
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
étoit prêt à manger avec fes difciples, fe reffouvenant
de la nourriture ipintuelle, il s’en abftenoit &c seloi-
gnoit d’eux. Ainfi il mangeoit d ordinaire feul ; ne
laiffoit pas de manger fouvent avec fes frères, lot'fqu ils
l ’en prioient ; afin de pouvoir avec plus de liberté leur
tenir des difeours utiles. Il difoitqu îlfaut plutôt donner
tous nos foins à l ame qu’au corps ; que nous ne devons
accorder au corps que fort peu de temps, par ne-
ceffiré ; & tout emploïer à l’utilité de l’ame, afin qu elle
ne foit pas entraînée par les plaifirs du corps, & qu au
contraire elle le réduite en fervitude. Telles étoient les
maximes de S. Antoine,
xx. La perfécution du cefar Maximin fut cruelle en
cappadocc!°saiac Cappadoce comme dans le refte de l’Orient, Il fe pi-
Theodqre. ic ¿ e paroî tre plus zelé pour l’idolâtrie , que les au-
° " f. très princes, & ils paroiifoient humains au prix de
lui. Plufieurs martyrs combattirent jufques a la mort ;
plufieurs en aïant été fort proche , furent confervez,
pour être l’exemple des autres. Il y en eut qui s’enfuirent
; entr’autre le pere & la mere de Bafile , pere du
grand S. Bafile depuis évêque de Cefarée. Ilsfçavoient
la re-rle du martyre 5 qui étoit de ne point aller au combat
volontairement, pour épargner & les perfécuteurs
& les chrétiens foibles, mais de ne pas reculer, quand
on étoit en prefence. Ils fe retirèrent donc dans les fo rêts
de Pont avec très-peu de doroeftiques, & y menèrent
une vie très-rude pendant fept ans, ceft-a-dire
depuis l’an 306. jufques à l’an 313. & la fin de la perfécution.
Ils étoient riches & accoutumez à une vie différente
de celle qu’ils paiïoient dans ces bois inhabi-
tez ; loin de leurs amis, expofez aux injures du temps,
réduits aune nourriture très-chetive. Ilsprierent Dieu
de les foulager, comme il avoir fecouru fon peuple dans
le
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envoïa quantité de cerfs,
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le defert : & auffi-tôt il leur
dont ils prirent autant qu’ils voulurent.
A Amaiie métropole du Pont, on prit Théodore
pauvre & nouveau foldat venu d’Orient, qui étoit là
avec fa légion en quartier d’hiver .Il fut prefen té au gouverneur
au tribun enfemble, qui lui demandèrent
pourquoi il n’obéiifoit pas aux empereurs. Il répondit:
Je neconnois pointles dieux : mon Dieu eft J .C .le f i l s
unique de Dieu. Frappez, déchirez, brûlez-moi, coupez
moi la langue, fi mes paroles vous choquent. Un
ioldat des premiers rangs voulut fe mocquerde cetteré-
p on fe , & dit : Quoi donc, Théodore, ton Dieu a- t’il
un fils ? Eft-il fujet à l’amour & aux pallions comme les
hommes ? Non , répondit-il, mon Dieu n’eft point fujet
aux pallions, & toutefois jereconnois qu’il a un fils
dont la naiifance eft digne de lui. Mais to i, n’as-tu pas
de honte d’adorer une déeffe comme une femme mere
de douze enfans ? C ’étoit Cy bele la mere des dieux,que
l’on adoroit à Arnafie. On donna àTheodoredu temps
pour délibérer; & pendant cet intervalle, pouffé d’un
zele extraordinaire, il brûla le temple de Cybele bâti
fur le bord du fleuve. Il ne s’en cacha point,& étant de
nouveau prefenté devant les juges il le confeffa,fans attendre
qu’on l’interrogeât. Ils ne laifferent pas de le flatter,
& de lui promettre de l’élever au deffus de la baffe
ffe de fanaiffance, & de lui donner la dignité de pontife.
Il s’en mocqua ; difant, qu’ il eftimoirles pontifes
les plus malheureux de tous Les idolâtres, comme étant
les plus criminels.
Alors ils le firent pendre au chevalet & tourmenter
cruellement ; mais il nedifoit que ce verfetdupfeaume:
Je bénirai Dieu en tout temps; fa loüange fera toujours
ma bouche. On le mit en prifon, où la nuit on en-
Tome I I , A a a a
Greg. Nyjf. or fit,
in The.
A fta fine, p . J l l .
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