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Martyr üc
Buaiface.
5 4 <* H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
gorge , & etoic ainfi cloué a terre un autre avoit les
pieds &c les mains renverfées & attachées par derrière, &
jes bourieaux le frappoientàcoupsde bâton. Ils étoient
jufques au nombre de vingt hommes ; & leurs tourmens
faifoienr grande horreur aux fpcétateurs. Boniface
s approcha des martyrs & les baifoit en criant : Qu’il
eft grand le Dieu des chréciens ; qu’il eft grand le Dieu
des.Saints martyrs. Je vous prie ferviteursde J .C priez
pour moi, afin que j entre en part avec vous au com-
.bat coptre le démon. Il s’ailit à leurs pieds & embraf-
foit leurs lien s, les baifanc &c difant : Combattez martyrs
de J .C . foulez aux pieds le démon , un peu de patience
, le travail eft petit, Sc la recompenfe eft grande,
fai« Legouverneur jertant les yeux fur le peupleTapper-
çut &c dit : Qui eft celui-là qui fe mocque ainfi de moi
& desdieux î qu’on l’amenc à mon tribunal. Puis il lui
dit: Dis-moi, qui e s - tu ,to i, qui méprife lafplendeur
de mon fiege ? Boniface dit: Je fuis chrétien, & aïant
J .C . pour maître, je vous méprife vous & votre tribunal.
Le gouverneur dit ; Comment t’appelles-tu ? Boni-
face dit ; Je vous la i déj.t d it; je fuis chrétien. Mais
fi vous voulez fça voir mon nom vulgaire, on m’appelle
Boniface. Le gouverneur dit : Avant que je te touche
les côtez, approche & facrifie. Boniface dit : Je vous ai
deja dit plufieurs fois, que je fuis chrétien, &c que je ne
facrifie point aux démons. Si vous voulez faire quelque
choie, faites : voila mon corps devant vous. Le gouverneur
en colere fie aiguifer des rofeaux, & les lui fit enfoncer
foiis les ongles des mains. Boniface regardoit le
ciel &i foufiroic patiemment. Ce que voïanc le gouver-
neui il commanda qu on lui ouvrîc la bouche 6c qu’on
y versât du plomb boüdlanc. Avant qu’on le-fk , Boniface
regardant au c iel, fie cette priere : Je.vous rends
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grâces, Seigneur J .C . Fils de Dieu : venez au fecours de
votre ferviteur , foulages-moi dans ces peines, & ne
permectez-pas que je fois vaincu par cet infâme gouverneur.
Vous içavez que c’eft pour votre nom que je
fouffre. Aïantachevéfapriereilcriaauxautres martyrs:
Je vous prie, ferviteurs de J .C . priez pour moi. Les martyrs
dirent tous d’une voix : Notre-Seigneur J . C . lui-
même envoïera fon ange pour vous délivrer de cet
infâme, il achèvera dans peu votre courfe, & placera
votre nom entre les premiers nez. Après qu’ils eurent
achevé leur priere Sc dit ,amen ; le peuple fe mit à pleurer,
& cria à haute voix : Il eft grand le Dieu des chrétiens*
il eft grand le Dieu des" martyrs. J . C . Fils de
Dieu fauvez-nous. Nous croïons tous en vous, & nous
avons recours à vous : anathême aux idoles des gentils.
Alors tout le peuple courut renverfer l’autel & jetter
des pierres au gouverneur. Il fe leva &c fe retira effraie
de ce tumulte.
Le lendemain il s’affit fur fon tribunal, fit amener
Boniface, & lui dit : Miferable d’où te viens cette fureu
r , de mettre tes efperances en un homme, &c un
homme qui a été crucifié comme malfaicteur? Boniface
lui dit : T a is - to i, n’ouvre pas tes lèvres infâmes,
pour nommer Notre Seigneur J . C . Serpent dont l’ef-
prit eft tenebreux, qui as vieilli en de mauvais jours.
Malheur à toi ; car J . C . mon maître a fouffert pour fau-
ver le genre humain. Le gouverneur irrité commanda
que l’on emplît une chaudière de poix ,&c que quand
çlle feroit bouillante on y jettlt Boniface la tête la première.
Le martyr aïant fait le ligne de la croix y fut jet-
lé. Mais un angedefcenditdu ciel & toucha la chaudière,
qui fondit auifi-tôt comme la cire devant le feu.
Elle ne fit point de mal à Boniface, mais elle brûla plu-
Z z z ij