très important, car il est caractéristique de la vague de balancement
comme nous l’avons vu dans un paragraphe précédent. Mais il n’est
pas facile à constater sur les seiches du Léman ; la décroissance y est
si faible qu’elle échappe le plus souvent à l’observation. Dans certains
cas cette décroissance paraît évidente, et on voit une série de seiches
présenter une diminution très marquée de hauteur. Ainsi, dans
notre figure 59, de 19h à 20", les seiches de Morges, du 19 avril 1876,
ont passé de 5 à 3cm de hauteur ; et dans la figure 60, on voit les seiches
décroître de hauteur le 24 avril 1879, de 17" à 18 ViS Pu's de
18 3/i à 19 S / j etc. Mais ce n’est là qu’une illusion ; en réalité, la décroissance
est beaucoup plus lente ; ce n’est qu’une illusion provenant
d’une variation périodique dans la hauteur des oscillations d’une
même série de seiches. Nous le prouverons en analysant la plus belle
série que nous connaissions, celle qui a débuté le 26 mars 1891, et
dont nous avons pu étudier, grâce à l’obligeance de M. Ph. Planta-
mour, les tracés dessinés par le limnagraphe, de Sécherôn.
Cette magnifique série de seiches de 73rahl a commencé brusquement
le 26 mars, à 211*. Auparavant, le lac présentait des seiches irrégulières
de 6 à 8rm de hauteur ; trois oscillations, croissantes de 16 à
20cm, amenèrent le 27 mars, à 1", à une hauteur de seiches de 23e"1.
Ces oscillations continuèrent régulièrement pendant 7 i/3 jours, toujours
simples, parfois d’une régularité parfaite; la série s’est terminée
le 3 avril, à 14h, par l’apparition de seiches dicrotes. Pendant les 180
heures de ces 7 1 1 journées, la série de seiches a présenté des variations
de hauteur. Si je mesure individuellement chaque seiche, en
prenant la différence entre la seiche haute et la seiche basse, si je groupe
ces hauteurs par vingtaines, j’obtiens :
Seiches de la l ie à la 20e hauteur moyenne 167mm
21e — 40« „ . Jj-K 198
41« — 60« - - - 163
61« 11180« V i - r i r i ' 169
81e | | - 100« 153
101e 120e — 109
121« - -140« ' - 81
141e —145° I —- I 70
D’après ces chiffres, la décroissance régulière n’a commencé qu’à
partir de la 60® seiche ; jusqu’alors il. y avait tantôt augmentation, tantôt
diminution de la hauteur des seiches ; la moyenne de la 2e vingtaine
est supérieure à celle de la 1'«, la 4« à la 3«. Il y a variation périodique
dans la hauteur des seiches du début de cette série; cette périodicité
serait-elle régulière1? Pour répondre à cette question, j’ai compensé
d’une manière convenable (') les inégalités individuelles des
seiches consécutives, et j’ai obtenu pour les hauteurs relatives une
courbe dont voici les maximums et les minimums :
Maximums. Minimums.
4« seiche 27 mars 011 2031111,1 17« seiche 27 mars 17'* 148'
23« 28 — 6" 200 26« — 28 — A" 184
33« - — — 12" 214 39« — ; — - — . 20" 187
43«' — y 29 0" 191 54« ri— 29 — 14" .150
67« ■ 30 — 611 179 71« §1111 30 — 11" 161
74« —v m — 15'* 176 77e 19" 166
79 * r 211> 171 125e 2 avril 7" 78
129« — 2 avril 12'* 84 143« H 3 B p 6" 70
Il n’y a évidemment aucune régularité dans' ces variations.
Toujours estril que dans la seconde moitié de la série, à partir de la
60e seiche, ou mieux à partir de la 80«, la décroissance devient régulière.
C’est ce dont je donnerai une idée en réduisant dans ma planche
VI, p. 113, le tracé original du limnographe de Sécherôn, de la 83e à la
147e seiche* en conservant aux dénivellations leur hauteur naturelle,
mais en réduisant la vitesse de l’enregistrement à 3m,n par heure.
Sur cette planche, on voit clairement la décroissance .de hauteur
dans la série des seiches, elle est incontestable ; mais on voit aussi
que cette décroissancè présente elle-même certaines irrégularités
Je comparerai ces allures à celles d’un pendule qui a reçu une impulsion
trop brutale, ou de direction oblique à son plan de suspension ;
il oscille un peu irrégulièrement pendant un certain temps ; ses battements
sont bien réguliers dans leur durée, mais non dans leur amplitude;
puis tout se régularise, et il présente ensuite une série d’oscillations
d’amplitude décroissante jusqu’à zéro. Les seiches sont des
mouvements pendulaires, et leurs allures sont celles d’un pendule.
J’ai cherché, en tenant compte du taux de la décroissance constatée
dans cette série de seiches du 26 mars au 3 avril 1891, combien
d oscillations elle aurait encore présenté s’il n’était pas survenu, à la
148e seiche, la nouvelle série de seiches dicrotes qui l’a interrompue.