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tant de modeftie 8c d’humilité , qu’il foit utile a celui
qui le rend., 8c à celui qui le reçoit ; -car le gouvernement
des Chrétiens doit être entièrement éloigné de celui
des infidèles plein de dureté,d’infolence & de vanité.
il ajoute : Voilà ce que la parole de Dieu nous enfei-
gn e ; 8c nous, ou n’entendanospas, ou méprifant les in-
ftruétions de Je fu s , nous furpalions quelquefois le fafte
des mauvais princes pàyens. Nous voudrions prefque
avoir des gardescomme les rois ; nous nous rendonster-
ribies 8c de difficile accès., principalement aux pauvres,
nous traitonsceux qui nous parlent & qui nous prient
de quelque chofe, comme fetoient les tyrans 8c les gouverneurs
les plus cruels. On voit en plufieurs égliies,
principalement des grandes villes, ceux qui conduifent
le peuple de Dieu, ne garder plus aucune égalité, quelquefois
même avecles meilleurs difciples de Jefus.; &
ufer de menaces dures, tantôt fous prétexte de quelque
pé ché> tantôt par mépris deleur pauvreté.
Ce n’eft pas qu’il faille s'humilier mal à-propos, &
qu’il ne foit quelquefois néceifairede reprendre publiquement
Jespécheurs,pour intimider les autres, 8c u-fer
de la puiifance pour les livrer à Satan. Mais i l le faut
faire rarement, ôt ne pas regarder le pécheur comme
un ennemi, Dieu veut quefescrimes foient punis:mais
par les juges feculiers, non par les évêques, c’eft-à-dire,
qu’il neleurconvienr pas d’ufer des peines corporelles. Il
*«*• «*• Ki- continue :,Que le ch e f d’une -égide n’imite donc pas les
princes infidèles, mais qu’il imite autant qu’il eft pof-
fible J .C . qui eft de fi facile accès, qui parloir à des
femmes, qui impofoit les mains à des enfans, qui la-
r«s, n. t -in voit les pieds aies apôtres. Et ailleurs: Un évêque peche
" ¿ t r i contre D ieu , fi au lieu de fervir fes freres comme étant
ferviteurdu même m a ître , il les traite en maître. Il fe
plaint
L i v r e s ï x i e ’ m e . 1 4 ;
plaint des évêques & des prêtres, qui étant eux-mêmes
imparfaits, méprifoient & calomnioient de fimples fidèles
meilleurs qu’eux, &.même des confefleurs, & de
ceux qui impofoient aux fideles des pratiques de continence,
qu’ils n’obièrvoient pas eux-mêmes.
Il iè plaint qu’il le trouvoit des gens dans Tégliiè qui Tna.
faifoient plufieurs choies, premièrement pour devenir
diacres, quoiqu’ils en fuiïènt très-indignes, enfuite pour
arriver à la prêtrilèouà l’épifcopat; ne cherchant en^es
dignitez que le profit & l’honneur des premières places.
Mais il reconttoît ailleurs que l’on rejettoit lés ambitieux
, pourn’appeller aux charges ecclefiaftiques que les
.plus dignes, & malgré eux. Ceux qui vendent les colombes
dans le temple , fo n t , dit-il, ceux qui confient les
églifes à des.évêques ou à des prêtres avares, tyraniques,
fans diicipline & fans religion.. Les changeurs dont
J . C. reriverfe les tables font les diacres , qui ne font
pas fideles dans le maniement des deniers de l’églife ,
roaisen détournent toujours quelque chofe, pour s’enrichir
du bien des jpauvres., ¿c n’employent pas même
Cont. Celf, lib.
%.infin.in Matth
» Tr. 1 j#
avec juftice ce qu’ils employent. Tous ceux-là font chafi
fez de l’égliiè dans la periècution, comme nous voyons
maintenant. Ce que l’on peut entendre de la perfecudon
de Decius; car Origene ne commença iès commentai- •
t es fur S. M atthieu, dont ceci eft tiré, que fous Gordien
.ou Philippe , & ne les. écrivit pas tout à la fois. Il d it, que
le démon attaque toûjours plus violemment les clercs ,
pour faire tomber le peuple. Que les foandales viennent
principalement des mauvais pafteurs, qui enfèignent
bien & font mal ; qui. ne ie mettent point en peine du
falut des oüailles, ne cherchant que la vaine gloire &
Je profit temporel.
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