
XXII.
Traité de l’idolâtrie.
JOeidol. r. 13.
44 H i s t o i r e Ë c e i E S ï a s t i q.uè*
voilà les fpeétacles des chrétiens.
Après le traité des ipeélacles , Tertullien en écrivît
un de l’idolâtrie, où il traite divers cas de confidence.
La plûpart cro.yoit que l’on ne commettoit l’idolâtrie!,,
qu’en brûlant de l’encens , en immolant des viétimes ,
ou fe faifant initier aux myfteres , ou aux facerdoces
*• 3- prophanes. Il n’importe de quelle maniéré ibit l’id ole ,
de plâtre, couleurs, de pierre, d’o r , d’argent, de fil,
c’eft-à-dire de broderie; ni quelle en Ibit la figure, d’hom-
*4 . me ou de bête. Dieu ne defend pas feulement d’adorer
des idoles , mais d’en faire ; donc il n’eft pas permis à
des chrétiens de fabriquer ce que les payens adorent,
même fous prétexte de gagner leur vie , s’ils ne lavent
*'»» ËÉÉ d’autres métiers. O n pourroit croire que Tertullien
condamneroit ici toutes fortes d’images , fans difi-
*‘ tinotion, s’il ne s’en expliquoir ailleurs, & s’il ne témoignoit
que fur les calices dont on iè fèryoit dans les
« t, égliiès, on peignoit l’image du bon pafteur. A la fabrication
des idoles , il joint tout ce qui fert à leur
culte ; comme de leur bâtir des temples, ou des autels,,
ou de les orner..
Le chrétien doit employer fonart à des ouvrages in-
BOcens.,. iè rabaiiïànt s’il eit neceflaire , pour devenir ,
par exemple, de iculpteur fimple menuifîer. En général,
il doit prendre garde , qu’il ne forte de les mains aucun
ouvrage , qu’il fâche être deftiné aux idoles. L ’aftro-
fr*»; Ipgîe judiciaire eil abfolument défendue aux chrétiens ,
comme toute autre forte de magie. Ils ne doivent pas
même tenir, écoles n i profeifer les lettres humaines.-
» ¡¡S Tertullien fonde cette, défênfe fur deux raifons ; que ces.
profeiïions engageoient alors àplufieurs iuperftitions*,
& qu’ il falloir expliquer les noms » les genealogies
foutes les fables des faux. Dieux., ce q u i étoit comme
L i v r e c i n q . û i e ’ m e. j f f
le catechiftne de l’idolâtrie. Il permet toutefois aux chrétiens
d’étudier à ces mêmes écoles ; par la neceffité d’apprendre
les lettres, utiles pour toute la vie ;& parce que
le fidele étant inftruit de la religion, faura diftinguerle
yrai & l’utile dans les leétures prophanes.
Le chrétien qui trafique, doit être exempt d’avarice
8c du defir de s’enrichir. En particulier, il ne doit trafiquer
ni d’encens ni de viétimes publiques ; autrement
comment oicroit-il paffer devant un temple , fouffler 8c
cracher contre les autels fumantes ? la crainte de la pauvreté
n’èft point une excufe pour un chrétien qui a de
la foi. Les chrétiens ne doivent prendre aucune part
aux fêtes 8c aux rejoüilfances publiques des payens ;
puiiqu’il leur a été dit : Le-monde fe rejoüira 8c vous
ferez dans l’affliétion-. La plûpart croyent être exculà-
bles de faire à l’exterieur comme les payens, de peur
d’attirer des reproches au nom chrétiens Les reproches
à éviter font ceux qui viennent des fraudes, des injustices,
des crimes ; pour éviter ceux qui viennent des bonnes
actions, il faudroit celïèr d’être chrétiens. C’eft par
la modeftie, l'a patience- 8C les autres vertus de la Société,,
qu’il faut faire à tout le monde;
Que s’il n’èft-pas permis de prendre part aux fêtes:
des payens le crime eft bien plus grand de les celebrer
entre les chrétiens. Cependant il y enavoitqui faifoienr
entre eux des làturnales , quijoü oient& donnaient des«
feftins au mois de Décembre 8c de Janvier , & s’en-
voyoient des prefens ;• ce qui étoit autant de furperfti-
fions payennes: & comme-deilors ces prefens portoient
le nom d’Etrênes, ce nom a été long-tems rejetté par
les chrétiens. Tertullien blâme entre autres ceux qui
mettoient des lampes & des couronnes de laurier à leurs*
portes,, en plein, jour , aux. rejpüiflances publiques .5 6c.
I iifi
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C , 1Z'V
*• 13»
Joan» xxi 2qJ*
c, 14.
CônciMïifoït-
an» 578,