
i o 8 ¡ H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q û ë .
lui demandois pourquoi il l’avoit fait , il me répondis
comme pour me fatisfaire , qu’il avoit voulu orner 8c
corriger notre difpute. Voyez quelle correction. C ’eft
ainfi que Marcion ou Appelles fon fucceffeur, ont corrigé
les évangiles 8c S. Paul. Il ajoucoic : A Ephefe un
certain heretique m’ayant vû 8c n’ayant vou lu, je ne fai
pourquoi, ni conférer avec m o i, ni même ouvrir la bouche
en ma prefence ; écrivit enfuite une Gonference telle
qu’il lui p lu t, fous ion nom & fous le m ien , & l’envoya
à fes difciples à Rome,comme je l’ai appris ; 8c j*e ne doute
pas qu’il ne l’ait envoyée aulii à ceux-des autres lieuxi
Il m’infultoit même à Antioche avant que j ’y vinfTe, en
faifant courir fa prétendue conférence ; mais quand j ’y
fu s , je le convainquis en prefence de plufieurs témoins :
& comme il perfiftoit dans fon impudence, je demandai
que l’on reprefentâc l’é c r it , afin que mon crime fus
connu par les freres , qui connoilfoient mon ftile 8c ma
d o ttr in e ;-iln’ofa montrer le livre, 8c fa faulfeté fut convaincue.
Ainfi parloir Origene. Mais enfin lès ouvrages
demeurèrent infeêèez de plufieurs erreurs* tant de celles
qu'il avoitpropofées en doutant, que de celles que les
heretiquej y avoient malicieufement inférées, 8c ces
erreurs trouvèrent plufieurs feôVateurs à caufe de la
grande réputation de la dottrine 8c de la vertu de l’auteur
, 8c cauferent dans les fiecles fuivans de grands
troubles dans l’églife.
Origene s'étant retiré en Paleftine , paffa quelque
tems à Jerufalem, où il vifita les faints lieux ; mais fon
principal féjourfutà C e fa ré e , p rè sd e l’évêqueTheoc-
tifte : qui auffi bien qu’Alexandre de Jerufalem , lui
donna toujours à lurfcul la charge d’expliquer l’écriture
fain te , 8c d’enfeignerla doâ-rine de l’églife. Il eut alors
un grand nombre de d ifc ip le s , qui des pars les plus
L i v r e c’ ï N q j j i e * m io ?
éloignez vénoient en Judée exprès pour l’entendré. Fir-
milien évêque de Cefarée en Cappadoce, étoit célébré
deilors 5 il aVoit une celle affeêtion pour Origen e, qu’il
le pria quelquefois de venir chez lu i , pour l’utilité des
églifes, ôc quelquefois il v in t le trouver en Ju d é e , 8c
paffa quelque tems avec lu i, pour s’inftruire de plus en
plus des chofes divines.
Mais de tousles difciples qu’eut Orîgenependant ce
féjouren P a le ftin e ,le plusilluftrefutTheodoredepuis
nommé Grégoire, 8c furnommé Thaumaturge, c’eft-
à-dire, faifeur de miracles, il étoit deNeocefarée dans le
Pont, né deparens nobles 8c riches ; mais d’un pere
payen : il le perdit à quatorze ans ; 8c dès-lors il com-
mençaà avoir quelque connoiffance de la vraie religion.
Sa mere lui fit étudier la rethorique, 8c il y réüffit
tellement que l’on jugeoit qu'il feroit un des grands orateurs
de fon rems ; il eut auffi un maître pour la langue
latine, necefTaireàceux qui pouvoient afpirer aux charges.
Ce maître qui favoit le droit Romain l’excita à l’é-
îudier,8cluien donna les eommencemens 5 pour s’y perfectionner
on lui confeilla d’aller à Bery te en Phenicie,
où étoit alors une école célébré des loix Romaines, 8c il
fe propofa de pafler jufques à Rome.
Cependant le gouverneur de Paleftine avoit emmené
avec lui le beau-frere de Théodore mari de fafoeur,
pour fe fervir de fes confeils -, comme il étoit ordinaire
aux magiftrats Romains , d’avoir auprès d’eux d e s Ju -
rifconiultes qui les foulageoient dans les fonctions de
leurs charges. Cet homme ne pouvant v iv re long-
terns feparé de fa femme , obtint du gouverneur des
lettres pour la faire venir aux dépens du public. Il vint
donc un officier à N eocefarée, avec les ordres neceflai-
res pour lui faire faire ce voyage 8c à plufieurs per-
JEuf Vf, 17 .
ibid* ff. 30,
G y
eg. Mß. vita
Th mm•
Greg. Th mm.in
Orig. p. ss.
Creg.Thmm*ib.