plaire, un oracle, par lequel ce dieu demandoit, que
fes ennemis les chrétiens fuifent bannis de la ville 6c du
territoire.
Theotecne ai'ant ainfi commencé , tous íes autres
magiftrats des villes fujettes à Maximin firent faire des
décrets femblables ; y étant excitez encore par les gouverneurs
des provinces , qui en faifoient leur cour à
1 empereur. Il répondit à leurs décrets par des lettres
tres-favorables ; 6c ainfi la perfecution recommença
après environ fix mois d’inter val le,depuis le commencement
de Mai jufques vers la fin d’Oéfobre. Maximin
établit en chaque ville pour facrificateurs des idoles
& poyr pontifes-au deflus d’eux , les perfonnages les
plus confiderables , 6c qui avoient le plus paru dans
les charges. Ces pontifes étoient d’une inilitution nouvelle;
ils s’appliquoientavec grand foin aux ceremoaies
de leur fauffe religion,ils faifoient tous les jours desfa-
cr.ifices devant tous leurs dieux ; ôc avec le fecours des
anciens facrificateurs j ils empêchoient les chrétiens de
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bâtir des églifes,m de faire l’exercice de leur religion en
public 6c en particulier ; ils les prenoient de leur auco-
rité pour les faire facrifier , ou les prefentoient aux juges.
Maximin n’en demeura pas là ; il choifit dans les
provinces des perfonnes plus élevées en dignité pour en
faire des pontifes d’un ordre fuperieur ; & i l voulut que
les uns 6c les autres portaient des manteaux blancs.
L ’empreffement extraordinaire du prince excitoit tout 1
le monde ; les officiers 6c les particuliers croïoient que
le meilleur moïen d’obtenir toutes les grâces qu’ils de-
firoient, étoit de crier contre les chrétiens, 6c d’inventer
contre eux quelque malice nouvelle.
On fabriqua de faux aètes de Pilate, contenant plu-
iîeurs blafphêmes contre J . C . comme fi c’eût été la procédure
que Pilate avoit faite contre lui ; 6c par l'ordre
de 1’ empereur on les envoïa par tout, dans les villes &
dans le plat p a ïs , pour être expofez eri public à tout le
monde,6c pour fervir aux enfans de leçons que les maîtres
d’écoles leux faifoienc apprendre par coeur. Un commandant
du nombre de ceux que les Romains appel-
loient dues, aïant pris à Damas dans la place de mife-
rables femmes débauchées ; les menaça de les mettre à
la quefiion ; ôc leur fit dire , qu’elles avoient été chrétiennes,
quelles fçavoient leurs abominations, & qu’ils
commettoient des impui-etez dans les églifes mêmes;
Enfin , on leur fit dire tout ce qu’on voulut pour décrier
la religion ; 6c leurs dépolirions furent rédigées en
forme autentique , communiquées à l’empereur, 6c par
fon ordre envolées 6c publiées dans toutes les villes &s
les autres lieux. Ce duc fe tua lui-rnême peu de temps
après.
Ainfi donc les enfans dans les écoles avoient à la bou-
che tout le long du jour les noms de Jefus 6c de Pila