les courants de l’Euripe sont réglés à 4 changements de direction pan
jour synodique, ils sont dus à l'influence prédominante des marées
luni-solaires ; cela a lieu surtout aux .époques de syzygie. Quand ils
sont déréglés, se sont les seichès du détroit de Talante, seiches
uninodales, binodales ou plurinodales, suivant les circonstances, qui
prédominent ; cela a lieu surtout aux époques des quadratures.
CAUSES DES SEICHES
Considérations générales sur les causes des seiches.
J’ai exposé, dans le premier paragraphe de ce chapitre, les différentes
théories proposées pour expliquer le phénomène des seiches.
Fatio de Duillier les attribuait à l’arrêt des eaux du Rhône sur le
Banc-du-Travers, près de Genève, par les coups de vent du Midi.
Addison et Jallabert y voyaient l’effet- des crues subites des rivières ;
le premier reconnaissait « une espèce de flux et reflux causé par la
fonte des neiges qui y tombent l’après-midi en plus grande quantité
qu’en d’autres heures du jour; » pour le second, « les eaux du Rhône
(au Bouveret). s’élèvent sur les rives, de part et d’autre, retombent
ensuite par leur propre poids devenu supérieur à l’action des eaux
du Rhône contre elles, et reprennent le niveau du reste du lac ;
comme l'impétuosité du Rhône ainsi enflé subsiste un certain temps,
il doit résulter de son action sur les eaux du lac, et de la réaction de
celles-ci, un flux et reflux qui se succèdent à peu près comme les
allées et venues d’un pendule. » Une explication analogue rend
compte, d’après Jallabert, de la production des seiches à Genève par
l’action des crues de l’Arve. Bertrand supposait que des nuées électriques
peuvent attirer ou soulever les eaux du lac. H.-B. de Saussure
admettait que des variations promptes et locales de la pesanteur de
l’air peuvent produire des flux et reflux momentanés en occasionnant
des pressions inégales sur les différentes parties du lac: Vaucher se
rangeait à cette dernière opinion et la développait en l’appuyant sur
de très ingénieuses considérations et d’excellentes observations.
Arago, enfin, après avoir établi que les seiches peuvent avoir des
causes diverses, signalait dans la mer des oscillations analogues aux
seiches et coïncidant avec des tremblements de terre. (*)
Je crois les idées de Bertrand, Saussure, Vaücher et Arago, exactes.
Mais comme, depuis la publication du mémoire de Vaucher, le seul
auteur qui ait traité cette question avec un peu de développements,
nos théories sur les seiches se sont sensiblement modifiées par l’introduction
de la notion du mouvement oscillatoire régulier et rythmique
de l’eau, il y a lieu de reprendre la question et de l’appuyer sur des
considérations nouvelles. Il y a, du reste, d’autres causes possibles et
probables, non indiquées par les auteurs, et nous aurons à exposer et
à développer ces nouvelles hypothèses. •
Nous regardons les seiches comme étant des vagues d’oscillation
fixe de l’eau qui balance suivant les diamètres principaux du lac.
Or, si nous voulons mettre en mouvement de balancement l’eau
d’une cuvette, nous y arrivons par deux procédés diflérents : ou bien
en laissant le bassin immobile, et en donnant un choc à l’eau elte-
même, ou bien en nous attaquant au bassin et en lui imprimant un
choc convenable. De même pour les plus grandes masses d’eau de
nos lacs elles peuvent être mises en mouvement par une secousse
communiquée directement à l’eau, ou bien par une secousse du bassin
même du lac dont l’ébranlement se transmet à l’eau.
Les actions qui peuvent donner directement à l’eau l’impulsion
génératrice d’un mouvement de balancement doivent être cherchées
dans l’atmosphère : variations de la pression, rupture de l’attraction
électrique, coup de vent, etc., etc. Les actions qui ébranlent le bassin
du lac et qui ne transmettent qu’indirectement le mouvement à l’eàu
sont les secousses de tremblement de terre.
Pour éviter un double développement des mêmes points et pour
simplifier la description, je réunis dans les paragraphes suivants la
critique théorique et la discussion expérimentale des divers faits qui
se rapportent à ces deux ordres d’action.
Mais avant d’entrer en matière, j’insiste sur un point qui est trop
souvent négligé ou mal compris, c’est que, comme l’a très bien dit
Arago, il n’y a pas nécessairement une seule cause des sei-
(') F. Arago, Sur les phénomènes de la Mer. OE u v r e s c omp l è t e s , IX, 580
Paris, 1857.