
X X X III.
Saine Phileas &
S. Philorome.
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4 3 0 H î s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
d’Egypte le preifa de facrifier , du moins au feul Dieu
qu’il reçonnoilToit. Phileas répondit : Il ne defire pas dç
tels fac r if ices , parlant des facrifices fanglans. Culcien
dit •: Quels font donc les facrifices qui lui plaifenc? Phileas
répondit : La pureté du coeur & des fens, & la vérité
dans les paroles, Culcien dit : Moïfe n’a-t-il pasfacrifié?
Phileas répondit ; Il étoit ordonné feulement aux Juifs
dé facrifier à Dieu f e u l , à Jerufalem ; les Jui f s pechent
maintenant , en célébrant ailleurs leurs folemnitez,
Culcien dit : Laide ces paroles inutiles, & facrifie. Phi*
leas répondit : Je ne foiiillerai point mon ame. Culcien
dit : Perdons-nous harpe '? Phileas répondit : L ’ame
(8£ le corps. Culcien dit : Ce même co rp s , çette chair
reiTufcitera-t-elle? O ui, dit Phileas. Culc ien dit encore :
Paul n’a-t-il pas ïiié J . C ? N o n , dit Phileas, à Dieu ne
plaife. Culcien ajouta : Paul n’étoit-il pas perfecuteuri
Phileas répondit : Non , à.Dieu ne plaife. Culcien dit ! 1
Paul n’étoit- il pas un homme du commun -, un Syrien
qui parlait Syriaque ? Phileas répondit : N o n , il étoit
plebreu, & parloir Gre c, & avoir une fageife au-deiTus
de tous les hommes. Culcien die : T u diras peut être,
qu’il écoit au-deffus de Platon. Phileas répondit: I l étoit
plus fage, non feulement que Platon, mais que tous les
Îihilofophes ; car il a perfuadé les fages, &ç fi vous vouez
, je vous dirai fes difeours.
Culcien dit : Sacrifie donc. Phileas dit e Je n’en ferai
rien. Eft-ce par confidence, dit Culcien ? Oüi, répon?
dit Phileas. Pourquoi donc, dit Culcien , ne fais-tu
pas confidence d’abandonner ta femme & tes enfans ?
Parce , dit Phileas, que je dois à Dieu un plus grand
amour. A quel Dieu , dit Culcien ? Phileas étendit les
mains au ciel , & dit ; Au Dieu qui a fait le ciel &c la
terre, la mer & tout ce qu’ils contiennent. Les avocats
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vouloient empêcher Phileas de tant parler, & lui di-
foient : Pourquoi réfiftez-vous au gouverneur ? Phileas
répondit : Je réponds à ce qu’il me demande, & enfuite ;
Ce'ne font pas feulement les chrétiens qui font ainfi ;
voïez l’exemple de Socrate comme on le menoit à la
mor t , fa femme prefente avec fes .enfans ne le fit pas
revenir Culcien dit : J . C. étoit-il Dieu ? Oui, répondit
Phileas. Culcien dit : comment es-tu perfuadé qu’il
étoit Dieu ? Phileas répondit : Il a fait voir des aveugles
& ouir des fourds ; il a purifié des lépreux, relfufcité des
morts , rendu la parole à des muets, guéri grand nombre
de maladies, & fait plaideurs autres miracles. Cul cien
dit : Un crucifié eft-il Dieu ? Phileas répondit ; IÎ
a été crucifié pour notre falut : il fçavoit qu’il le devoit
être , & qu’il devoit fouffrir des affrons, & il s’eft livré
à toutes ces fouflfrances pour nous. Car tout cela avoit
été prédit de lui par les faintes écritures, que les Juifs
croient avoir, & ne les ont pas ; vienne qui voudra voir
s’il n’eft pas ainfi.
Culcien dit : Souviens-toi que j’ai épargné ton honneur.
Car j’aurois pû te maltraiter dans ta ville , & je
ne l’ai pas fait. Phileas répondit : Je vous en remercie,
mais faites-moi la grâce entiere. Que defires-tu , dit
Culcien 5 Phileas répondit : Suivez votre humeur, faites
ce qui vous eft commandé. Culcien dit : Veux tu
ainfi mourir fans fujet ? Non pas fans fujet, dit Phileas
, mais pour Dieu & pour la vérité. Culcien dit1 i
Paul étoit-il Dieu ?• Non , répondit Phileas. Qu’étoit-il
donc ? dit Culcien. Phileas répo'ndit : Un homme fem-
blable à nous ; mais le Sainc-Efprit étoit en lu i , 8e pat
la vertu du Siir.t-Efpnt il bufoit des miracles. Culcien
dit : Je te donne en grâce à ton frere. Phileas répondit::
Faites-moi la grâce entiere ,:fuivez votre paillon , 8c